Pour la seconde soirée consécutive et de façon intermittente, la bande de Gaza a été privée d’électricité. Cette panne gigantesque est due à un phénomène en cascade dont la raison première est l’interruption de la dernière unité de production électrique fonctionnant au fioul, en l’absence de réglement par l’Union européenne (UE) de la facture des livraisons du carburant.
La dernière unité de production d’électricité de Gaza a été fermée dimanche malgré l’autorisation par Israël d’une reprise des livraisons de fioul après des coupures de courant.
« L’Union européenne n’a pas réglé le paiement (de la livraison de fioul) pour aujourd’hui (dimanche). Nous réexaminons tous les aspects du dossier », a déclaré Alix De Mauny, la porte-parole de la Commission européenne à Jérusalem. Elle a exprimé toutefois l’espoir « que le paiement sera effectué dans 24 et au maximum 48 heures, suite à ce réexamen ».
« L’UE a donné comme consigne à la compagnie qui livre le fioul de stopper la livraison en raison des difficultés du Hamas de réunir les fonds nécessaires« , a indiqué de son côté Moujahed Salama, chargé du département des carburants auprès de l’Autorité palestinienne.
La compagnie en question, Dor Allon (privée) qui fournit la bande de Gaza en carburant et en gaz domestique, a confirmé dans un communiqué à l’AFP « qu’un représentant de l’UE lui a demandé de ne pas fournir de fioul aujourd’hui vu qu’elle ne pourrait en garantir le paiement », ajoutant que la « livraison sera rétablie quand l’UE nous en garantira le paiement ».
Le dernier générateur encore en fonctionnement de la centrale électrique de Gaza a été mis à l’arrêt dimanche, a indiqué son directeur, Rafik Maliha. Les trois autres générateurs avaient cessé de fonctionner depuis vendredi, faute de fioul. Le terminal de Nahal Oz, par où transite le fioul alimentant l’unique centrale électrique palestinienne, avait été fermé jeudi « pour des raisons de sécurité », par les autorités israéliennes. La mesure avait provoqué des coupures d’électricité dans une partie du territoire palestinien, notamment dans plusieurs secteurs de la ville de Gaza.
Les Palestiniens dépendent d’Israël pour la fourniture de fioul alimentant cette unique centrale de 140 mégawatts en fonctionnement, dans la bande de Gaza, depuis 2004. Elle avait été bombardée par Israël en juin 2006 après l’enlèvement du soldat Gilad Shalit par trois groupes armés palestiniens, dont l’un relevant du Hamas.
Dans la matinée, le général israélien Nir Press, chef de l’unité de liaison pour la bande de Gaza, a précisé à la radio publique que la compagnie israélienne d’électricité fournissait 120 mégawatts à la bande de Gaza, soit 70% de la consommation, tandis qu’une ligne en provenance d’Egypte représente 5%, le reste étant fourni par une centrale palestinienne fonctionnant avec du fioul importé d’Israël.
Le général Nir Press a également précisé qu’il n’y avait « aucun contact » avec le Hamas. « Nous communiquons avec les responsables du Fatah de Mahmoud Abbas et du Premier ministre Salam Fayyad qui nous transmettent les demandes », a-t-il ajouté.
Selon un responsable palestinien, la centrale de Gaza fournit 40% de l’électricité consommée dans la bande de Gaza, 50% proviennent d’Israël et 10% d’Egypte.
A Ramallah, en Cisjordanie, le ministre palestinien de l’Information a attribué au Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis la mi-juin la responsabilité de cet imbroglio. « Durant des semaines nous avions prévenu que Gaza serait plongé dans l’obscurité si le Hamas persistait à conserver les millions collectés auprès de la population et à les distribuer à la Force exécutive (sa police) », a affirmé Riyad al-Malki lors d’une conférence de presse. « La population de Gaza doit descendre dans la rue et dire au Hamas qu’il est responsable de ce crime », a-t-il dit.
Dans un communiqué publié à Gaza, des députés du mouvement islamiste Hamas ont exhorté « les donateurs européens à reconsidérer leur décision inhumaine susceptible, selon eux, d’affecter durement la nation palestinienne ». Ils ont rejeté la responsabilité des « coupures d’électricité criminelles » sur le président palestinien Mahmoud Abbas et le gouvernement du Premier ministre Salam Fayyad mis en place à Ramallah après le coup de force du Hamas à Gaza.
Source : AFP
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