Trop c’est trop … Quand les risques s’avèrent trop coûteux, il faut prendre parfois des mesures « drastiques »…
L’armateur norvégien Odfjell vient ainsi de renoncer à faire transiter ses navires par le golfe d’Aden, point du globe on ne peut plus stratégique mais théâtre d’un nombre croissant d’actes de piraterie.
Solution de « contournement » désormais mise en oeuvre : l’armateur souhaite que sa flotte emprunte désormais la route plus longue via le cap de Bonne-Espérance au large de l’Afrique du Sud. Le parcours pourrait certes s’avérer plus onéreux en terme de frais de carburant mais aussi plus sûre … ce qui pourrait réduire la facture en terme d’assurances. Reste toutefois que les délais de transport en seront impactés.
« Nous n’exposerons plus nos équipages au risque d’être détournés et pris en otage par des pirates en vue d’une rançon dans le golfe d’Aden », a déclaré le directeur général d’Odfjell, Terje Storeng, dans un communiqué.
« Nous sommes persuadés que nos clients apprécieront cette décision prise pour assurer non seulement la sécurité de nos équipages et navires mais aussi celle de nos marchandises », a ajouté M. Storeng.
« Cela provoquera des coûts supplémentaires mais nous tablons sur le soutien et une contribution de nos clients », a-t-il précisé.
M. Storeng a estimé qu’il était « difficile » de chiffrer le surcoût occasionné, qui dépend des ports d’origine et de destination, mais a estimé que cette décision allongerait de « six à 12 jours » supplémentaires une liaison maritime ordinaire.
Pour mémoire, rappelons qu’Odfjell possède une flotte de 92 navires qui relient les Etats-Unis et l’Europe à l’Asie, au Moyen-Orient et à l’Amérique du Sud. Aucun d’entre eux n’a été récemment l’objet d’une attaque de pirates au large de la Somalie mais, selon le Bureau maritime international, au moins 83 bateaux étrangers ont été attaqués par des pirates somaliens dans l’océan Indien et le golfe d’Aden cette année, le double du bilan de 2007.
Odfjell transitera de nouveau par le golfe d’Aden lorsqu' »une protection suffisante sera en place ou lorsque des mesures seront prises pour empêcher les attaques de pirates », selon le communiqué.
Pour rappel, le golfe d’Aden est la baie située entre la corne de l’Afrique (Somalie) et la péninsule Arabique (Yémen). Il sépare le continent africain du continent asiatique. Il relie la mer Rouge à l’ouest par le détroit de Bab-el-Mandeb à la mer d’Oman et à l’océan Indien à l’est, l’île Abd al Kuri de l’archipel de Socotra en marquant l’extrême limite orientale. Sa longueur est de 1 000 km pour une largeur variant de 150 à 440 km.
Zone historique d’échange entre l’Arabie du Sud et l’Afrique de l’Est, le percement du canal de Suez en a fait une zone stratégique. Au travers du golfe passe une importante voie de navigation maritime internationale entre l’Asie et l’Europe et une des principales voies d’exportation maritime du pétrole.
Les navires naviguant dans le golfe doivent faire face à l’extension de la piraterie maritime qui sévit plus au sud au large des côtes de la Somalie depuis la fin des années 1990.
Depuis 2005 de nombreuses organisations internationales, l’Organisation maritime internationale (IMO) et le Programme alimentaire mondial notamment, ont exprimé leur préoccupation devant l’augmentation de la fréquence des actes de piraterie. Les Etats-Unis et certains de leurs alliés occidentaux maintiennent une force de coalition navale, la Combined Task Force 150 au large de la Somalie, mais cette présence est considérée comme insuffisante au regard de l’étendue des eaux à surveiller.
Dimanche dernier, les pirates ont détourné un cargo japonais au large des côtes somaliennes, alors qu