« Se loger à Paris et en Ile-de-France est un vrai défi », écrit en préambule de son rapport le sénateur Roger Karoutchi, sénateur des Hauts-de-Seine, Président du Groupe UMP au Conseil Régional d’Ile-de-France et rapporteur du Budget Logement au Sénat.
« Défi si l’on relève des critères d’attribution d’un logement social ; défi si l’on cherche à acquérir un logement », observe le sénateur dans son rapport consacré à l’évolution du prix du Logement en Ile-de-France.
« Pour essayer de maintenir la solvabilité des ménages, les banques ont considérablement allongé la durée des prêts, alors que la part des primo-accédants s’effondre (28% à Paris contre 70% en Lorraine), et que le niveau d’endettement s’accroît très vite. »
Et « aujourd’hui la situation n’est pas périlleuse, elle est critique… » alerte le sénateur. Et même si sa sonnette d’alarme a été entendue, certainement sur notre blog, le prêt à taux zéro a fait un come back critiqué. D’autres mesures inquiètent les Français, nombreux à être évincés du marché.
Alors qu’il y a de plus en plus de « ménages très endettés sur des périodes plus longues », « un risque accru de retournement de tendance » est désormais accentué par la hausse des taux directeurs de la BCE, hausse initiée le 1er décembre 2005 et qui va se poursuivre, mais aussi par « les tensions sur le marché immobilier (…) de plus en plus marquées : allongement de la période pour vendre un bien, plus grande rareté des acquéreurs, marge de négociation sur le prix affiché quasiment nulle début 2004, de 5 à 10% aujourd’hui ».
Composé de 4.510.369 résidences principales, le parc francilien compte près de 2 millions de propriétaires (44%), 2,3 millions de locataires (51%), dont 23% logés en HLM, et 210.000 personnes logées gratuitement. Et si trouver un toit adapté à ses besoins et à ses moyens semblait difficile les années précédentes, « le nombre de biens à vendre ne cesse de croître depuis le début de l’année 2005. La FNAIM en recensait 178 300 en juillet dernier, maisons et appartements confondus, soit un bond de 38% en 12 mois. » Et cela conduit inévitablement à la raréfaction de la demande, à la diminution du nombre de « candidats à l’achat pour un même logement ».
« La course folle des prix semble stoppée fin 2005, et l’atterrissage se traduira, sauf nouvelle baisse, bien improbable, des taux d’intérêt, par un tassement en 2006-2007, et ce, d’autant que les vendeurs inquiets d’être au sommet de la course des prix, accélèrent la mise sur la marché de leurs biens ». « Or on connaît la conséquence du phénomène : la raréfaction des acheteurs entraîne toujours la stagnation des prix de vente, voire leur repli. »
Depuis la parution de ce rapport, les chiffres du T4 2005 se sont avérés peu brillants, les déclarations inquiètes, voire alarmistes, se sont succédées et le repli du nombre de transactions a gonflé les stocks de manière très visible. Les loyers baissent et pour ce qui est des ventes, les chiffres que les professionnels communiquaient, et qui situaient la hausse du prix de m² entre de 70 à 87% depuis la reprise du cycle haussier fin 1998, ont été revus à la hausse, et deux sources très consultées par les Français ont livré le résultat de leurs calculs hier, 8 février 2006 : seloger, considère que les prix ont augmenté de 115%, tandis que l’indicateur bourso PAP situe la montée de la pierre à 107%.
Nous vous avions averti ici même il y a quelques semaines que la hausse était plutôt de l’ordre de 110%, et nos projections se sont hélas avérées justes. Pour conclure, citons encore un passage du rapport du sénateur Karoutchi sur l’évolution du prix du Logement en Ile-de-France, qui nous rappelle à quel point la flambée des dernières années est irrationnelle et déconnectée de la réalité économique du pays, du vécu des Français, de la réalité du terrain.
