Mali : vers un scission AQMI/ Ansar Dine selon l’Algérie

L’Algérie encore et toujours au cœur de la situation actuelle au Sahel.

Samedi, c’est au tour du quotidien  algérien El Watan d’affirmer qu’Ansar Dine, groupe islamiste radical malien, serait prêt à prendre ses distances avec Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Une volonté de s’affranchir d’une stratégie du chaos que les Etats-Unis seraient tentés de mettre en œuvre au Sahel en vue de freiner l’avancée de ses concurrents zélés tels que la major pétrolière française Total ? Qui sait ….

A moins qu’il ne s’agisse – comme on l’indique de source algérienne – des suites d’une sorte de « sursis «  accordé à l’Algérie par la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de ses entretiens le 29 octobre à Alger, en vue de « faire entendre raison au controversé mouvement (Ansar Dine) avant de lancer l’assaut » ?

En tout état de cause, le journal affirme que Ansar Dine, l’un des groupes islamistes radicaux qui contrôlent le nord du Mali (Azawad), avec Al-Qaïda au Maghreb islamique et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), envisagerait une scission avec Aqmi.

C’est en tout cas ce que prétend El-Watan, citant un « haut responsable algérien », quelques heures avant la visite à Alger d’une délégation du groupe radical.

Le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, lequel a toujours maintenu des liens avec l’Algérie « serait prêt à faire une déclaration dans laquelle il prendra officiellement ses distances d’Aqmi et acceptera de jouer le jeu de la ‘démocratie’ précise par ailleurs le journal, se basant sur les mêmes sources.

Ce qui fait dire à El-Watan, que le cas échéant, «  l’Algérie  aura réussi son pari de faire changer le fusil d’épaule à un mouvement qu’elle était la seule à considérer comme ‘récupérable’ « .

Parallèlement,Ansar Dine, devait discuter samedi à Ouagadougou avec la médiation burkinabé, laquelle est également en faveur d’une scission entre le groupe radical et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Les émissaires d’Ansar Dine emmenés par Algabass Ag Intalla, un élu du nord du Mali et haut cadre du groupe, doivent s’entretenir samedi avec le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé.

Ils devraient être reçus dimanche par le président Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Le ministre malien des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, devrait quant à lui rencontrer ce week-end les émissaires d’Ansar Dine.

A noter toutefois que cette véritable course aux discussions et négociations voit le jour alors que l’organisation de préparatifs en vue d’une intervention militaire dans le nord du Mali est menée tambour battant.

Vendredi Mossa Ag Attaher, coordinateur de l’action diplomatique du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et du CTEA (Conseil Transitoire de l’Etat de l’État de l’Azawad) en Europe, a affirmé pour sa part que « toute intervention militaire ou politique sans une implication franche et directe du MNLA est vouée à l’échec ».

Réaffirmant la « disponibilité du mouvement à participer à la résolution du problème du terrorisme au Sahel», il a tenu par ailleurs à ajouter qu’il « ne servira en aucun cas de sous-main à une quelconque force étrangère qui niera la légitimité du MNLA et du peuple de l’Azawad à prendre son destin en main».

Dans une déclaration adressée aux rédactions, Mossa Ag Attaher, chargé de coordonner l’action diplomatique du MNLA et du CTEA, a par ailleurs réagi au « ballet diplomatique » relayé à grands cris par la presse internationale sur l’imminence d’une intervention militaire dans l’Azawad (Nord du Mali).

La déclaration revient par ailleurs sur les récents massacres commis sur les populations civiles touaregs par l’Armée malienne, observant que cette dernière « semble prendre la décision d’une intervention de la CEDEAO comme une nouvelle caution dans la « mise au pas » des Touaregs, pour ne pas dire leur extermination.  »

Le MNLA  revient par ailleurs sur la présence des islamistes sur le territoire de l’Azawad, pointant du doigt « certaines entités » – dans une allusion à peine voilée à l’Algérie et au Qatar –  dans « l’étrange prolifération de groupes islamo-terroristes sur le territoire de l’Azawad ».
Un territoire dont le MNLA « serait intégralement maître aujourd’hui si ce n’était la déferlante islamiste qui s’est abattu sur l’Azawad grâce à l’appui occulte de certaines entités » affirme par ailleurs Mossa Ag Attaher.

Sources : El Watan, AFP, Reuters, siwel.info

Elisabeth  STUDER – 3 novembre 2012 – www.leblogfinance.com