Francophonie/politique africaine : Hollande reçoit Abdou Diouf

Signe fort de l’intérêt que porte François Hollande à la politique africaine de la France ?
Le président français a reçu lundi au Palais de l’Elysée le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf , ancien Président du Sénégal, originaire de Louga.

Il s’agit de leur première rencontre officielle depuis la prise de fonction du président français.
Selon l’Elysée, François Hollande a tenu à cette occasion à réaffirmer le soutien de la France à la Francophonie, dont elle est le premier contributeur.

M. Hollande a par ailleurs chaleureusement félicité M. Diouf pour son bilan à la tête de l’OIF, organisation internationale regroupant 75 membres et observateurs, réunissant à travers le monde 200 millions de francophones. En 2012, un pays membre de l’ONU sur trois est membre ou observateur de l’OIF, précise le communiqué.

Selon un autre communiqué de la Francophonie, les deux dirigeants ont échangé sur la situation de la langue française dans le monde. « Ils ont effectué un large tour d’horizon des situations de crise ou de sortie de crise dans l’espace francophone. La situation au Mali a été longuement évoquée, ainsi que celle qui prévaut actuellement à Madagascar », est-il par ailleurs mentionné dans le communiqué.

Le président français et le secrétaire général de la Francophonie ont également évoqué le XIVe sommet de la francophonie qui se tiendra du 12 au 14 octobre prochain à Kinshasa.

« Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit », indique par ailleurs le communiqué de l’Elysée.

Le président français a également salué l’action de l’OIF et a souligné leur volonté commune de développer une véritable stratégie de la Francophonie en faveur de la croissance, de l’emploi et des entreprises.

Pourtant dans un entretien au quotidien québécois Le Devoir daté du samedi 30 juin,  Abdou Diouf, avait dénoncé le manque d’intérêt de la France pour la promotion du français dans le monde.

« Nous sommes quand même parvenus à obtenir que les autorités françaises s’intéressent réellement à la francophonie. Mais, en gros, les universitaires et les intellectuels s’en moquent. C’est la nouvelle trahison des clercs », affirmait-t-il alors. Ajoutant : « les hommes d’affaires s’en moquent encore plus. Quand vous leur en parlez, vous les ennuyez. On a l’impression que seule la mondialisation les intéresse ».

Rappelons que dans une interview accordée au journal en ligne tunisien Kapitalis, le 29 avril dernier, François Hollande, alors candidat socialiste à la Présidence de la République assurait vouloir se démarquer de la ligne politique suivie par le président sortant Nicolas Sarkozy en Afrique.

«Rompre avec la Françafrique, c’est d’abord rompre avec une certaine vision de l’Afrique, une vision paternaliste et ethnocentrée de ce continent qu’a tristement illustré le discours de Dakar», avait alors déclaré celui qui est désormais devenu le Président de la France.

Précisons que  le 26 juillet 2007,  dans  un amphithêatre  de l’université  de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD)  Nicolas Sarkozy, alors chef d l’Etat français avait affirmé  que«l’Homme africain [n’était] pas assez rentré dans l’histoire », paroles suscitant un véritable tollé , tant en France qu’en Afrique.

Des propos qui «illustrent un mépris envers l’Afrique,[et] puisés dans les fonds peu reluisants de l’ethnologie coloniale», avait commenté François Hollande en avril dernier.

Précisant alors qu’en cas de victoire, il était  «prêt» à prononcer un«grand discours anti-Dakar à Tunis».

Son objectif principal affiché : rééquilibrer les relations entre l’Afrique et la France. Lesquelles doivent être selon lui  «basées sur l’égalité, sans ingérence ni indifférence».

Le programme du socialiste faisait alors également état d’une volonté de développer la Francophonie ainsi que les relations avec la rive sud de la Méditerranée, sur la base d’un «projet économique, démocratique et culturel.»

Sources : AFP, Elysée, Kapitalis, le Devoir