Maroc : le régime de Mohammed VI bientôt sur la sellette ?

Parole de visionnaire, info, intox ou coup de pub ?

Si l’on en croit le cousin du roi du Maroc Mohammed VI, le prince Moulay Hicham, le Maroc ne fera « probablement pas exception » parmi les pays arabes. Des propos faisant référence à la révolution qui a pris naissance en janvier dernier en Tunisie et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir de Moubarak en Egypte.

Celui qui est appelé le « prince rouge » pour ses prises de position souvent virulentes à l’encontre de la monarchie marocaine et du système politique du pays – dont il a quitté le territoire – multiplie les interventions dans la presse internationale depuis quelques jours.

Il estime ainsi que le Maroc « ne fera probablement pas exception » au vent contestataire qui souffle de Tunisie et gagne l’Egypte.

Après « le Nouvel observateur », c’est désormais au tour du quotidien espagnol « El Païs » d’accorder une interview à Moulay Hicham.

Si ce dernier constate que le « Maroc n’a pas été encore atteint » par la vague de contestation sociale et politique qui secoue les pays arabes, il estime toutefois que le mouvement populaire initié en Tunisie voisine pourrait bien se propager.

  « Il ne faut pas se tromper: presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception« , estime ainsi le cousin de Mohammed VI.

  « Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents évènements, bougeront » commente encore celui qui occupe la troisième place pour la succession au trône du Maroc.

  Selon le prince Moulay Hicham, la « dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin » dans son pays. ‘Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi » affirme-t-il encore.

La révolution tunisienne et la révolte égyptienne représentent une « rupture par rapport aux schémas antérieurs » n’ayant « aucun caractère religieux« , « anti-impérialiste » ou « anticolonialiste » ajoute-t-il par ailleurs.

  « L’Europe doit se réveiller, arrêter d’appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable« , estime-t-il parallèlement.

Interrogé sur le rôle qu’il souhaiterait jouer au Maroc, le prince a souhaité se poser en chercheur en sciences politiques et affirmant vouloir « préserver » son «  autonomie intellectuelle ». Précisant par ailleurs avoir ses « propres obligations dans le cadre de diverses institutions internationales » et son  propre travail.

Des rumeurs en provenance des allées du pouvoir de Rabat, laisseraient toutefois entendre que Moulay Hicham aurait du faire face à d’importantes difficultés financières, son projet de « ville verte » aux abords de Rabat n’ayant pas réussi à mobiliser des investisseurs internationaux d’envergure. De ce fait, la radicalisation de son discours pourrait être associée à une tentative de retour sur la scène politique marocaine.

Entretenant de notoriété publique – des relations exécrables avec son cousin Mohammed VI – si l’on en croit la presse du Maghreb – Moulay Hicham aurait de nombreux intérêts dans la presse populaire marocaine via un réseau d’amitiés avec des journalistes. Ce réseau lui permettrait d’alimenter de vastes campagnes de presse, dont un publi-reportage publié par l’hebdomadaire « Tel Quel » en décembre dernier, où l’on découvrait la nouvelle vie du « prince rouge » aux Etats Unis.

Reste toutefois à tenter de faire la part entre le vrai et le faux concernant un pays où la presse n’a pas entière liberté.

Sources : Nouvel Obs, El Païs, AFP, Liberté Algérie, Lettre Mediterranée