Le Qatar enfonce une nouvelle fois le clou pour rentrer au capital d’Areva. Selon le journal La Tribune, le commissaire aux participations de l’Etat Jean-Dominique Comolli s’est rendu dans ce pays proche – à tous points de vue – de l’Iran en vue de discuter de l’entrée du fonds souverain de l’Emirat au sein du capital du groupe nucléaire français. A suivre de près alors que le dossier d’Eurodif et le financement iranien de la centrale nucléaire du Tricastin pourrait être une importante clé de l’opération.
Rappelons qu’en juin 2009, Areva – détenu à 93% par l’Etat français – avait annoncé une ouverture de son capital à hauteur de 15%.
Le fonds souverain du Qatar, le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et le fonds souverain du Koweït sont pressentis depuis quelques mois pour y participer.
Désormais, selon La Tribune, seul le Qatar aurait demandé un siège au conseil de surveillance d’Areva. MHI « n’aurait rien demandé de tel » et « l’Elysée y serait de toute façon opposé », ajoute le quotidien.
Fin juillet, le gouvernement avait indiqué que l’ouverture de capital d’Areva devait intervenir avant fin 2010, l’Elysée évoquant par ailleurs « l’éventualité d’une prise de participation d’EDF dans le capital d’Areva ».
En mars dernier, le Premier ministre qatari Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr al-Thani avait indiqué au Figaro avoir eu des discussions soutenues autour d’Areva et du Qatar pour une participation dans le groupe nucléaire civil français. « Nous sommes notamment en discussions pour entrer au capital d’Areva. Pour l’instant, nous en sommes toujours au stade des pourparlers », avait alors déclaré le Premier ministre.
« Nous sommes ouverts à tout investissement qui pourrait apporter un bénéfice aux deux parties. Nous avons déjà investi beaucoup en Europe dans les domaines financier, industriel et même agricole et nous sommes prêts à envisager d’autres initiatives » avait poursuivi Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jabr al-Thani.
Peut-être une « élégante » manière de régler le différent qui opposent la France, Areva et l’Iran – pays voisin et associé du Qatar – depuis de nombreuses années, sous fond de financement par Téhéran du site du Tricastin (Eurodif/Sofidif) et de livraison d’uranium enrichi.
En janvier 2010, Anne Lauvergeon, la présidente du groupe français avait confirmé que « plusieurs investisseurs », dont des étrangers, avaient été sélectionnés pour prendre part aux discussions. Parmi ces derniers pourraient figurer outre le fonds souverain du Qatar.
Le Premier ministre avait alors également laissé entendre que des partenariats financiers franco-qatariens pour investir ensemble dans les pays tiers pourraient être envisagés … laissant la porte ouverte au partenariat croisé … avec l’Iran ?
Dans une interview accordée à l’Express en octobre 2009, le directeur général de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei avait tenu quant à lui à rapporter les propos tenus par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, lors de sa visite à Téhéran. Indiquant ainsi que le dirigeant iranien avait alors souligné que son pays avait déjà eu une mauvaise expérience avec la France, laquelle n’avait pas honoré, après la révolution islamique, des livraisons d’uranium enrichi pourtant contractualisées. Allusion à peine voilée au contentieux Eurodif …
Rappelons à toutes fins utiles que le Qatar partage avec l’Iran l’un des plus grands champs gaziers du monde, Pars South dont les majors pétrolières se disputent les concessions, même s’il n’est pas politiquement correct de traiter avec Téhéran. Le Qatar pouvant alors jouer le rôle d’intermédiaire ..
Le pétrole et le gaz pourraient donc bien être encore une fois le nerf de la guerre … désormais « assortis » de l’uranium …
Sources : AFP, Le Parisien, Le Figaro
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Areva ne détient plus que 5,79% de Safran (AMF)
AFP | 11.10.10 | 17h47
Le groupe nucléaire public Areva, lancé dans une stratégie de cession d’actifs non stratégiques, ne détient plus que 5,79% du capital de l’équipementier aéronautique et de défense Safran, selon un document de l’Autorite des marchés financiers (AMF) rendu public lundi.
Depuis le 5 octobre, Areva n’a plus que 5,79% du capital de Safran et 8,86% des droits de vote, détaille l’AMF. Ce décompte découle d’une vente d’actions Safran sur le marché.
La semaine dernière, l’AMF avait déjà indiqué qu’Areva avait cédé plusieurs blocs d’actions Safran sur le marché entre le 22 septembre et le 1er octobre, à un prix unitaire moyen de 21,27 euros.
Fin 2009, Areva détenait encore 7,38% du capital et 11,05% des droits de votes de Safran. Un peu plus tôt, en mars, la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, avait quitté le conseil de surveillance de Safran, dont elle était vice-présidente.
Areva, qui a besoin de 8 à 10 milliards d’euros dans les trois prochaines années pour se développer, a entrepris en juin 2009 de céder ses actifs non stratégiques.
Depuis, le groupe nucléaire s’est délesté en 2009 de sa participation de 0,30% dans le capital du pétrolier Total pour quelque 400 millions d’euros, ainsi que de 1,2% qu’il détenait dans le groupe énergétique GDF Suez. Il a également cédé sa division Transmission et Distribution (T&D).
En juillet dernier, Areva a par ailleurs fait état de « discussions en cours » pour céder sa participation de 10,9% dans le fabricant franco-italien de semi-conducteurs STMicroelectronics. Le groupe négocie aussi depuis plus d’un an la cession de sa part de 26% dans le groupe minier Eramet.
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