Le groupe de défense britannique BAE Systems a recommandé mercredi à ses actionnaires de voter la vente à EADS de ses 20% dans l’avionneur européen Airbus pour 2,75 milliards d’euros, soulignant « les perspectives difficiles » du constructeur aéronautique.
Le prix correspond à celui qui avait été recommandé en juillet par Rothschild.
Quelle vélocité tout de même pour une entreprise qui jugeait encore dimanche « prématurées » les informations de l’hebdomadaire britannique The Observer selon lesquelles elle vendrait cette semaine sa part dans l’avionneur européen Airbus.
Dans un communiqué publié mercredi en fin d’après-midi à Londres, BAE Systems, annonce « considérer que la vente proposée est dans le meilleur intérêt du groupe et de ses actionnaires dans leur entier ». Le britannique estime en effet « qu’Airbus fait face à des perspectives difficiles à court et moyen terme, notamment en ce qui concerne certains de ses principaux programmes ».
Le conseil d’administration de BAE estime qu’en ne vendant pas à EADS, au prix proposé par Rothschild, dont l’estimation avait pourtant paru basse au marché en juillet, « BAE aurait peut-être à conserver sa part dans Airbus pour une durée prolongée, afin d’être assuré de pouvoir la vendre à un prix significativement supérieur à celui-ci ».
Un porte-parole du groupe a indiqué qu’une assemblée générale extraordinaire d’actionnaires serait convoquée prochainement pour avaliser cette vente. Le vote se fera à la majorité simple, selon lui.
Un porte-parole d’EADS a simplement considéré « qu’on approchait de la phase finale du processus de put-option, et que c’était désormais aux actionnaires de BAE de prendre la décision finale ».
BAE Systems, qui compte faire de nouvelles acquisitions aux Etats-Unis, avait annoncé début avril son intention de vendre sa part d’Airbus à EADS, qui en possède le reste. Il avait exercé son option de vente début juin, quelques jours avant qu’Airbus n’annonce d’importants retards dans le programme de livraison de l’avion géant A380.
Faute d’accord sur le prix entre les parties – Goldman Sachs avait valorisé cette part jusqu’à 6,5 milliards d’euros – la banque d’affaire Rothschild avait été consultée et avait estimé la valeur de cette part à 2,75 milliards d’euros. Ce prix avait été considéré comme bas par le marché. Il semblait néanmoins prendre en compte les annonces mi-juin de retards importants dans la fabrication de l’avion géant A380, aboutissant à un remaniement de la direction d’EADS et Airbus.
EADS avait parallèlement estimé que ces retards lui coûteraient 500 millions d’euros de bénéfice d’exploitation par an entre 2007 et 2010.
Le porte-parole de BAE Systems a souligné que le groupe britannique avait, déjà en 2005, retenu pour ses 20% d’Airbus une valeur comptable de 1,173 milliard de livres, loin déjà du 1,903 md de livres calculé par Rothschild, et encore plus des 2,42 mds de livres (3,5 milliards d’euros) estimés par EADS dans son propre rapport annuel.
Dans son communiqué de mercredi, le britannique ne paraît pas très optimiste sur le retour d’Airbus à meilleure santé, malgré les changements entrepris depuis juin. « Le Conseil d’administration estime qu’il faudra un gros travail de la direction, du temps et des investissements pour régler les problèmes auxquels Airbus fait face actuellement pour améliorer ses performances et ainsi augmenter sa valeur », indique le communiqué.
« Inévitablement, il y a des risques attachés à un tel programme de rétablissement, et au vu de l’audit, le conseil est inquiet des possibles besoins de financement d’Airbus à moyen terme », souligne-t-il.
BAE Systems a indiqué mercredi qu’il retirerait net 1,212 milliard de livres (1,785 milliard d’euros) de la vente, une fois payés les dettes restant à régler avec Airbus et les frais liés à la transaction.
Il compte en reverser 500 millions aux actionnaires via des rachats d’actions sur le marché, éventuellement faire des versements dans ses fonds de pensions, et consacrer le reste à des remboursements d’emprunts et des investissements, et enfin à des acquisitions dans « son coeur de métier », la défense.
BAE Systems, qui aime à se décrire comme « la première entreprise de défense transatlantique » est désormais le septième fournisseur du Pentagone et souhaite encore améliorer son rang. En 2005, il a réalisé 26% de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, 42% au Royaume-Uni et 32% dans le reste du monde.
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