Nigéria/pétrole : attaque contre un oléoduc de Shell

ShellkenDes hommes armés ont attaqué jeudi matin un oléoduc de la compagnie Shell qui alimente son terminal de chargement de Forcados dans le sud pétrolier du Nigéria.

L’oléoduc n’a pas sauté mais une partie des activités a été suspendue en raison des dégâts, ont indiqué jeudi soir des responsables de la multinationale.

Une telle nouvelle pourrait avoir un impact important sur le montant de la production de brut disponible et pourrait faire repartir le cours du pétrole à la hausse.

« Nous avons procédé à une inspection par hélicoptère pour évaluer les dégâts. Il y a une fuite. Cette attaque nous a conduit à réduire la pression dans l’oléoduc », a précisé un responsable de Shell, sous couvert de l’anonymat.

Un autre responsable de la compagnie a confirmé qu’il n’y avait pas eu d’incendie ni d’explosion. « L’oleoduc a été endommagé, et nous nous préparons pour les travaux de réparation ainsi que les opérations de nettoyage en raison des fuites de pétrole », a-t-il ajouté. « En tout cas le terminal n’est pas paralysé », a-t-il affirmé.

Selon un expert indépendant, le terminal de Forcados est, avec celui de Bonny (plus au sud dans l’Etat de Rivers), la plus importante installation de Shell au Nigeria. Ce terminal de Forcados avait été modernisé pendant 5 ans dans les années 1990 par la société italienne Saipem (ex-Bouygues Offshore)

Début octobre, Shell avait repris le chargement au terminal de Forcados d’où 380.000 barils sont exportés en moyenne par jour alors qu’il était jusque là fermé depuis 18 mois. Shell avait alors levé l' »état de force majeure » déclaré depuis février 2006, lorsque des militants de mouvements ethniques du delta du Niger avaient attaqué et endommagé les oléoducs alimentant le terminal en brut.

Un correspondant affirmant parler au nom du Mouvement d’Emancipation du Delta du Niger (MEND) a affirmé jeudi soir dans un message sur internet être responsable de l’attaque. Mais depuis l’arrestation il y a plusieurs semaines en Angola du « porte-parole » de ce mouvement armé, Jomo Gbomo, les messages envoyés aux medias internationaux sont sujet à caution quant à leur authenticité.

L’auteur de la revendication annonce d’autres attaques sur des « cibles non pétrolières » au Nigeria.

Pour rappel, le Nigeria est le premier producteur de brut en Afrique, et le 8e exportateur mondial avec 2,14 millions de barils par jour, mais sa production a été amputée de 25% depuis 2006 en raison de la situation dans le delta du Niger. Shell est le premier opérateur pétrolier au Nigeria, produisant à lui seul près de la moitié des 2,6 millions de barils extraits quotidiennement dans le pays en période de pointe. Les problèmes de sécurité dans le delta du Niger, notamment des enlèvements, ont cependant contraint la firme anglo-néerlandaise à réduire sa production de quelque 477.000 barils par jour.

Les populations du Delta du Niger réclament quant à elles une meilleure répartition des revenus pétroliers et reprochent aux grandes compagnies de polluer gravement la région.

Shell a restructuré ses opérations au Nigéria afin d’améliorer sa productivité et de réduire ses coûts, a affirmé la compagnie dans un communiqué mercredi. Plusieurs filiales locales du groupe, comme Shell Production and Development Company Limited, Shell exploration and Production Africa Limited et Shell Nigeria Exploration and Production Company Limited ont par exemple été fusionnées. « Le projet One Shell vise à éliminer les activités qui seraient en doublon au sein des différentes filiales », a expliqué Shell.

A l’exception de certaines activités de services, qui resteront divisées entre les trois anciennes filiales, une seule structure chapeautera les activités des trois filiales en matière de production, de développement et de gestion des projets, a souligné le directeur général de Shell Nigeria, Basil Omiyi. « Nous opérons dans un environnement extrêmement difficile où depuis quelque temps déjà les niveaux de production ont été grandement touchés par les problèmes de sécurité », a ajouté M. Omiyi.

La récente escalade des prix du pétrole n’est « pas liée directement à l’offre ou la demande », a estimé pour sa part jeudi le ministre nigérian de l’Energie Odein Ajumogobia, mettant en cause la spéculation et les facteurs géopolitiques. « L’escalade des prix que nous avons constatée lors des quatre derniers mois est sans précédant et nous ne pouvons certainement pas la relier directement aux questions d’offre et de demande », a-t-il précisé en marge des réunions préparatoires du Sommet de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui se tient ce week-end à Ryad. « Nous n’avons jamais vu des prix aussi hauts. (…) Il y a « une nouvelle dynamique très forte dans le marché », a-t-il poursuivi.

« Il y a une perception selon laquelle les pays producteurs bénéficient de prix élevés » mais au final « des prix élevés ne sont pas bons pour nous car ils créent une forte volatilité, pèsent sur la demande et entraînent par conséquent une baisse des prix« , a-t-il expliqué.

Source : AFP

A lire également :

. Le cours du pétrole chute de plus de 3 dollars à New York

. Lagarde: l’Arabie saoudite pourrait augmenter sa production

Opep : augmentation de production à l’étude

Swing du pétrole entre crainte sur la demande et tempête en Mer du Nord