Sarkozy/BCE: des initiatives sans agir sur l’indépendance

SarkozybarrosoSigne d’assouplissement chez le nouveau Président français ? L’exercice du pouvoir s’avérerait-il plus complexe qu’un jeu de lutte entre candidats, étant soumis à la pression externe ?

Nicolas Sarkozy a assuré mercredi qu’il ne voulait pas remettre en cause l’indépendance de la BCE (Banque centrale européenne), mais qu’il « prendrait des initiatives » pour doter la zone euro d’un véritable gouvernement économique. Certes des initiatives, Nicolas Sarkozy a déjà démontré qu’il savait en prendre, mais il n’est pas tout seul …

« Notre souci de doter l’Eurogroupe d’un véritable gouvernement est pour nous une priorité. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’indépendance de la BCE », a-t-il affirmé dans un point presse avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Le renforcement de l’Eurogroupe, l’instance qui regroupe les ministres des Finances des pays de la zone euro, est un thème récurrent pour contrebalancer le pouvoir de la Banque centrale européenne (BCE), accusée de se soucier exclusivement de la lutte contre l’inflation et non de la croissance ou du chômage.

M. Sarkozy avait auparavant partagé ses idées avec le Premier ministre belge Guy Verhofstadt. Selon ce dernier, les deux hommes se seraient mis d’accord sur l’idée d’avoir un gouvernement économique pour la zone euro. « C’est un des chantiers qu’il faut réaliser le plus vite possible, à côté naturellement d’un accord sur le traité constitutionnel », a pour sa part affirmé le Premier ministre belge.

« Nous prendrons des initiatives le moment venu », a également précisé Nicolas sarkozy, sans vouloir les dévoiler tant que le problème du nouveau traité européen qui doit remplacer la Constitution rejetée en 2005 par les Français et les Néerlandais ne sera pas réglé. « J’ai une idée d’une initiative et d’un calendrier mais ce serait pas raisonnable de l’annoncer et de le dire avant un sommet européen déjà très chargé » les 21 et 22 juin, a-t-il ajouté.

« Je n’ai jamais contesté l’indépendance de la BCE, mais il n’y a pas que les banquiers qui ont une idée sur la politique monétaire », a-t-il fait remarquer. « Je conteste l’idée que, parce qu’on est ministre, on n’ait pas le droit d’en parler », a-t-il ajouté. Il a souligné qu’au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Chine et au Japon, les banquiers centraux entretenaient des contacts fréquents avec les dirigeants politiques.

Espèrons que ces propos que certains pourraient juger assez peu diplomates ne soient pas mal perçus de part et d’autre, ce qui ne constituerait pas une première. En effet, dès le lendemain de son élection, face aux propos de Nicolas Sarkozy, réitérés maintes fois, allant à l’encontre de la politique de la Banque Centrale Européenne, des ministres européens des Finances avaient mis en garde le nouveau chef de l’Etat français contre la tentation d’exercer des pressions sur la BCE, insistant au contraire sur l’indépendance de l’institut d’émission.

François Fillon, alors « simple » conseiller politique de Nicolas Sarkozy, avait annoncé quelques jours auparavant que le candidat UMP à l’élection présidentielle avait « compris qu’il n’était pas raisonnable de demander la réforme de la BCE » .. tout en demandant que cette dernière examine la situation.

Interrogé par ailleurs sur le respect par la France de ses engagements à moyen terme de réduction des déficits publics et de l’endettement, élément central de la gouvernance de la zone euro, le président français n’a pas levé l’ambiguïté sur le calendrier. « La France sera au rendez-vous de la réduction des déficits » mais « je demande à être jugé à la fin de mon quinquennat« , a-t-il dit, en plaidant pour une « conception dynamique de la politique économique » qui donne la priorité à une croissance plus forte.

Annonçant « un choc économique et fiscal pour que la France parte à la conquête de ce un pour cent supplémentaire de croissance« , qui lui fait défaut depuis si longtemps, M. Sarkozy a fait référence au « document économique et fiscal » que son nouveau gouvernement devrait soumettre aux parlementaires lors de la session extraordinaire qui suivra les élections législatives de la fin juin en France.

Source : AFP

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(4 commentaires)

  1. Quand il était ministre des finances Sarkozy était souvent absent aux réunions de l’Eurogroupe (L’ASSEMBLEE économique des ministres des états de l’Euro) !
    Alors ses discours … quand on déserte au bénéfice des anglos-saxons qui n’en rêvaient pas tant…

  2. merci pour l’info
    sarkozy fait certes de beaux discours , mais ensuite .. ?
    mais finalement , nous ne plaignons pas, ca vaut peut etre mieux ainsi 😉

  3. BCE contre l’inflation ? C’est relatif :
    « … Durant le règne du premier président de la Banque européenne, Wim Duisenberg, les enchères de liquidités atteignaient en moyenne 4,6 milliards d’euros. Depuis que Trichet a pris les rênes, le 1er novembre 2003, le montant a plus que triplé.
    De plus, après la crise des marchés du crédit l’été dernier, Trichet a accéléré le rythme des enchères ; elles atteignent désormais 7,8 par mois en moyenne, contre 5,5 durant les huit années précédentes. La valeur moyenne de chaque vente, pendant ce temps, est passée à 136 milliards d’euros, contre 130 milliards entre 1999 et 2007.
    Ce flot de liquidités à court terme a peut-être fourni des bénéfices de long terme aux marchés du crédit mondiaux. Mais ces sparadraps ne sont pas gratuits. Dans la mesure où ils font gonfler la masse monétaire, ils peuvent également déchaîner les ravages de l’inflation… et c’est précisément ce qui commence à se passer … »
     » … Cependant, depuis que l’euro est né, début 2000, la véritable croissance de la masse monétaire en Europe occidentale a dépassé la « valeur de référence » de plus d’un tiers.
    Et actuellement, la quantité d’euros en circulation — tant physique que digitale — augmente deux fois et demie plus rapidement que la prescription initiale de la BCE, ramenant la Zone euro à l’inflation du crédit galopante de la fin des années 70.  »
    Extraits de La Chronique Agora : J.C. Trichet et l’euro : une histoire d’inflation… par Adrian Ash

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