Certes, certes, à écouter le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, l’Algérie serait protégée contre les risques de la crise financière mondiale.
Mais tout n’est peut-être pas aussi rose que l’on voudrait bien nous faire croire.
L’économie algérienne risque de pâtir de la crise actuelle et notamment de la baisse de la demande de pétrole, dont elle tire la quasi totalité de ses ressources en devises, avait d’ores et déjà affirmé à la mi-septembre Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND).
Depuis, le cours du pétrole a encore fléchi ….
« L’Algérie est dotée des éléments de protection de son économie contre la crise financière internationale grâce à sa politique de financement de l’économie et à son mode de gestion de ses actifs extérieurs« , a déclaré M. Djoudi à la presse, en marge d’une session plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN).
M. Djoudi a indiqué que « la politique de désendettement mise en oeuvre par l’Algérie a permis la réduction de la charge des intérêts, et d’éviter au pays de subir la crise de liquidités et la montée des taux d’intérêt sur le marché international« .
L’Algérie a décidé de rembourser par anticipation sa dette publique extérieure qui est passée de 16,5 milliards de dollars en 2005 à près de 4 Mds de dollars (2,9 milliards d’euros) fin juillet, selon les chiffres officiels.
Elle a décidé également de limiter au maximum le recours à l’endettement extérieur et de financer ses projets d’infrastructures par ses propres ressources financières, grâce notamment aux exportations d’hydrocarbures dont les recettes devraient atteindre 80 Mds de dollars en 2008. certes, mais c’est là ou le bas blesse, car l’économie algérienne pourrait être impactée par la baisse de la demande sur le pétrole induite par la crise financière, le pays en tirant la quasi totalité de ses ressources en devises.
« L’Algérie fonctionne à un baril de 67 dollars. A 70 dollars nous serions donc en danger, à 60 ça irait mal, à 50 ça irait très mal », a estimé M. Ouyahia à l’issue d’une réunion du conseil national de son parti, membre de l’Alliance présidentielle. C’est en tout cas ce qu’a affirmé mi-septembre Ahmed Ouyahia, soulignant ne pas s’exprimer en tant que Chef du gouvernement, fonction qu’il occupe également depuis le 23 juin.
Samedi, Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines et président en exercice de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’a pas manqué de souligner que la demande mondiale a enregistré, selon les estimations des experts, un recul de l’ordre de 3 millions de m3/jour, n’écartant pas, du coup, l’éventualité d’une revue à la baisse de la production de la part des pays membre de l’OPEP, dont les ministres du Pétrole se réuniront le 17 décembre prochain à Oran.
Karim Djoudi a par ailleurs indiqué pour sa part que « la Banque d’Algérie suit une logique en matière de gestion des réserves de change qui est d’aller vers des actifs sûrs et pas vers des actifs risqués ».
« Historiquement, le choix de l’Algérie est d’aller vers des risques nuls à travers les actifs souverains et en conséquence, nos réserves de change sont placés en actifs publics où la rémunération est relativement faible mais le capital est garanti », a dit M. Djoudi. Les réserves de change de l’Algérie ont atteint près de 137 Mds USD fin juillet contre 110 Mds USD fin 2007, selon les chiffres officiels.
Sources : AFP, Qotidien d’oran, Continentalnews