Pourquoi les Anglais quittent nos campagnes ?

Les raisons du départ des Anglais sont nombreuses. Pas seulement celles évoquées par la presse. Nous savons que la télévision anglaise multiplie les reportages sur les anglais désenchantés par leur séjour français, mais c’est une explication superficielle, il y a aussi des motifs purement financiers. J’ai interrogé un agriculteur qui m’a envoyé un mail parce qu’il souhaitait témoigner.

M. Ph. Bonjour. Merci d’avoir pris contact avec moi. Vous souhaitez nous parler des Anglais de votre village…

Agriculteur : Bonjour. Dans mon village, dix familles anglaises se sont installées. Ils ont racheté des biens à des prix jamais vu par ici en Basse-Normandie.

M. Ph. Se sont-ils bien intégré ?

A. Non, ils ont essayé d’imposer leur langue, en demandant que tout soit écrit en deux langues, en français et en anglais, aux guichets des administrations ou dans les commerces, et ont scandalisé la population en ouvrant un presbytère protestant. Ils ont même essayé de tranformer une église en temple à quelque dizaines de km de là. Dans l’ensemble, la population était heureuse d’avoir de nouveau habitants, de voir des enfants et des jeunes arriver, mais contrairement aux autres « arrivants », ceux-là n’ont pas cherché à se franciser.

M. Ph. Y-a-t-il eu des réactions hostiles à leur égard ?

A. Non, mais les jeunes agriculteurs ont beaucoup ralé à cause de la flambée des prix. Déjà qu’ils ont du mal à s’en sortir à cause des crédits à la production, ils ont vu les prix de la pierre atteindre des sommets inacceptables. Nous sommes inquiets pour ceux qui ont cédé et ont acheté. Parfois par dépit, pour ne pas laisser un énième anglais s’emparer d’une maison à un prix encore plus démentiel. Et parce que certains anglais ne viennent jamais et laissent de belles propriétés à l’abandon. Pourquoi ont-ils acheté ? Pour spéculer ? Pour blanchir de l’argent hors de leur pays ? Nul ne le sait, mais ils n’achètent pas que l’immobilier. Des oeuvres d’art, de l’artisanat aux ventes aux enchères, les meubles saisis. Ils paient cash et parfois de façon anonyme, représentés par un tiers aux « ventes à la bougie ».

M. Ph. Pourquoi partent-ils aujourd’hui ?

A. Par manque d’emploi, pour empocher la plue-value, parce que le pays ne s’est pas anglicisé… A cause de l’instinct grégaire, car quand l’un décrète que fianlement la France ce n’est pas si bien l’autre se send ridicule de rester dans un endroit pas top. Une famille a vendu après avoir empoché une plus value de 120%. Ils ont voulu passer qualques années ici le temps de s’enrichir suffisemment pour avoir les moyens d’acheter chez eux.

D’autres vendent car ils sont pris de court par les frais de restauration et d’entretien, notemment par la facture élevée du chauffage. Nous sommes habitués à vivre dans des maisons mal chauffées l’hiver, pas ces Anglais qui s’attendent au comfort d’un appartement douillet.

Nos impôts et taxes leur ont fait peur. L’Etat français touche le gros lot en cas de décès. Chez vous, l’héritier, c’est surtout l’Etat, qui empoche plus de 50% en cas de décès de l’un des époux.

M. Ph. Que vont faire ces familles anglaises, d’après-vous ?

A. Elles sont en train de repartir, comme elles sont venues, c’est-à-dire en suivant l’exemple l’une de l’autre. L’instinct grégaire, vous savez… C’est normal, elles s’échangent leur vécu, leur découverte de nos coutumes, de notre climat, de notre législation et de nos impôts…

M. Ph. Merci pour votre témoignage.

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