Ouf ! Selon une source diplomatique européenne, les dirigeants des pays de la zone euro seraient enfin parvenus jeudi soir à trouver un accord en vue de mettre en place un mécanisme de prêts financiers destinés à la Grèce, incluant le FMI.
La décision a été prise lors de la réunion rassemblant à Bruxelles les chefs d’Etat et les responsables des gouvernements des seize pays partageant la monnaie commune (Eurogroupe).
Le mécanisme prévoit la création d’un dispositif de prêts que la Grèce pourrait utiliser « en dernier recours » si elle ne parvenait plus à emprunter à des taux raisonnables sur les marchés pour financer ses déficits.
Le plan serait alimenté pour la majeure partie (deux tiers) par des prêts de partenaires de la Grèce au sein de la zone euro, et pour un tiers par des prêts du Fonds monétaire international.
S’exprimant depuis Bruxelles à la télévision publique grecque, Net, le Premier ministre grec Georges Papandréou s’est félicité jeudi soir de la « décision très satisfaisante » des pays de la zone euro, mettant sur pied un mécanisme européen « qui garantit la stabilité financière dans la zone euro ».
« L’Europe et la Grèce sortent plus fortes de cette crise », a par ailleurs affirmé M. Papandréou.
Mais ce plan « mis en place » pourrait n’être que de la poudre aux yeux … le mécanisme ne devant être utilisé qu’en cas de besoin … dont les critères d’appréciation restent à définir …
En outre, son activation devra être approuvée à l’unanimité des pays membres avant de pouvoir être effective … Il reste donc encore beaucoup de pain sur la planche avant d’aboutir aux « premiers versements »…
A noter également qu’aucun montant n’a été fixé. Selon un haut responsable européen les besoins potentiels de la Grèce seraient évalués à entre 20 et 30 milliards d’euros.
Vendredi dernier, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait exhorté les dirigeants des pays de l’UE à approuver « dès que possible » la création d’un mécanisme d’aide à la Grèce, lequel serait « constitué d’un système de prêts bilatéraux coordonnés » au sein de la zone euro. Le dirigeant n’avait toutefois pas exclu toute contribution financière du Fonds monétaire international (FMI) tout en affirmant que l’UE ne pouvait « pas prolonger plus longtemps la situation actuelle ».
A l’aube du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, José Manuel Barroso avait également mis la pression sur l’Allemagne, laquelle semblait alors peu disposée à ce que l’Union européenne intervienne pour soutenir la Grèce.
Mais jeudi, Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont trouvé au finish une solution de « consensus » sur les moyens d’aider financièrement la Grèce, scénario soumis en suivant au président de l’UE Herman Van Rompuy.
BRUXELLES, 25 mars (Reuters) –
Les 16 pays de la zone euro
se sont accordés jeudi sur un mécanisme européen d’aide à la
Grèce ou à tout Etat membre qui se trouverait dans une situation
financière analogue.
Voici l’intégralité de ce texte, traduit de l’anglais :
« Nous réaffirmons que tous les membres de la zone euro
doivent conduire des politiques nationales saines, en ligne avec
les règles communes, et être conscients de leurs responsabilités
partagées envers l’économie et la stabilité financière de la
zone. « Nous soutenons pleinement les efforts du gouvernement grec
et nous saluons les mesures additionnelles annoncées le 3 mars,
qui sont suffisantes pour atteindre les objectif budgétaires de
2010. Nous reconnaissons que les autorités grecques ont pris des
mesures ambitieuses et décisives, qui devraient permettre à la
Grèce de regagner l’entière confiance des marchés. « Les mesures de consolidation prises par la Grèce sont une
importante contribution au renforcement de la viabilité
financière et de la confiance des marchés. Le gouvernement grec
n’a demandé aucun soutien financier. Par conséquent, aucune
décision n’a été prise aujourd’hui pour activer le mécanisme
mentionné ci-dessous. « Dans ce contexte, les Etats membres de la zone euro
réaffirment leur volonté de prendre des mesures déterminées et
coordonnées, si nécessaire, pour sauvegarder la stabilité
financière de la zone euro dans son ensemble, comme décidé le 11
