La Pologne veut s’affranchir de Poutine et du gaz russe

Putingasc1769_img La Pologne met désormais les bouchées doubles pour s’affranchir de Poutine et de ses approvisionnements en gaz russe.

Si Varsovie freine actuellement des quatre fers la construction du gazoduc sous la Baltique, un sommet énergétique réunissant la Pologne, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l‘Ukraine aura lieu en Pologne au mois de mai prochain, a fait savoir mercredi le président polonais.

A noter également que la Pologne accepté d’ouvrir des négociations sur le choix d’un site permettant d’installer le système de défense  antimissile américain. Le gazier polonais PGNiG vient pour sa part d’acheter trois permis d’exploitation en Norvège.

I – Un sommet énergétique en Pologne

Un sommet énergétique réunissant la Pologne, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Ukraine aura lieu en Pologne au mois de mai prochain, a fait savoir mercredi lors d’une conférence de presse dans la ville de Plock le président polonais Lech Kaczynski. M. Kaczynski a rencontré le président ukrainien Viktor Iouchtchenko à Plock où se trouve le siège social du plus grand groupe pétrolier polonais PKN Orlen. Les deux hommes ont discuté de la sécurité énergétique et de la situation politique intérieure en Ukraine.

La prolongation de l’oléoduc Odessa-Brody jusqu’à Plock a été l’un des sujets essentiels de cet entretien, ce projet étant évalué à 500 millions d’euros.

Lors de sa conférence de presse, le président Kaczynski a qualifié l’Ukraine de « partenaire et allié stratégique » de la Pologne. De son côté, le président ukrainien Viktor Iouchtchenko s’est félicité du caractère « productif » du dialogue entre Kiev et Varsovie, tout en réaffirmant la volonté de l’Ukraine de mettre en oeuvre le projet de prolongation de l’oléoduc Odessa-Brody jusqu’à Plock.

En février dernier, le ministère kazakh de l’Energie a annoncé qu’Astana et Varsovie se proposaient de créer un groupe de travail pour étudier la possibilité de transporter le pétrole kazakh via cet oléoduc. Le service de presse du président polonais a par ailleurs indiqué que Lech Kaczynski envisage de se rendre en visite au Kazakhstan à la fin du mois de mars.

II – Le polonais PGNiG achète des permis d’exploitation en Norvège

Le gazier polonais PGNiG a annoncé en début du mois le rachat conditionnel à ExxonMobil de 15% des parts dans trois permis d’exploitation de gaz en Mer de Norvège, pour 360 millions de dollars.

Les gisements se trouvent en Mer de Norvège, à environ 200 kilomètres à l’ouest de Sandnessjoen, à la profondeur de 300 à 400 mètres.

La capacité globale des gisements dans lesquels PGNiG a acquis des parts est estimée à environ 35,8 milliards de m3 de gaz et 18,3 millions de m3 de pétrole. Le lancement de l’extraction de gaz et de pétrole est prévu à la mi-2011. Les investissements prévus par PGNiG s’élèveront à environ 600 millions de dollars.

Le contrat entre PGNiG et ExxonMobil nécessite encore l’aval des ministères norvégiens de l’énergie et des finances. « C’est un grand pas en avant dans le processus très important de diversification des fournitures » de gaz et de pétrole, s’est félicité devant la presse le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski.

Mises à mal par les coupures récentes des livraisons de gaz russe à la Biélorussie, la Pologne dépendant pour environ 42% de sa consommation de la Russie, les autorités polonaises misent sur une diversification de ses sources tout en prônant au sein de l’Union européenne une action collective et coordonnée dans le domaine de la sécurité énergétique.

Le vice-ministre de l’économie Piotr Naimski a rappelé jeudi que la Pologne était en train de construire un terminal maritime de gaz liquéfié à Swinoujscie (nord-ouest), et qu’elle était en train de travailler avec le Danemark et la Norvège sur un projet de gazoduc reliant le territoire polonais aux gisements de la Mer du Nord.

