Zambie : grève et émeute dans une mine de cuivre

Bigblastchamb1zambia_copper Une grève d’ouvriers zambiens dans une fonderie près de Chambishi a dégénéré mardi en émeute au cours de laquelle les dirigeants chinois de la compagnie ont été pris en otage pendant quelques heures.

Cette région est connue pour ses importantes ressources en cuivre.

Ces évènements ont d’ores et déjà influé sur le niveau du cours, les investisseurs craignant qu’ils n’affectent le niveau mondial de production.

Le cuivre représente plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) de la Zambie.

Près de 500 ouvriers de la fonderie en construction Chambishi Copper Smelter, détenue par des Chinois, s’étaient mis en grève lundi. Leurs revendications ? obtenir des augmentations de salaires et de meilleures conditions de sécurité. Comme quoi l’insécurité qui prévaut dans les mines chinoises poursuit leurs employés bien au delà des frontières de l’Empire du Milieu.

« Nous avons décidé de nous mettre en grève à cause des conditions de travail pathétiques », a ainsi déclaré un représentant des ouvriers, Teddy Chisala. « Les Chinois ne respectent pas notre droit du travail« , avait-il ajouté. Selon lui, les ouvriers, qui avaient déjà interrompu le travail il y a un mois, ne gagnent en moyenne que 50 dollars (33 euros) par mois.

Mardi matin, ils ont enfermé dans leurs bureaux les cadres chinois de la fonderie Chambishi et ont fermé les grilles extérieures. Les otages ont néanmoins été libérés au bout de quelques heures, selon des porte-parole de la compagnie et de la police de Chambeshi.Avant d’être dégagés par la police déployée autour de la fonderie, les émeutiers avaient également mis le feu à un foyer pour ouvriers chinois, a indiqué un policier.

Des dirigeants de la compagnie et des représentants des ouvriers ont finalement entamé des négociations à la mi-journée.

En 2007, Xu Ruiyong, directeur adjoint de la mine, estimait être en présence d’un fossé culturel. « Pour nous, peut-être que ces conditions sont normales », déclare-t-il, « mais eux pensent que c’est trop dur ».

Selon Xu Ruiyong, un des objectifs de la Chine, quand elle avait ouvert la mine, était d’aider l’économie locale. Mais selon les habitants de la région, on ne voit guère d’amélioration dans les conditions qui prévalent dans l’agglomération de Chambeshi.

Les Chinois ont largement investi dans les mines de cuivre de Zambie, grâce aux avantages fiscaux offerts par le gouvernement. Ils sont régulièrement critiqués pour les mauvaises conditions de sécurité dans leurs mines. En 2005, 50 mineurs avaient été tués dans une explosion survenue dans l’une de leurs mines à Chambishi.

Mais, pour les gouvernements de pays africains pauvres, la Chine est une partenaire de choix : elle n’exige pas de réformes, et -contrairement à des institutions telles que la Banque mondiale- elle s’abstient de toute ingérence. Un point important, selon le ministre zambien des finances, Ng’andu Magande, qui se félicitait en 2007 de nouveaux accords passés sans conditions. « Je pense que c’est là, peut-être, ce qui rend les investissements chinois particulièrement intéressants pour nous » déclarait-t-il alors, « s’il y a des conditions, je ne les vois pas ».

Mais certains estiment que de nombreuses économies africaines souffrent déjà des effets négatifs de ces investissements, avec notamment un flot d’importations bon marché en provenance de Chine.

Et ceci, sans compter des craintes d’ordre politique, suscitées notamment par les relations très amicales que la Chine entretient avec les gouvernements du Zimbabwé et du Soudan.

Le cours du cuivre a atteint quant à lui un nouveau plus haut lundi à 8.861 dollars la tonne, pour redescendre mardi à son précédent record de jeudi dernier à 8570 dollars.

Selon David Thurtell de BNP Paribas, la chute des stocks de cuivre serait faussée en partie par le retrait du métal des entrepôts, en vue d’augmenter les prix sur le marché. Les stocks seraient en suite stockés en secret.

Sources : AFP, afx, Bbc Afrique