Le cours du pétrole chute de plus de 3 dollars à New York

Oil_drop Les prix du pétrole ont dégringolé de plus de trois dollars mardi à New York, redescendant près de 91 dollars le baril à la clôture.

Si plusieurs facteurs ont été à l’origine de la baisse, l’annonce émanant de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) précisant qu’elle réduisait ses prévisions de demande a été prépondérante.

Alors que les analystes scrutaient attentivement les marchés en vue de déterminer le moment ou particuliers et pays consommateurs ne seraient plus à même de supporter un prix de l’énergie toujours plus élevé, le rapport de l’AIE leur a fourni des éléments tangibles permettant d’affirmer que la demande s’érodait en raison de ces prix.

– Le cours du baril dégringole après le rapport de l’AIE

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en décembre a perdu 3,45 dollars pour clôturer à 91,17 dollars. Il est descendu en séance jusqu’à 90,13 dollars. Sur l’Intercontinental Exchange de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a fini en baisse de 3,15 dollars à 88,93 dollars, après être passé sous la barre des 88 dollars le baril en séance.

Alors qu’ils avaient déjà perdu plus d’un dollar lundi, les cours ont accéléré leur plongeon, redescendant à environ sept dollars de leur record à New York (98,62 dollars le baril) et à Londres (95,19 dollars).

Dans son rapport mensuel, l’AIE a revu en baisse de 500.000 barils par jour (b/j) sa prévision de croissance de la demande pour le quatrième trimestre, relevant « des signes forts qui montrent que les prix élevés pèsent sur la demande« . Elle table désormais sur une demande de 85,7 mb/j pour 2007 et 87,7 mb/j pour 2008.

Mais certains considèrent toutefois que la situation économique actuelle des Etats-Unis et des pays de l’OCDE permet également d’expliquer la réduction des besoins énergétiques.

Des prévisions météorologiques « annonçant des températures au-dessus de la normale pour janvier et février » ont également pesé sur les cours du brut, car ces mois de l’année sont une période de forte consommation de fioul de chauffage dans l’hémisphère nord.

Le mouvement des cours a été également accentué par l’expiration d’options sur le Nymex. « Il y avait tellement d’options prises arrivant à expiration qu’une telle volatilité était attendue », précisent les analystes. Certains avaient anticipé que cette volatilité technique pourrait donner un nouvel élan au marché du pétrole et le pousser jusqu’au seuil symbolique de 100 dollars le baril, mais elle a finalement joué en sens inverse.

– Nouveaux appels pour une augmentation de la production de l’OPEP

Alors que les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vont se réunir ce week-end en Arabie Saoudite, l’AIE, qui dépend de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a de nouveau appelé le cartel pétrolier à augmenter sa production pour relâcher la pression sur les prix.

Une demande identique a été formulée mardi à Rome par le secrétaire américain à l’Energie, Samuel W. Bodman. Interrogé pour savoir s’il demandait à l’Opep d’augmenter sa production, M. Bodman a répondu « oui, bien sûr », lors d’un point presse en marge du congrès mondial de l’énergie, qui se tient à Rome jusqu’à jeudi. M. Bodman a également estimé qu’il était « trop tôt pour donner un avis » sur un éventuel impact des prix élevés du pétrole sur la demande en énergie. Mais il a reconnu que « des prix élevés sont bons pour inciter les gens à faire attention » à leur consommation d’énergie.

– Qatar et Algérie ne s’attendent pas à une décision prochaine de l’OPEP

Mais faisant écho à des déclarations du ministre saoudien au Financial Times, les ministres qatari et algérien de l’Energie ont indiqué mardi qu’ils ne s’attendaient à aucune décision de l’Opep sur son niveau de production au sommet des chefs d’Etat les 17 et 18 novembre en Arabie saoudite.

Les chefs d’Etat à ce sommet « ne traitent pas du marché du pétrole, des prix du pétrole. Ils s’occupent de stratégie à long terme », a précisé le ministre algérien de l’Energie Chakib Khelil, le futur président de l’Opep. Les pays membres du cartel devraient publier selon lui « une grande déclaration sur comment aider à stabiliser le marché, comment aider les pays pauvres », sur la coopération avec les pays consommateurs, sur les technologies pour lutter contre la pollution.

Le cartel doit aussi se réunir le 5 décembre à Abou Dhabi.

Le ministre qatari, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, a déclaré de son côté qu’il « ne pensait pas » que l’Opep prendrait une décision ce week-end, qui est une réunion de chefs d’Etat et pas des ministres de l’Energie. « Il y aura un message fort » pour dire que « nous ferons de notre mieux du point de vue des producteurs« , a-t-il ajouté. Selon le ministre qatari, les prix du pétrole, qui ont frôlé les 100 dollars la semaine dernière « sont très volatils ». « C’est une force de marché, nous ne pouvons pas la contrôler », a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi a laissé entendre que l’Opep ne déciderait sans doute pas une augmentation de sa production pour calmer les prix lors de son sommet de Ryad. Les craintes d’une pénurie de pétrole sont « sans fondement » et « il n’y a aucune raison pour qu’elles poussent les prix au niveau où il sont aujourd’hui », a-t-il par ailleurs déclaré. Dénonçant ce qu’il a appelé le « pessimisme » des « gourous » et autres « experts », M. Nouaïmi a affirmé que « les cours (du brut) aujourd’hui n’ont vraiment aucune relation avec les données de bases du marché ».

« Je crois que l’Opep en général et l’Arabie saoudite en particulier ont démontré leur capacité à réagir très rapidement à tout perturbation » sur les marchés pétroliers, a-t-il poursuivi.

Source : AFP

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