Grèce : le FMI pourrait temporiser le versement des prêts

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Tempête voire cataclysme en vue ?

Le Fonds monétaire international (FMI) pourrait décider de ne pas verser sa contribution à la prochaine tranche d’aide que doit recevoir la Grèce.

C’est en effet la mise en garde lancée jeudi par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.

L’enjeu du dossier : s’assurer que les pays européens tiendront leurs engagements sur les 12 prochains mois.

La Grèce risque de ne pas être en mesure de percevoir fin juin la totalité des prêts auxquels elle s’attend en raison d’un blocage du FMI, a ainsi déclaré Jean-Claude Juncker.

« Il y a des règles spécifiques au FMI et l’une de ces ces règles est que le FMI ne peut agir pour débloquer une tranche de prêts que lorsqu’il y a une garantie de refinancement pour les 12 mois suivant concernant le pays concerné

 », a ainsi tenu à rappeler M. Juncker lors d’une conférence à Luxembourg.

En terme clair, ce qui signifie que la Grèce doit pouvoir démontrer son aptitude à pouvoir couvrir ses besoins de refinancement de sa dette pendant un an.

Mais, selon le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, les conclusions de la mission d’experts internationale du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, qui vient d’achever une inspection dans le pays, ne devraient pas aller dans ce sens. Raisons invoquées : les « difficultés budgétaires persistantes de l’économie grecque ».

Or, pour tenir ses engagements, Athènes est censée pouvoir emprunter elle-même sur les marchés financiers près de 30 milliards d’euros dès 2012 en vue de refinancer des prêts obligataires arrivant à échéance.

Ce qui semble tout à fait exclu par les spécialistes, les taux d’intérêts exigés par les investisseurs restent à des niveaux exorbitants compte-tenu de la situation financière du pays. Rappelons en effet que le déficit public 2010 a dû être récemment corrigé à la hausse à plus de 10% du PIB.

Une porte-parole du FMI a pour sa part confirmé les propos du président de l’Eurogroupe en déclarant que le FMI ne pouvait continuer à prêter à la Grèce tant qu’il n’avait pas des garanties de financement des pays européens. « Nous ne prêtons jamais si nous n’avons pas l’assurance qu’il n’y a pas de rupture dans le financement« , a-t-elle déclaré.

Lundi, la Grèce a annoncé de nouvelles mesures d’économies et privatisations pour permettre le déblocage d’une nouvelle tranche d’aide du FMI et de l’Union européenne.

Le ministre des Finances grec Georges Papaconstantinou a par ailleurs indiqué cette semaine que si cette tranche n’était pas débloquée, le pays serait incapable d’honorer ses obligations et, de ce fait, en situation de faillite.

Rappelons que le plan d’aide international associant le FMI et l’Europe prévoit le versement de 110 milliards d’euros sur trois ans à la Grèce, en plusieurs tranches.

La prochaine tranche est prévue le 29 juin à hauteur de 12 milliards d’euros, le FMI finançant 4 milliards d’euros, le solde étant pris en charge par les pays membres de l’UE.

M. Juncker a toutefois exclu que ces derniers puissent apporter la différence si le Fonds monétaire international refusait son aide. Scénario sur lequel semble néanmoins tabler le FMI, si l’on en croit le président de l’Eurogroupe.

Lequel estime toutefois que certains parlement nationaux, en Allemagne, Finlande, Pays-Bas et d’autres pays, sont loin d’être favorables à telle solution.

Intox ou réalité ?

Certains spécialistes proches du dossier laissent entendre que le président de l’Eurogroupe chercherait avant tout à faire pression sur Athènes afin que le gouvernement grec redouble d’efforts afin de réduire son déficit, notamment par des privatisations.

Sources : AFP, Reuters