Liens utiles:
Sur les Hedge funds
Sur le carry trade
<a href="http://www.leblogfinance.com//images/smg.podemus.net/Audio/hedgefunds.mp3"><img src="http://podemus.com/img//podcast-icon.gif" border="0" alt="Podcast" /></a>
Version texte
Alors que la législation entourant les Hedge Funds est actuellement remise en cause, les avis semblent partagés sur la question. En effet, si le Trésor US a publié une charte visant à améliorer l’encadrement législatif de ces fonds, dans un souci de « protection des investisseurs et des risques systémiques »,
Henry Paulson qui en est le Secrétaire, a réagi vivement à cette annonce, estimant, lui, que la régulation actuelle est suffisante et « fonctionne bien ».
Les critiques que se voient adresser les Hedge Funds concernent leurs stratégies d’investissement, accusées d’apporter déséquilibres et risques sur les marchés (pression sur les prix des matières premières, développement du yen carry trade – Lire l’article « Les opérations “carry-trade” : la prochaine bulle spéculative? »), mais également le manque de transparence de leurs positions.
Les Hedge Funds : une approche « innovante »
Ces fonds – aujourd’hui au nombre de 9000 et gérant 1500 milliards de dollars – reposent sur une gestion dite « alternative », c’est-à-dire une recherche de performance décorélée de celle des actifs sur lesquels elle s’appuie. Ainsi, ces fonds cherchent à ne plus être sensibles aux variations conjoncturelles des marchés. Pour ce faire, les techniques d’investissement employées sont variées et contribuent fortement à l’innovation financière. Cependant, une constante est présente dans leurs stratégies : un usage massif de produits dérivés, permettant de se couvrir (« to hedge ») contre les aléas de marché, de spéculer et de profiter d’un fort effet de levier.
Evolutions Hedge Funds
Evolution des Hedge Funds de 1994 à aujourd’hui
De plus, les fonds mettent en place un effet de levier au niveau du financement. Ceci signifie que lors d’un investissement, un faible pourcentage de la transaction est payé en fonds propres, le reste étant financé par emprunt auprès de banques. Cette pratique permet de prendre des positions bien plus importantes que ce que ne le permettrait une gestion reposant sur un usage exclusif des fonds propres.
Des acteurs incompris mais essentiels…
A en croire les récentes prises de position contre les Hedge Funds, il semblerait que cette industrie soit peu comprise. Ainsi, les critiques qui leur sont adressées concernent les caractéristiques même de ces fonds. Le manque de transparence qui leur est reproché est un point essentiel de leur stratégie d’investissement. En effet, s’ils dévoilaient ces dernières, tous les investisseurs pourraient profiter de l’expertise et des outils complexes développés par les Hedge Funds pour repérer les incohérences de marché, réduisant les gains des fonds et les menaçant de disparaître.
D’autre part, une amélioration de la transparence ne serait exploitable que par peu d’investisseurs en raison de la très forte complexité des produits utilisés (CDO synthétiques…), ce qui réduit considérablement les objectifs de protection des investisseurs annoncés par le Trésor.
Enfin, les Hedge Funds ont un rôle essentiel sur les marchés, d’autant plus important que la mondialisation des places financières provoque des déséquilibres. Les fonds, dont une des stratégies d’investissement est l’arbitrage, exploitent ces déséquilibres et les suppriment. Ces opérations augmentent ainsi l’efficience des marchés. Il est également à noter le rôle joué par les fonds dans l’amélioration de la circulation des liquidités mondiales. Par leurs investissements, les Hedge Funds déplacent des poches de liquidités préalablement cloisonnées.
…porteurs de risque systémiques ?
Les Hedge Funds comportent néanmoins un risque réel : le leverage de financement. En effet, lors d’une prise de position sur des produits dérivés, la caution apportée par les fonds pour payer les primes de ces produits représente une part très faible du montant total des primes (le reste est financé par la banque prêteuse). De plus, les dérivés donnant accès à des produits dont la valeur est très supérieure, l’engagement final peut être 100 fois supérieur à la caution apportée. Or, les Hedge Funds jouent sur des produits à forte volatilité, donc, en cas de mauvaises anticipations, les pertes peuvent être considérables, très largement supérieures aux fonds propres du fonds, et le débouclage des positions (imposé ou non par le prêteur) peut alors déséquilibrer les marchés.
