Mais qui est derrière les ETF sur or ? (2/2)

Suite de l’article intitulé Record de la demande mondiale d’or en 2005.

Wgclogo_2D’où vient l’impulsion qui a abouti à la création des ETF sur or ? Pour répondre à cette question, il suffit d’évoquer l’organisme qui a publié le communiqué que nous avons commenté dans la première partie de l’article. Plus connu sous son acronyme anglais ‘World Gold Council‘ (site www.gold.org ; logo ci-contre), le Conseil mondial de l’Or se présente lui-même comme un organisme à vocation marketing et commerciale dont le but est de « promouvoir la demande d’or sous toutes ses formes au travers de campagnes marketing sur les principaux marchés internationaux ». Il a été fondé en 1987 par et pour des entreprises minières du secteur aurifère. Elles en assurent le financement grâce à des cotisations calculées selon l’importance de leur production, selon le glossaire des métaux précieux de la banque canadienne Scotia.

Le WGC se décrit comme « le premier promoteur de la cause de l’or dans le monde ». Outre l’organisation d’évènements assurant la promotion de la bijouterie en or, le WGC travaille aussi à « l’abaissement des freins réglementaires allant à l’encontre de la détention de produits aurifères, aide à développer les réseaux de distribution et promeut le rôle de l’or en tant qu’actif de réserve auprès des établissements monétaires » (« official sector », ce qui désigne les banques centrales et les organismes internationaux de régulation monétaire comme le FMI ou la BRI).

Le WGC travaille main dans la main avec le GFMS (site : www.gfms.co.uk), les deux organismes étant basés à Londres. GFMS se définit comme un spécialiste de la recherche et du conseil économique sur les métaux précieux, et compile les séries statistiques reprises que reprend le WGC, dont celles dont nous venons de parler.

  • Qui sont les membres et les bailleurs de fonds du WGC ?

Qui sont les membres du World Gold Council ? Il suffit de consulter une page de leur site pour le savoir. En tout et pour tout, le WGC compte 20 membres. Et donc autant de compagnies minières qui constituent le « top 20 » du secteur, pourrait-on penser.

Et bien pas du tout ! Une compagnie est sur-représentée dans cette liste, et ne s’en cache pas trop : Barrick Gold est ainsi membre en tant que groupe, mais quatre de ses filiales intégralement consolidées le sont aussi. Trois de ces dernières portent dans leur raison sociale le nom de Barrick, et la quatrième est Kahama Mining, une filiale tanzanienne du géant canadien. Et ce n’est pas fini, car Placer Dome fait deux fois partie de l’organisation : par son siège social, et par sa filiale asiatique. Or Placer Dome est maintenant contrôlé quasi-totalement par Barrick et ne va pas tarder à être absorbé. Bref, au final, Barrick Gold, qui va devenir le premier groupe minier aurifère mondial et dont le « hedging book » est bien garni, se retrouve avec 7 membres à lui tout seul sur les 20 que compte le World Gold Council. Une belle minorité de blocage, pour le moins.

Ajoutons à cela la compagnie péruvienne Buenaventura, cotée à New York, qui est membre en tant que groupe. Mais aussi au travers de sa filiale à 100% Cedimin, d’une autre contrôlée à 78%, Inversiones Mineras del Sur, et d’une troisième, Minera Yanacocha, dont elle détient 43% des parts. Et voilà Buenaventura à la tête de 3 sièges et demi !

Lassonde_1 Enfin, Newmont Mining, l’ancien géant aurifère que Barrick-Placer vient de détrôner en termes de production, contrôle 51% de Minera Yanacocha. Et un siège et demi pour l’américaine ! Est-ce un hasard si son « chairman » Pierre Lassonde (photo), québécois d’origine, préside aussi le World Gold Council depuis mars 1995 ?

Trois géants aurifères contrôlent 12 membres sur les 20 du WGC. Et deux groupes nord-américains, Barrick et Newmont, se partagent environ la moitié des sièges à eux seuls. Hormis d’importants sud-africains comme AngloGoldAshanti (AngloAmerican) et Gold Fields, ou encore le japonais Mitsubishi Materials, les autres membres sont des entreprises de taille moyenne.

Quid de la production, qui détermine le montant des cotisations à verser ? Nous avons calculé qu’en 2005, Barrick-Placer et Newmont avaient produit environ 18 millions d’onces d’or, soit de l’ordre de 560 tonnes. Ce qui représente 22,5% de la production minière mondiale de cette année, selon les chiffres de GFMS, et 14,5% de l’offre globale d’or 2005. De quoi doubler leur poids organique sur le WGC d’une prééminence financière.

Comme son nom ne l’indique pas, le Conseil mondial de l’Or ne représente certainement pas l’ensemble des producteurs d’or, mais assurément une poignée des plus importants d’entre eux.

