Sursaut tardif de considérations éthiques dans ce bas monde ? On peut le croire … à moins que le risque – financier – de soutenir le régime de Kadhafi soit désormais plus important que les bénéfices qui pourraient en être retirés, ne rêvons pas.
Mardi, le groupe britannique d’édition Pearson – lequel édite notamment le Financial Times – a annoncé que les parts détenues par l’Etat libyen dans son entreprise faisaient partie des avoirs contrôlés par le colonel Mouammar Kadhafi et étaient de ce fait intégrées aux mesures de gel récemment décidées par le gouvernement britannique.
Pearson a par ailleurs précisé que la Libyan Investment Authority (LIA) possédait environ 3,27% des actions du groupe britannique. Lequel a indiqué avoir reçu des « conseils juridiques » selon lesquels les participations de ce fonds souverain tombaient sous le coup des sanctions visant le leader libyen et sa famille.
« Pearson considère que les actions détenues par la LIA ou en son nom sont soumises » aux décisions prises dimanche par le gouvernement britannique et « sont de facto gelées« , a ainsi expliqué le groupe dans un communiqué.
« En conséquence, Pearson a informé aujourd’hui la LIA et ses représentants qu’il n’accepterait pas, jusqu’à nouvel ordre, d’enregistrer des opérations de transfert ou de payer les dividendes liés à ces actions« .
Une annonce qui intervient alors que Pearson a déclaré lundi un triplement de ses bénéfices pour l’année 2010 ainsi qu’une hausse des dividendes semestriels versés à ses actionnaires. De forts bons résultats qui auraient pu permettre à la LIA de toucher à ce titre 6,8 millions de livres (près de 8 millions d’euros).
S’adressant à la presse après la publication des résultats, la directrice générale de Pearson Marjorie Scardino avait d’ores et déjà assuré lundi être « mal à l’aise » de compter le fonds souverain libyen parmi ses principaux actionnaires.
« Ce qui arrive en Libye est odieux, et il est clair que nous sommes mal à l’aise avec ce fonds, mais nous travaillons sur un marché libre où les compagnies ne choisissent pas leurs actionnaires; ce sont les actionnaires qui choisissent leur compagnie« , avait-elle tenté de justifier.
Une situation délicate pour Pearson qui pourrait également toucher l’établissement financier UniCredit.
Rappelons en effet qu’en août 2010, Tripoli avait renforcé sa présence au sein du capital de la première banque italienne. Suite à une opération en date du 28 juillet, la Libyan Investment Authority (LIA) est ainsi devenu détentrice de 2,075% des parts de la banque italienne. La banque centrale libyenne disposant pour sa part – via la Libyan Foreign Bank qu’elle contrôle – d’une participation de 4,613% d’UniCredit, la Libye détient donc globalement 6,688% du capital de la banque.
En octobre 2008, alors que la banque italienne traversait une période difficile, en pleine crise financière, la Banque Centrale libyenne, le fonds souverain libyen Libyan Investment Authority et la Libyan Foreign Bank étaient montés à 4,23% du capital d’UniCredit. La Libye devenait alors le deuxième actionnaire de l’établissement financier, derrière la fondation Cassa di Risparmio di Verona, laquelle détenait à cette date 5,009%.
La Libyan Foreign Bank était d’ores et déjà présente dans le capital d’UniCredit depuis 1997, à travers son investissement dans Banca di Roma, laquelle a été absorbée depuis par UniCredit. L’établissement libyen détenait une participation de 0,56 % avant l’opération de 2008.
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