Tunisie : vives tensions entre salafistes, modernistes et libéraux

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La Tunisie est loin d’être sortie d’affaires  ….

Alors que les touristes, grands apporteurs de devises se montrent quelques peu réticents à retourner dans le pays, l’actualité pourrait bien les « encourager » à ne pas revenir d’aussi tôt.

Plus de huit mille islamistes ont ainsi manifesté dimanche dans le centre de Tunis en vue de réclamer un Etat islamique appliquant la charia, le tout à l’appel d’associations islamiques.

Les manifestants de dimanche ont aussi condamné vivement la profanation du Coran et de lieux religieux, un crime inadmissible et un acte de provocation, selon eux. Des chefs du mouvement salafiste, comme Cheikh Seifallah Ben Hassine, connu sous le nom d’Abou Yadh, ainsi que des imams ont aussi participé à cette manifestation.

A contrario, le 20 mars dernier, jour de la fête de l’indépendance, plusieurs milliers de Tunisiens s’étaient rassemblés avenue Bourguiba, la principale artère de la capitale, en vue de réclamer un Etat civil moderniste et démocratique refusant les esprits rétrogrades.

Le 15 mars dernier, des corans avaient été retrouvés déchirés dans des mosquées de Ben Guerdane, ville frontalière avec la Libye.

Depuis quelques semaines, les islamistes rivalisent avec modernistes et libéraux, les uns demandant l’application de la charia dans future constitution du pays, les autres réclamant un Etat civil garantissant les libertés individuelles et publiques.

Les délégués ont commencé à travailler à la rédaction de la constitution. La référence à la charia comme source principale de la législation suscite à l’heure actuelle de vigoureux débats au sein de l’Assemblée, cette dernière ayant élue fin octobre étant dominée par Ennahda  (le parti islamiste tunisien)  .

Mi-mars, Le président tunisien Moncef Marzouki avait mis en garde contre toute tentative de déstabilisation du pays et de recours à la violence pour des raisons idéologiques, faisant ainsi clairement allusion claire aux salafistes.

« Il ne sera toléré à quiconque d’imposer ses opinions par la violence, de traiter autrui de mécréant et de porter atteinte à tout citoyen tunisien pour ses choix idéologiques ou politiques quels qu’ils soient », a-t-il ainsi averti.

Cette prise de position survenait après « l’outrage » fait au drapeau national à la Faculté des lettres et des sciences humaines de la Manouba, près de Tunis, lequel avait suscité de vives réprobations dans toute la classe politique et la société civile.

Le 9 mars dernier, un salafiste était monté sur le toit du bâtiment, avant de décrocher le drapeau tunisien pour le remplacer par une bannière noire, emblème des islamistes radicaux, sur laquelle était inscrite la profession de foi musulmane. Une étudiante, Khaoula Rachidi, a alors escaladé l’édifice pour remettre le drapeau, devenant alors « une héroïne nationale ».

« Faire outrage au drapeau, symbole de la patrie et de ses martyrs, c’est atteindre à la cohésion nationale », avait à la suite déclaré M. Marzouki.

Alors que de nombreuses voix s’interrogent sur l’absence de réaction du gouvernement face à la multiplication des manifestations salafistes, le chef de l’Etat avait alors assuré que désormais, « toute tentative d’entraver le fonctionnement de l’université tunisienne, de terroriser ses professeurs et de ses étudiants ou de n’importe quelle institution » ne serait plus tolérée.

Le président, qui a exhorté la jeunesse à « éviter les tentatives de provocation qui menacent la stabilité du pays et compromettre son avenir », a appelé « les Tunisiens à bannir la violence physique et morale d’où qu’elle vienne et à rejeter la polarisation idéologique porteuse de dissension et d’animosité, en faisant prévaloir le dialogue ».

Sources : AFP, Associated Press

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com –  26  mars 2012

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