En janvier, Varsovie avait annoncé le lancement de négociations avec l’Algérie sur d’éventuelles livraisons du gaz liquéfié algérien.

III – Le projet de gazoduc sous la mer Baltique suspendu

Le ministre des Affaires étrangères suédois, Carl Bildt, a déclaré fin février que les pays nordiques ne donneront pas leur accord à la construction d’un gazoduc germano-russe sous la mer Baltique tant que des études environnementales ne seront pas réalisées.

« Je sais que cela peut prendre du temps. De notre point de vue, cela doit prendre tout le temps qu’il faudra », a indiqué Carl Bildt lors d’une conférence de presse commune avec son homologue polonaise, Anna Fotyga. Pour rappel, la Pologne s’oppose fermement à la construction de ce gazoduc de 1.200 kilomètres qui transportera sous la Baltique le gaz russe vers l’Allemagne… et qui permettrait plus facilement à la Russie de bloquer ses livraisons de gaz vers la Pologne sans impacter les autres pays européens.

Du fait du passage du gazoduc par leurs eaux territoriales, la Suède, la Finlande et le Danemark se sentent très concernés par les « responsabilités environnementales » encourues par la mer Baltique, selon le ministre suédois. Interrogé sur la date à laquelle la Suède et ses voisins allaient prendre une décision, le ministre a répondu : « Tout dépend dans quelle mesure le consortium (qui construit le gazoduc) répondra aux différentes questions ».
L’agence suédoise de protection de l’environnement a sommé le consortium Nord Stream, composé de Gazprom, BASF et E.ON, de réaliser des tests sur l’impact du gazoduc sur la faune marine.
La Lettonie a également recommandé une autre étude sur le gazoduc, en particulier pour apaiser les craintes concernant les armes chimiques déversées dans la mer par les soviétiques lors de la Seconde guerre mondiale. Le consortium devrait rendre son rapport sur les conséquences de la construction du gazoduc sur l’environnement en automne prochain.

IV – La Pologne accepte d’ouvrir des négociations sur l’installation de l’ABM sur son territoire

Des responsables du gouvernement polonais ont fait savoir que  Varsovie avait officiellement informé Washington de son intention  d’ouvrir des négociations sur la possibilité concernant le choix  d’un site consacré à l’installation du système de défense  antimissile américain en Pologne

A la mi-février, le ministère polonais des Affaires étrangères a  publié un communiqué indiquant qu’il avait remis une note  diplomatique sur cette question à l’ambassade américaine à  Varsovie. 

Selon le communiqué, tout accord susceptible d’être conclu  entre les deux pays sur ce dossier doit contribuer au renforcement de la sécurité de la Pologne et des Etats-Unis ainsi que celle de  la communauté internationale. Merci de ne pas en douter.

Pour rappe, les Etats-Unis comptent installer 10 missiles intercepteurs en  Pologne et une base de radar en République tchèque dans le cadre  de leur projet de défense antimissile en Europe. Cette décision de Washington a provoqué – comme on pouvait s’en douter – de violentes critiques  de Moscou.

Sources : AFP, Ria Novosti, Xinhua

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(4 commentaires)

  1. Merci Elisabeth pour cet article.
    Pas trop le temps cette semaine de suivre l’actu, vivement ce week-end !
    une info quand même 🙂
    Selon Itar-Tass, de sources diplomatiques, la pologne cherche l’appui financier de l’UE pour la construction d’un gazoduc en asie centrale vers l’ouest en évitant bien sur la russie. Nabucco non ?

  2. A suivre aussi Chavez et Morales sur une Opep du gaz de l’Amérique Latine
    mais désaccord entre eux
    sur Nabucco, je vérifie

  3. La Pologne et les Etats-Unis signent un accord sur le partage des renseignements
    publié le vendredi 9 mars 2007
    La Pologne et les Etats-Unis ont signé jeudi un accord sur un plus large partage des renseignements militaires confidentiels, a rapporté l

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