2007 : les sociétés françaises créeront de l’emploi … hors de France

People_world Hasard de l’actualité ou signe des temps ?

Si je me faisais l’écho hier de l’intérêt grandissant des sociétés françaises et de la Tunisie pour délocaliser les activités exercées jusqu’à présent par des salariés de l’hexagone hors du territoire français, une étude à paraître mercredi dans l’Expansion établit que les grandes entreprises françaises prévoient d’augmenter davantage leurs effectifs l’an prochain dans leurs filiales étrangères qu’en France.

Certes, ce n’est pas à proprement parler de la délocalisation, mais somme toute, cela y ressemble…

Selon cette enquête, réalisée par l’Expansion et le cabinet Manage Yourself à partir de questionnaires renvoyés par 41 dirigeants des plus importantes entreprises françaises (cotées ou non cotées), ces dernières sont de plus en plus tournées vers l’étranger, aussi bien en termes d’effectifs que d’investissements.

Ainsi 53% des sondés attendent une hausse du nombre de leurs salariés en 2007 à l’étranger (32% stable, 15% en baisse) contre seulement 15% en France (69% stables, 15% en baisse). En matière d’investissements, 84% les voient en hausse à l’étranger contre 38% en hausse en France. Même tendance pour l’activité (84% la prévoient en hausse à l’étranger contre 62% en France) et la rentabilité (69% tablent sur une progression à l’étranger et 47% sur une hausse en France).

Mais lassées d’être accusées de pratiquer l’« évasion sociale », les multinationales ont demandé récemment au gouvernement des simplifications administratives. Après la polémique entre le groupe pétrolier Total et la Sécurité sociale à propos de cadres étrangers employés en France mais affiliés en Suisse, les grandes entreprises organisent en effet leur défense.

Alors qu’on leur reproche de contourner les règles sociales, elles dénoncent le « raidissement des pratiques administratives » dans une note adressée en novembre 2006 à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), chargée de rédiger un rapport sur la mobilité internationale à l’intérieur des filiales d’un même groupe.

Environ 10.000 cadres étrangers seraient concernés par ce phénomène en expansion. Non seulement des ressortissants d’Amérique du Nord et de l’UE, mais également de plus en plus de personnes originaires de pays asiatiques (Chine, Inde, Malaisie,… ). Certains, « expatriés » en France pour plusieurs années, dépendent du régime français de sécurité sociale ; d’autres, considérés comme « détachés » pour un temps limité, restent rattachés à leur pays d’origine, à condition qu’un accord existe avec ce pays.

Le Cercle Magellan, dédié aux questions de mobilité, et l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe 85 des plus grandes entreprises, pointent du doigt la lenteur des procédures et le cloisonnement des administrations. Ces groupes de pression font valoir que le manque d’attractivité de la France pourrait provoquer le départ des quartiers généraux de groupes français ou de filiales de groupes étrangers.

Parmi les aménagements souhaités, les employeurs demandent qu’en cas d’accord de l’administration du travail l’autorisation de la Sécurité sociale soit automatique à partir du moment où le salarié bénéficie d’une couverture sociale intéressante dans son pays d’origine. Ils jugent « non significatif » le manque à gagner pour la Sécurité sociale française, dans la mesure où les salariés détachés et leur famille sont exclus du bénéfice des prestations.

Par ailleurs, les grandes entreprises appellent l’administration du travail à assouplir son interprétation des conditions du détachement à l’égard des salariés mutés à l’intérieur d’un même groupe. Et d’insister sur les différences entre cette pratique et celle de la prestation de services (accord conclu entre deux entreprises distinctes), très développée dans le bâtiment, par exemple, et connue pour ses dérives (dumping social).

Sources : AFP, les Echos

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