« Le dynamisme de la demande, surtout au cours de ses dernières années, ne manque pas de surprendre si l’on considère que, dans le même temps, le taux de chômage s’est accru (de 8,9% en 2000 à 10% en janvier 2005) et que la solvabilité des ménages s’est dégradée. Par ailleurs, leur taux d’endettement atteint des niveaux historiquement élevés puisque, selon l’INSEE, celui-ci est passé de 33% du revenu disponible brut en 1980 à 59% en 2003). » Il aurait atteint 64%, voire 69%, un niveau insoutenable. « Ces niveaux sont inquiétants pour le secteur immobilier, comme pour le secteur bancaire ! » souligne à juste titre Roger Karoutchi.
Bonjour à tous,
petite précision cocnernant « les ménages endettés », ne mélangeons pas tout non plus, la hausse des taux annoncée de la BCE dans les prochains mois ne concernent que les acheteurs d’un bien ayant pris le risque d’emprunter à un taux variable pour les autres, je ne vois pas trop le souci.
par contre, ceux qui cherchent actuellement à acheter, les risques seront plus élevés à moins de négocier au maximum le prix de son bien potentiel…
enfin, pour finir, une réflexion, trouver un logement à Paris : c’est la guerre ! Mais comme toute chose en ce bas monde, elle finira un jour… préparons-nous 🙂
Sensible à la perception aigüe et réaliste du sénateur, c’est avec le plus vif intérêt que le blog finance a pris connaissance de ses déclarations.
Adhérant à sa vision, nous voudrions la faire partager au plus grand nombre et je voudrais interviewer le sénateur Karoutchi.
Bonjour Paupiette,
Non, rien n’a été mélangé comme vous dites, le rapport du sénateur Karoutchi a été TRES CLAIR sur ce point.
Mais vous comprendrez que nous ne puissions pas le publier ici dans son intégralité.
Je vous posterai un extrait un peu plus tard.
Cordialement, M Ph
bonjour, dans l’edition de 7h de l’agefi datée de ce matin 10fevrier il y avait un article sur la surévaluation de l’immobilier. J’ai fait un copier/coller de l’article.
Marie: je peux vous envoyer par mail le fichier pdf qui vous pourrez mettre en ligne. Attachez-vous à vos fauteuils, çà fait froid dans le dos.
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Le texte sera posté ici demain.
Bonjour kr,
J’ai DEAJA ECRIT un article sur l’intervention de Christian Boyer, et je suis en train de rédiger une autre intervention d’un homme politique qui sera très remarquée elle aussi.
Envoyez-moi SVP votre fichier, mais je retire votre repost de l’article d’ici demain, car il coupe un peu l’herbe sous les pieds de mon article.
Mon adresse est au-dessus, très cordialement, et à bientôt, n’hésitez pas à m’informer.
Si vous voulez découvrir mon article RDV demain.
Très cordialement, Marie
« Pour essayer de maintenir la solvabilité des ménages, les banques ont considérablement allongé la durée des prêts »
Les banques sont vraiment gentilles ! Quel altruisme ne trouvez vous pas ?
Grâce à elles (en partie), les prix ont pu continuer à flamber !
Du coup, un client se PACS avec sa banque pour une durée de 25 à 30 ans alors qu
Bonjour Jeffoman,
Les banques sont inconscientes, elles ont cherché l’argent facile, mais elles vont trinquer, de concert avec les particuliers en faillite personnelle.
L’Etat va les lâcher. Quelle idée de « fidéliser les clients avec des prêts sur 30 ans » m’a dit Roger Karoutchi dans son interview.
Il a raison, c’est incoscient et malhonnête.
Très cordialement, Marie
P.S. Marie félicitation pour ton BLOG et tes interviews !!!
Merci, merci, je suis très touchée et ravie de voir que les gens me lisent de plus en plus, cela veut dire que le message a une chance de passer. Entre les forums (que j’ai déjà cité ici, dont la bulle-immobilière.org) et les blogs personnels dont celui de Maxime ou tant d’autres, le message est de plus en plus entendu.
Je ferai un article avec la liste des meilleurs blogs, même si certains sont à manier avec précaution (ne sont pas faits de façon scientifique ou sont humoritiques, il en faut bien).
Très cordialement, Marie