février. « Dans le cadre d’un paquet comprenant un financement
substantiel du Fonds monétaire international et un financement
européen majoritaire, les Etats membres de la zone euro sont
prêts à contribuer à des prêts bilatéraux coordonnées. « Ce mécanisme, en complément du financement du Fonds
monétaire international, doit être considéré comme un ultime
recours, ce qui signifie en particulier que le financement par
les marchés est insuffisant. Tout déboursement de prêts
bilatéraux sera décidé à l’unanimité par les Etats membres de la
zone euro, soumise à une forte conditionnalité et basé sur une
évaluation de la Commission européenne et de la Banque centrale
européenne. Nous attendons des Etats membres qu’ils y
participent sur la base de la clef de répartition du capital de
la Banque centrale européenne. « Ce mécanisme n’aura pas pour but de fournir un financement
aux taux d’intérêts moyens de la zone euro mais d’inciter à
revenir à un financement par le marché le plus vite possible,
par une rémunération adéquate du risque. Les taux d’intérêts
seront non subventionnés. Les décisions relatives à ce mécanisme
seront prises en pleine cohérence avec le traité (NDLR : de
Lisbonne) et la législation nationale. « Nous réaffirmons notre engagement à mettre en oeuvre des
politiques visant à restaurer une croissance forte, durable et
stable, afin de renforcer la création d’emplois et la cohésion
sociale. « De plus, nous nous engageons à promouvoir une coordination
forte des politiques économiques en Europe. Nous considérons que
le Conseil européen doit devenir le gouvernement économique de
l’Union européenne et nous proposons d’accroître son rôle dans
la surveillance économique et la définition de la stratégie de
croissance de l’Union européenne. »La situation actuelle démontre la nécessité de renforcer et
de compléter le cadre actuel pour garantir la viabilité
financière de la zone euro et améliorer sa capacité à agir en
périodes de crise. « A l’avenir, la surveillance des risques économiques et
budgétaires et les instruments de prévention, y compris la
procédure de déficit excessif, doivent être renforcés. De plus,
nous avons besoin d’un cadre solide de résolution des crises qui
respecte le principe de la responsabilité budgétaire propre des
Etats membres. « Nous demandons au président du Conseil européen de mettre
sur pied une mission, avec des représentants des Etats membres,
de la Commission et de la BCE, pour présenter, avant la fin de
cette année, les mesures nécessaires pour atteindre cet objectif
et explorant toutes les possibilités de renforcement du cadre
juridique. » (FIN DU TEXTE)
Aide à la Grèce : l’Eurogroupe entérine un accord inspiré par l’Allemagne.
http://www.lesechos.fr/info/france/020439981046-aide-a-la-grece-l-eurogroupe-enterine-un-accord-inspire-par-l-allemagne.htm
L’Allemagne a gagné sur tous les tableaux :
1- Le FMI va intervenir pour sauver la Grèce.
2- Une opération de sauvetage de la Grèce ne sera déclenchée qu’à l’unanimité des pays de la zone euro. Un seul pays pourra l’empêcher en votant contre.
3- Chaque Etat membre ne sera pas obligé d’accorder un prêt à la Grèce. Seul les Etats volontaires prêteront quelques milliards d’euros à la Grèce : ce ne sera pas obligatoire.
4- A partir de là, la répartition prévue ne pourra pas avoir lieu dans la réalité. Selon la répartition prévue, deux tiers des prêts seront accordés par les Etats européens. Un tiers des prêts sera accordé par le FMI. Mais dans la réalité, quels seront les Etats européens volontaires pour prêter à la Grèce ?
Tous les Etats européens sont endettés, et même surendettés. Quel Etat européen pourra accorder un prêt à la Grèce ? Et, surtout, avec quel argent ?
Cela impliquerait qu’un Etat européen volontaire emprunte quelques milliards d’euros sur les marchés, et ensuite il les reprêterait à la Grèce !
Par exemple : la France a déjà une dette publique de 84 % du PIB aujourd’hui, soit 1 500 milliards d’euros. La France devrait donc s’endetter encore plus, pour pouvoir ensuite prêter à la Grèce, et la France ne serait même pas sûre d’être remboursée par la Grèce !
Conclusion : seuls deux ou trois Etats européens accepteront de prêter à la Grèce. L’écrasante majorité des prêts sera fournie par le FMI.