Les 35 heures ont vécu selon Nicolas Sarkozy

Affiche_sarkozy_2 … c’est en tout cas le souhait exprimé par notre Président lors de son marathon-interview de ce matin.

La fin des 35 heures, ce n’est pas tout à fait ce qui était dit dans le programme présidentiel. On parlait alors de « travailler plus pour gagner plus ». Alors, comment compenser la perte des 35 heures pour un salarié ?

Nicolas Sarkozy a évoqué plusieurs pistes. Comme le principe d’une augmentation générale et arbitraire des salaires ne peut être décidé légalement dans une Union Européenne adepte du libre-échange, on ressort les bonnes vieilles recettes de la participation, de l’intéressement et des stocks options.

Nicolas Sarkozy a également souligné que « les caisses de l’Etat sont vides ».  On va finir par le savoir, mais la faute à qui ?

Pour notre Président, tout cela rentre bien dans la continuité de son action réformatrice : « Bien sûr qu’en 2008 nous poursuivrons la politique de revalorisation du travail ».

Alors, comment inciter les entreprises à mieux répartir leurs bénéfices ? « ll faut rééquilibrer la répartition des conséquences du succès entre les actionnaires et les salariés. »

Conditions réglementaires et fiscales plus favorables ; rééquilibre de la répartition des conséquences du « succès » entre les actionnaires et les salariés, libre choix des salariés entre intéressement immédiat et participation bloquée cinq ans ; stocks options pour tous ;  distribution d’actions gratuites ; lutte contre les fonds spéculatifs « extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n’obéissent à aucune logique économique » ; faveur du capitalisme familial « plus enraciné dans les territoires »… tout cela fleure bon le neo-gaullisme !

Certes, mais le monde a changé depuis 1967 : désormais c’est la seule mondialisation qui régule l’économie française. Et que vont pouvoir proposer les entreprises en difficultés en compensation de la perte des 35 heures ? Sans compter que de nombreuses entreprises dites familiales ne vont pas forcément voir d’un très bon oeil l’ouverture de leur capital à leurs salariés. Un salarié actionnaire est un salarié qui est en droit de demander des comptes, dans tous les sens du terme d’ailleurs !

Quant aux cadres, les principaux bénéficiaires des 35 heures, gagner plus signifiera payer plus d’impôts : quand on n’a pas vraiment d’horaires et que les 35 heures travaillées (voire les 39h) sont du domaine de la théorie, mieux vaut bénéficier de journées de congés supplémentaires.

On voit bien ici les limites de l’exercice : trop de conditions subordonnent le succès des options proposées.

Nicolas Sarkozy se voulait le candidat du pouvoir d’achat : 14 milliards d’euros auraient été injectés dans le pouvoir d’achat des Français avec le très contesté paquet fiscal. Mais 14 milliards pour les seuls plus hauts revenus, ceux du bouclier fiscal.

Alors, une démonstration réussie ? Pas si sûr. Les marges de manoeuvre de notre Président sont évidemment de plus en plus étroites : l’inflation augmente, la croissance est décevante, et une crise boursière mondiale pointe son nez. Les sacrifices seront inéluctables.

Moins d’un an après son élection, le candidat Sarkozy doit composer pour réformer la France, alors autant faire bonne figure devant 600 journalistes et la France qui regarde le JT de 20h00. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent disait avec cynisme Montherlant.

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(7 commentaires)