  • Panorama des ETF sur or disponibles sur le marché

Nous y arrivons… Le WGC a pour mission, nous l’avons vu, de promouvoir l’intérêt du public pour l’or, notamment en tant que produit d’investissement. Ces dernières années, de nombreux ETF sur or ont fleuri dans le monde entier. Dans un rapport de janvier dernier, GFMS a recensé les fonds suivants, en indiquant la progression de leurs encours en or sur une échelle de temps.

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Retraçant le développement spectaculaire des ETF, ce graphique a une autre vertu : il se trouve que l’extrême majorité de ces fonds proviennent, comme le dit le World Gold Council, « de son initiative ».

Comprendre : le WGC est le seul et unique actionnaire de la société World Gold Trust Services, qui s’occupe de l’ETF américain streetTRACKS Gold Shares. Mieux, le WGC contrôle les deux tiers des parts de la société Gold Bullion Securities (GBS), – domiciliée sur le paradis fiscal anglo-normand de Jersey et « au capital de 100 livres anglaises » (sic et resic), indique le site de LyxOR GBS… -, qui émet les ETF disponibles à Londres, Paris et en Australie. Le tiers restant des parts de GBS est détenue par la société australienne Investor Resources Ltd. Enfin, l’ETF d’Afrique du Sud NewGold s’inscrit dans la même logique, mais est émis par la banque locale Absa. Le site internet suivant, sur lequel le logo du WGC apparaît partout, présente chacun des ETF dont l’organisme est à l’origine.

Les fonds qui ne dépendent pas du World Gold Council sont d’abord le Central Fund of Canada, un quasi-ETF fondé en 1961 par JC Stefan Spicer, qui en est toujours le président. C’est sans doute le plus ancien fonds en la matière ; il détient également de l’argent, et est coté sur la Bourse canadienne comme sur celles des Etats-Unis. Puis le Central Gold Trust, un autre quasi-ETF canadien présidé par John Embry, par ailleurs stratégiste en chef pour Sprott Asset Management. Ces deux produits nous semblent présenter des garanties plus solides que celles des ETF, en termes de conservation et de disponibilité du métal. Et enfin l’ETF iShares Comex Gold Trust, du groupe bancaire britannique Barclays.

Selon nos calculs, en date du 23 février 2006, les ETF et quasi-ETF pré-cités rassemblent un total de 487 tonnes d’or. Afin de donner un ordre de grandeur, si les ETF et quasi-ETF étaient fusionnés, ils détiendraient à l’heure actuelle plus d’or que n’en compte le stock officiel de la Banque d’Espagne (472 tonnes), et se classerait… juste après la Banque populaire de Chine (600 tonnes), qui occupe la 10ème position des banques centrales les plus pourvues en or.

Sur ce total, les ETF sur or directement organisés par le World Gold Council en concentrent 89%, soit environ 430 tonnes. Peut-on encore parler de part de marché et de concurrence avec de telles proportions ?

Surtout, alors que le communiqué du WGC cité dans cet article porte longuement, dans ses deux premières pages, sur les ETF or sans presque jamais évoquer le rôle déterminant qu’y joue le Conseil, dans quelle mesure de telles déclarations parées d’indépendance ne sont pas de la publicité subreptice ? Le public n’est-il pas trompé par de tels propos, repris sans nuances par de nombreuses agences de presse ?

Et pour finir…

VaultdoorLoin de nous l’idée de jetter une suspicion illégitime sur certains des ETF. Mais l’information sur la nature des actionnaires des sociétés qui proposent les ETF, qui les garantissent, les organisent, les gèrent au quotidien et en encaissent les bénéfices nous semble infiniment moins diffusée que l’existence-même desdits ETF. Pour un investisseur qui décide de se positionner sur l’or envisagé comme un placement sûr, cette information est pourtant primordiale.

Lire la première partie de l’article :

Record de la demande mondiale d’or en 2005

(16 commentaires)

  1. Chers Mrs
    tres méfiants des faussairs sur l’internet, nous sommes impretionnés par votre pestation et apres plusieurs réunions avec notre conseil administration,nous avons décidé de travailler avec vous si vous ète de notre avis.
    prière consulter notre site:http://sodepbenin.site.voila.fr
    Tel:00229 97192137

  2. Bonjour nous recherchons bailleur de fons pour finnancer projet d’or.
    Merci

  3. NOUS AVIONS LE CONTROLE D’UN GROUPE ORPAILLEURS DE LA REPUBLIQUE DE BURKINA-FASSO QUI SOUHAITE VOUS APPROVISIONNER MENSUELLEMENT EN QUANTITE IMPORTANTE. NOUS VOUS FOUNIRONS TOUTES LES INFORMATIONS.MERCI

  4. A l’heure actuelle grand succès des ETF or qui semblent bien rester un investissement fort intéressant si l’on considère certains articles récents comme ceux de : MoneyWeek

  5. Thank you, I’ve just been searching for info approximately this topic for
    ages and yours is the greatest I have came upon so far. But, what in regards to the conclusion?
    Are you certain in regards to the source?

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