Alors que les majors pétrolières tentent de « contourner » à leur façon le risque d’attaques de leurs infrastructures sur le territoire du Nigeria, en mettant l’accent sur les plates-formes off-shore, trois Français du groupe de services maritimes Bourbon ont été enlevés dans la nuit de mardi à mercredi. Leur navire opérait sur un champ pétrolier au large des côtes du Nigeria.
« Tout nous laisse penser que nous sommes dans le cadre d’un acte de piraterie classique », a déclaré sur France 24 le ministre de la Défense Hervé Morin, rappelant qu’à peu près une centaine d’actes de piraterie s’étaient produits en 2009 dans le golfe de Guinée.
Le gouvernement français se doit en effet d’être rassurant alors qu’il y a moins d’une semaine, cinq Français, employés par le groupe nucléaire français Areva et l’un de ses sous-traitants ont été enlevés au Niger, rapt récemment revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Lors d’une attaque survenue sur le champ pétrolier exploité par la société Addax, au large du Nigeria, « le navire Bourbon Alexandre et ses seize membres d’équipage ont fait l’objet d’un assaut conjugué de plusieurs canots rapides », a expliqué pour sa part Bourbon dans un communiqué. « Trois membres d’équipage français ont été enlevés. Les 13 autres membres d’équipage sont restés à bord et aucun blessé n’est à déplorer », a-t-il indiqué.
A Lagos, le porte-parole de la marine nigériane, David Nabaida a laissé entendre qu’il pourrait s’agir « juste de criminels qui agissent pour l’argent« .
Une cellule de crise, mise en place au siège du groupe à Marseille, « évalue la situation en temps réel » avec l’objectif d' »obtenir une libération dans les meilleurs délais et conditions de sécurité », a ajouté Bourbon.
Le groupe a déjà été confronté à trois reprises depuis août 2008 à des enlèvements de collaborateurs au Nigeria. Les personnes avaient été rapidement été relâchés.
Rappelons par ailleurs qu’à la mi-juillet, le pétrolier français Total avait annoncé pour sa part que sous réserve d’un accord des autorités compétentes, le groupe allait acquérir la participation de 45,9% de Texaco dans un bloc pétrolier de la zone de développement conjointe (JDZ) Sao Tomé/Nigeria.
Une région oh combien convoitée compte-tenu de son riche potentiel en hydrocarbures. Son autre atout et non des moindres : l’exploitation est située en off shore, c’est-à-dire loin des violences qui frappent les installations pétrolières du Nigéria. Une opération loin d’être anodine ….
« La proximité des permis et des installations opérés par Total au Nigeria permettra de réaliser des économies dans le développement des ressources de ce permis », soulignait alors le groupe dans un communiqué, déclarant « poursuivre » ainsi « sa stratégie de développement de ses activités Exploration et Production dans le Golfe de Guinée ».
… Mais omettant peut-être d’ajouter au passage que l’opération lui permet de sécuriser ses investissements en restant dans la zone, le caractère offshore des champs pétroliers lui permettant de « s’éloigner » autant que faire se peut des actes de violence et de sabotages du Mend, le Mouvement d’émancipation du delta du Niger.
En raison de nombreux incidents provoqués par des groupes armés depuis 2006, le Nigeria a connu une chute importante de sa production de pétrole. Les rebelles réclament avant tout une meilleure répartition des revenus du pétrole au bénéfice des populations locales.
En janvier 2010, le Wall Street Journal et le Daily Telegraph, confirmant des informations publiées par le Sunday Times, avaient annoncé que le groupe Shell avait mis en vente une dizaine de champs de pétrole tous situés sur la partie terrestre des champs d’hydrocarbures du Nigeria.
Le groupe entendrait en revanche conserver tous ses champs offshore, à la fois plus faciles à défendre contre les attaques rebelles tout en étant plus rémunérateurs, précisaient alors les quotidiens.
Le Daily Telegraph avait précisé pour sa part que Shell s’était résolu à vendre ces actifs, non en raison des fréquentes attaques survenant dans la région du delta du Niger, mais en raison de la volonté du gouvernement nigérian de renforcer les entreprises pétrolières domestiques, au détriment des groupes étrangers.
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