Cependant, comme l’a récemment rappelé Michel Prada, président de l’AMF « aujourd’hui […], les Hedge Funds ne constituent pas un « trou noir » de la sphère financière ou un « impensé » pour les autorités de régulation financière, qui ont d’ores et déjà mis en
Bonjour David,
Voix très « didactique » ! Ca en fait du texte à lire, je crois que je vais rester personnellement sur des versions « texte ».
J’aime beaucoup la remarque de Michel Prada, qui veut bien dire ce qu’elle dit : des dispositifs de contrôle existent, mais comment les appliquer ?
Très bonne présentation du sujet, et surtout bien équilibrée. Les discours manichéens sur le hedging sont fatigants! Par contre, il y a peut-etre un aspect passé sous silence dans tout ca, et je vais essayer de l’expliquer:
Le hedging, c’est un peu comme l’Analyse Technique et les indicateurs de tendance au moment du boom de l’accès aux megaflops sur des ordinateurs bon marché. Je veux dire qu’il y a quelques années, c’était franchement nouveau et il n’y avait que très peu de concurrence sur le secteur. Du coup, les hedge qui utilisaient un trading original pouvaient se permettre d’utiliser des modèles « perfectibles » (c’est ce dont j’ai essayé de parler dans mes 2 posts sur la finance mathématique) et réaliser des profits importants. Un peu comme au début, les gens qui faisaient des chandeliers, du RSI, du MACD et du Bollinger avaient une longueur d’avance parce que le gros du peloton trouvaient les tendances fortes après eux; ils étaient donc plus réactifs.
Actuellement, l’AT n’est plus réellement un avantage qui marche à tous les coups! Et le hedging basé sur les modèles mathématiques est en train de subir le meme sort, encore accentué par la multiplication du nombre de ces fonds, ce qui augmente la concurrence entre eux.
Il faut savoir que maintenant, bien des hedgers sont issus des plus grandes ecoles francaises de mathématiques et ont fait les taupes les plus dures; je ne pense personellement pas qu’il y ait encore beaucoup de marge en termes d’amélioration à court terme. Or, les encours des hedge funds continuent à croitre … Une purge devra s’opérer un jour ou l’autre.
Pour finir, l’aspect de l’influence du niveau de vie des hedgers sur l’économie autour d’eux (par exemple, la bulle immobilière dans la City) n’a pas été abordé. Là-dessus, il y a un laius dans le livre sur LTCM:
http://www.amazon.fr/When-Genius-Failed-Long-Term-Management/dp/0375758259
Bonjour Jean-Philippe,
Oui, la remarque de M.Prada fait profondément sens. Il semble que compte tenu de la proximité d’intérêts banque broker fonds, le meilleur contrôle sur l’exposition globale pourrait être le client final cad l’investisseur. Ce la impliquerait de réduire (par exemple) l’accès de ces fonds aux professionels. ET de normaliser le risk reporting. Ce n’est pourtant pas sans limites…
Merci Laurent,
TT à fait d’accord, là aussi la concurrence a réduit marges et spreads…
Un des plus grands problèmes est de décider « sérieusement » si l’idée intuitive stipulant que « plus un marché est liquide, plus il est efficient » est fondée ou pas. Alors bien sur, on sait déjà que le FOREX est plus efficient que le Compartiment C ou Alternext, mais ce n’est pas suffisant pour asseoir solidement les hedge funds sur la base mathématique avec laquelle ils travaillent tous.
A voir la possible intervention d’un hedge fund dans l’ajournement de l’AG de AUSY dont je viens de parler dans un article. Les startégies de création de valeur à court termes semblent téléscoper de plus en plus la stratégie de développement des entreprises cotées.
Concernant AUSY, 55,6% du capital est constitué de « bearer shares ».