Fitch s’inquiète de l’impact de Bâle III sur les banques françaises

Inquiétant ? Selon Fitch, des banques françaises pourraient être contraintes à des augmentations de capital. La raison ? la nouvelle réglementation bancaire Bâle III.

Certes, l’agence de notation indique toutefois que ces établissements financiers ont la capacité de renforcer leurs fonds propres par une mise en réserve de leurs résultats.

L’agence souligne ainsi dans un rapport que les banques françaises sont loin d’être les mieux capitalisées parmi les établissements bancaires européens. Une situation qui devrait maintenir sur elles la pression des marchés financiers.

Selon Fitch, le marché devrait continuer «  vraisemblablement à exiger un renforcement de leurs fonds propres ». Contraintes auxquelles les établissements devraient répondre « essentiellement par mise en réserve des résultats » si l’on en croit l’agence de notation. Laquelle n’exclut pas toutefois que les banques françaises aient recours à des augmentations de capital.

L’agence pointe notamment du doigt les performances « médiocres » des banques françaises dans leurs activités de banque de détail.

Si les résultats de BNP Paribas sont jugés « bons » grâce à l’acquisition des activités de Fortis en Belgique et au Luxembourg, Fitch est beaucoup moins enthousiasme en ce qui concerne la Société générale.

Un des maillons faibles : la Russie. Si le potentiel de développement dans le pays est certes jugé « considérable » par l’agence de notation, laquelle semble se satisfaire de la situation de Rosbank, détenue par la Société Générale, Fitch souligne toutefois que « l’environnement opérationnel reste volatil » considérant également comme faibles les derniers résultats enregistrés en Russie.

Les activités de banque de détail à l’international sont aussi le « point faible » du Crédit agricole dont les comptes sont pénalisés par les pertes de sa filiale grecque Emporiki, en cours de restructuration.

« Les banques disposant d’importantes activités de BFI (banque de financement et d’investissement, ) seront inévitablement touchées par l’obligation de mieux couvrir les risques associés à leurs activités de trading », ajoute par ailleurs Fitch.

La nouvelle réglementation bancaire Bâle III est un « un vrai New Deal bancaire » affirmait pour sa part mi-septembre Baudouin Prot, directeur général de BNP Paribas, dans les colonnes des Echos. Selon lui, les nouvelles mesures s’avèrent être beaucoup plus strictes que les anciens textes en vigueur. Son raisonnement : « le seuil de 7% de capital rapporté aux actifs pondérés des risques, qui est désormais le chiffre clef, équivaut à un ratio d’environ 10% dans l’ancienne définition ».

Au final, il considère même qu’il s’agit d’un « quintuplement de l’exigence en capital des banques puisque le seuil réglementaire minimum du ratio de fonds propres durs était jusqu’à présent de 2% ». S’agissant de l’impact de telles mesures sur BNP Paribas, le dirigeant précisait alors que la banque ne fera pas appel au marché. « Nous allons continuer à mettre deux tiers de notre bénéfice en réserve et à en distribuer un tiers », avait-t-il déclaré.

Selon lui, l’accroissement des exigences en capital contenues dans Bâle III « va inévitablement peser sur le coût et le volume du crédit ».

Rappelons que le 12 septembre dernier, la Banque des règlements internationaux (BRI) ou BIS (Bank for international Settlements) a annoncé que les représentants des banques centrales et des régulateurs réunis à Bâle étaient parvenus à un accord sur la réforme du secteur financier, dite de Bâle III. Objectif : rendre les établissements plus résistants face à de nouvelles crises éventuelles.

Dans le cadre de cette série de mesures, le ratio minimum du « noyau dur » de fonds propres – indicateur permettant de mesurer la solidité financière des banques – sera relevé de 2% actuellement à 4,5% des actifs d’ici à 2015. La mise en place définitive est prévue au 1er janvier 2019.

Le ratio minimum de fonds propres « tier 1 » sera quant à lui relevé de 4% à 6% pendant la même période. Il sera assorti d’un « amortisseur » financier supplémentaire de 2,5%. Selon Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne et du groupe des gouverneurs et des dirigeants des autorités de supervision, la contribution de ce texte « à la stabilité financière à long terme et à la croissance sera considérable ».

Mais les grands établissements financiers redoutent que ces nouvelles directives ne les obligent à lever des sommes colossales.

A la veille de la réunion cruciale des régulateurs, la BdB (Fédération Bancaire Allemande) avait quant à elle prévenu une nouvelle fois que les mesures envisagées pourraient affecter l’économie en diminuant la capacité de prêt des banques. S’exprimant dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le patron de la supervision des banques au sein de la Bundebank, Franz-Christoph Zeitler, avait ainsi déclaré que « plus les exigences [seraient] élevées », plus « on devra donner du temps » aux banques pour les mettre en oeuvre. « Le désendettement ne doit pas déboucher sur un choc » financier, avait-t-il ajouté.

Sources : Reuters, Les Echos

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