Areva : le CEA dément vouloir céder 30 % du capital

Areva_franceLa direction du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) a apporté jeudi soir « un démenti formel » aux informations selon lesquelles ce dernier serait prêt à vendre 30% de ses actions dans Areva.

Pourtant, une source syndicale avait précédemment rapporté que la direction du CEA avait indiqué mercredi devant le comité national de l’organisme public qu’elle était prête « à vendre 30% de ses actions dans Areva, pour descendre à 49% » afin de financer le démantèlement de ses anciennes installations nucléaires civiles et militaires ».

Rappelons qu’un proverbe affirme pour sa part qu’il n’y a pas de fumée sans feu

« La direction du CEA apporte un démenti formel » à ces informations, indique le communiqué, ajoutant que les chiffres avancés « ne correspondent absolument pas à la réalité des informations présentées ». « Conformément au décret du 21 décembre 1983, le CEA doit conserver la majorité du capital d’Areva », affirme le communiqué. Ce qui laisserait tout de même sous entendre que c’est la hauteur du pourcentage qui porterait à discussion, et non pas le projet de cession lui-même…

Le capital du groupe nucléaire Areva est actuellement public à près de 85%, dont 79% appartenant au CEA, et à 5,2% à l’Etat. Il est déjà ouvert à 4%, avec des actions sans droit de vote cotées à la Bourse de Paris.

« Comme prévu dès la création d’Areva (…), la cession d’une partie du capital du groupe doit permettre de financer sur le long terme le démantèlement des installations nucléaires du CEA » par deux fonds dédiés, civil et et défense, précise par ailleurs le communiqué. « La part du capital d’Areva nécessaire pour la couverture en coût complet de ces besoins financiers est évaluée à 20% pour le fonds civil ». Quant à la couverture du fonds défense, elle est « déjà assurée » mais en partie par « une dette de l’Etat », explique le CEA, qui propose « parmi d’autres solutions, d’apurer cette dette par une monétisation supplémentaire de 7,5% des titres Areva ».

Le coût de ces démantèlements, pour le CEA, représenterait 8 milliards d’euros, affirmait fin 2006 le directeur du site de Marcoule Loïck Martin-Deidier.

Un fonds civil a été créé en 2001, doté d’actifs financiers liquides et de 15% du capital d’Areva sur les 79% détenus par le CEA, qui devaient être monétisés en 2005 dans le cadre d’une ouverture du capital du groupe. Un fonds défense a été créé fin 2004, financé par des soultes de l’électricien EDF et d’Areva NP et par une contribution que l’Etat s’était engagé à verser. « Nicolas Sarkozy, alors ministre (de l’Economie), s’était engagé à verser 1,5 milliard d’euros (…). Cette promesse n’étant pas honorée, la seule solution, pour Alain Bugat, passe par la vente d’une partie des actions du CEA« , explique quant à elle l’UFSN (l’Union fédération des syndicats du nucléaire) dans un communiqué publié jeudi. L’UFSN précise par ailleurs avoir mandaté le cabinet d’experts comptable Syndex pour « étudier les conséquences », pour le CEA, d’une ouverture du capital d’Areva.

L’Elysée étudie plusieurs schémas de refonte du groupe nucléaire, dont un rapprochement avec le groupe industriel privé Alstom, ce qui impliquerait d’ouvrir davantage son capital.

Rappelons, que tandis qu’en juin dernier, les syndicats de France Telecom avaient dénoncé la « poursuite de la vente des bijoux de famille » après l’annonce surprise par Bercy de la cession de 5 à 7% du capital par l’Etat, la ministre de l’Economie Christine Lagarde, a indiqué courant septembre que le gouvernement avait prévu de céder pour 5 milliards d’euros de participations de l’Etat en 2008.

« Il n’y a pas de dossier spécifique envisagé pour 2008 mais une gestion raisonnable et prudente qui consiste à céder des participations en tout ou partie. C’est ce que nous avions fait avec France Télécom », avait alors expliqué Mme Lagarde. « On n’exclut pas de le faire. A priori, cela va dépendre des conditions de marché et du caractère stratégique ou non des participations », avait-t-elle dit, ajoutant que le gouvernement apprécierait ces opportunités « de manière régulière, en bon gestionnaire de portefeuille ».

Les recettes issues des cessions d’actifs de l’Etat doivent être affectées au désendettement de l’Etat et des administrations publiques. Elles constituent donc un moyen de faire baisser la dette, qui à 64,2% du PIB outrepasse largement le plafond de 60% exigé par le pacte de stabilité européen.

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