  1. PARIS (AFP) – Les 35 heures sont « l’une des erreurs économiques et sociales les plus graves qui aient été commises dans notre pays depuis 25 ans », a affirmé mardi le Premier ministre François Fillon à l’Assemblée.
    Le président Nicolas Sarkozy a appelé mardi matin le gouvernement à « poursuivre la libération du travail, pour qu’enfin disparaisse ce carcan des 35 heures, qui fut une des erreurs économiques et sociales les plus graves qui aient été commises dans notre pays depuis 25 ans », a-t-il dit, en réponse à une question d’actualité du patron du groupe UMP, Jean-François Copé.
    M. Fillon a déclaré que M. Sarkozy avait « fixé le cap de l’année 2008 », en « proposant de poursuivre l’adaptation de notre pays aux changements du monde, changements que pendant si longtemps nous avons refusé d’admettre ».
    Le chef de l’Etat a déclaré mardi qu’il souhaitait pour 2008 la fin des 35 heures, lors de sa conférence de presse à l’Elysée.
    Le 5 décembre 2007, François Fillon avait expliqué préférer le développement des heures supplémentaires à une suppression de la durée légale du travail à 35 heures hebdomadaires.
    Le chef du gouvernement a repris à son compte tous les engagements pris par Nicolas Sarkozy mardi matin, parmi lesquels une plus forte « concurrence pour peser sur les prix », « un partage plus équitable des fruits de la croissance » avec un accès élargi aux stock-options, ou bien encore l’introduction d’un nouveau préambule dans la Constitution sur « les droits de l’Homme » dans le cadre de la « modernisation des institutions ».
    A propos de la « réforme profonde du service public de l’audiovisuel » annoncée par le chef de l’Etat, qui a souhaité la suppression pure et simple de la publicité, François Fillon a taclé la gauche, estimant qu’elle en « avait rêvé » mais que c’est son gouvernement qui « allait le faire ».
    « La télévision publique ne dépendra plus des contraintes commerciales de la publicité », a-t-il insisté.
    « Je suis convaincu que les Français n’ont pas peur de ces changements. En réalité, les Français sont seulement impatients d’en mesurer les effets. Avec votre aide, votre soutien, tous ces engagements seront tenus en 2008 », a-t-il conclu.
    Le Premier ministre avait débuté sa réponse en rendant hommage à l’ancien président de l’Assemblée nationale Raymond Forni et en souhaitant une « excellente année » aux députés.
    Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat aux relations avec le parlement a souhaité mardi un « grand débat sur les 35 heures », sans exclure qu’il puisse avoir lieu dans le cadre d’un projet de loi pour réformer la durée du temps de travail.

  2. M. Fillon oublie l’explosion des loisirs, des nuits d’hôtel, du tourisme en général et de tous les emplois créés sur ce secteur.
    Sans compter que les entreprises ont dû faire un bond de… 10% de productivité.
    Maintenant, la droite libérale souhaite revenir aux 39 heures. Et quid des répercussions ? Personne ne parle des hausses de salaires inéluctables. Des hausses de… 10% !

  3. Jean-Philippe Grégoire,
    Il n’est pas question de revenir aux 39 heures mais de supprimer purement et simplement la durée légale du travail.
    Chaque branche fixerait la durée de travail dans sa convention collective.
    On pourrait donc avoir 45 heures par semaine dans le bâtiment par exemple et 24 heures par semaine dans les assurances. Il est même question que cela puisse se faire par entreprise. Un véritable fouillis.

  4. Les dirigeants socialistes ont commenté: « si il n’y a plus de durée légale du travail, il n’y aura plus de paiement d’heures supp possible »

  5. Assemblée nationale
    Compte rendu
    analytique officiel
    Séance du mardi 8 janvier 2008
    2ème séance
    Séance de 15 heures
    Mme Geneviève Fioraso :
    Ma question fait suite à la seule véritable information ressortie de la conférence de presse tenue ce matin par le Président de la République.

  6. Hervé Novelli souhaite la fin des 35 heures par la négociation
    Le secrétaire d’Etat chargé du Commerce et des PME, Hervé Novelli, s’est déclaré dimanche pour « la suppression des 35 heures à terme par la voie de la négociation contractuelle », c’est-à-dire dans le cadre de négociations entre employeurs et salariés.
    Interrogé pour savoir s’il « souhaitait à terme la suppression des 35 heures » dans un entretien au Parisien, M. Novelli a répondu : « oui, je le souhaite, mais par la voie de la négociation contractuelle ».
    C’est la première fois qu’un responsable gouvernemental se prononce aussi clairement pour une remise en cause des 35 heures, depuis la polémique soulevée par Nicolas Sarkozy en janvier.
    Après avoir souhaité la fin des 35 heures en 2008, le chef de l’Etat avait rectifié le tir, assurant qu’il n’était pas dans son « intention de supprimer la durée légale du travail ».
    Il avait néanmoins confirmé l’intention du gouvernement de permettre des dérogations, à condition d’avoir des accords majoritaires branche par branche ou entreprise par entreprise.
    Les syndicats mettent en garde contre le risque que ce type de négociations ne tourne au chantage au maintien de l’emploi.
    Par ailleurs, interrogé sur un éventuel allongement « au-delà de 41 ans » de la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein, M. Novelli a refusé d’écarter a priori cette possibilité: « pourquoi pas ? », a-t-il dit.
    Le secrétaire d’Etat a également regretté que la voie du « complément volontaire et individuel de retraite » ne soit « pas suffisamment empruntée ».
    « Nous ne sommes pas condamnés à un seul mode de financement: il peut aussi y avoir un financement par capitalisation », a-t-il estimé.
    Les syndicats ont appelé à une journée de manifestations le 22 mai contre la volonté du gouvernement de porter la durée de cotisation à 41 ans d’ici 2012 pour une retraite à taux plein.
    http://afp.google.com/article/ALeqM5grl6D2uVmV7aQ7SYZWeKJhvVY1zw

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