Gaz bolivien : l’Amérique latine réunie

Moralesd3105am1_1Alors qu’Evo Morales, le nouveau Président bolivien a déclaré lundi la nationalisation des hydrocarbures, le pays pourrait entraîner désormais dans son sillage l’Amérique latine. Les présidents argentin, vénézuélien, brésilien et bolivien se réuniront en effet jeudi en Argentine, pour discuter des conséquences de l’annonce de ces mesures.

Une délégation espagnole ira quant à elle dans les prochains jours en Bolivie chercher des « éclaircissements » sur le dossier qui concerne notamment Repsol. Cette décision a provoqué de graves inquiétudes parmi les investisseurs étrangers en Bolivie, en particulier le  Brésil. La compagnie brésilienne Petrobras, investisseur majeur dans le pays depuis 1996 avec environ 1,6  milliard de dollars investis, contrôle 14,5% des réserves  boliviennes de gaz naturel. Le président Lula a tenu une réunion d’urgence avec ses principaux conseillers mardi pour étudier la réponse à donner. ExxonMobil et Total se refusent à l’heure actuelle au moindre commentaire.

I

(5 commentaires)

  1. Nationalisation des hydrocarbures: une « voie dangereuse », selon l’AIE – MADRID, 4 mai 2006 (AFP)
    —————————————————-
    La nationalisation des hydrocarbures est « une voie dangereuse pour l’Amérique latine » qui « effraye les investisseurs », a averti jeudi le sous-directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en référence à la décision prise par le président bolivien Evo Morales.
    « Evo Morales sait qu’il a besoin de la capacité financière et technique des compagnies (pétrolières), et ces dernières ont besoin du gaz bolivien. En conséquence, il y a une dépendance mutuelle », a estimé William Ramsay, dans un entretien paru dans le journal économique espagnol Expansion.
    Le numéro deux de l’AIE demande à La Paz de ne pas suivre l’exemple du Venezuela. « S’il n’y a pas d’équilibre entre les intérêts des compagnies et ceux du pays, le perdant c’est finalement le pays », a-t-il affirmé.
    « Il suffit de voir la capacité de production du Venezuela, qui a chuté de façon dramatique. C’est le prix à payer », a-t-il fait remarquer.
    La Bolivie doit se demander « si la politique pétrolière du Venezuela est celle dont bénéficie le plus les vénézuéliens, ou si la politique du Nigeria est la meilleure pour le pays », a-t-il indiqué.
    Selon William Ramsay, la Bolivie se trompe si elle tente de réduire le rôle des compagnies à celui d’une simple prestation de services.
    L’Iran et le Mexique ont tenté de suivre cette voie, avec peu de succès d’un point de vue des investissements. « Les compagnies développent une activité en acceptant un risque et en obtenant un bénéfice pour ce risque. Ce ne sont pas des prestataires de services pour un entrepreneur », a-t-il souligné.
    D’après ce responsable de la AIE, le « Brésil et l’Argentine devraient être préoccupés » car à court terme le plus grand danger concerne l’approvisionnement régional (de l’Amérique latine).
    Mais « je ne crois pas que la Bolivie ait intérêt à mettre en danger sa relation avec ses partenaires (régionaux) », a-t-il estimé

  2. un pays doit être maitre de ses ressources. Tout autre argument relève de l’hyppocrisie.

  3. Bolivie: envoi gaz à Brésil et Argentine garanti, mais renégociation du prix – PUERTO IGUAZU (Argentine)
    , 4 mai 2006 (AFP)
    —————————————————
    La Bolivie garantira la fourniture de gaz naturel au Brésil et à l’Argentine mais les prix seront renégociés de manière bilatérale, ont annoncé les présidents des trois pays au terme d’un sommet auquel participait aussi le chef d’Etat vénézuélien.
    « La fourniture de gaz est garantie », a déclaré le président argentin Nestor Kirchner, après cinq heures de discussions avec ses homologues Evo Morales (Bolivie), Luis Inacio Lula da Silva (Brésil) et Hugo Chavez (Venezuela).
    Le président brésilien a souligné que les conséquences du décret de nationalisation sur les investissements de Petrobras ainsi que de nouveaux tarifs pour le gaz seraient discutés bilatéralement.
    « Cette réunion a permis de garantir les approvisionnements en gaz et (le fait) que les prix seront discutés entre les parties prenantes », a déclaré Lula, alors que le président de Petrobras Sergio Gabrielli avait exclu avant le sommet toute modification des prix pour les contrats actuels (valables jusqu’en 2019).
    A l’issue du sommet, les quatre présidents ont diffusé une déclaration commune estimant que « la discussion sur les tarifs du gaz doit avoir lieu dans un cadre rationnel et équitable qui rende viable les activités entreprises ». Toutefois, le texte souligne que les nouveaux tarifs viseront « un développement équilibré entre les pays producteurs et consommateurs ».
    Lors de la conférence de presse finale, le président brésilien a précisé que les « nouveaux prix seront discutés de la manière la plus démocratique possible ». Il s’est montré plutôt compréhensif à l’égard de La Paz: « nous reconnaissons la situation difficile de la Bolivie et du président Evo Morales », ajoutant que le Brésil « reconnaît la souveraineté de la Bolivie sur ses ressources ».
    2006 AFP

  4. Repsol-YPF poursuit ses activités en Bolivie sans « renoncer à ses droits »
    MADRID, 4 mai 2006 (AFP)
    Le groupe pétrolier espagnol Repsol-YPF a annoncé jeudi qu’il « poursuivra ses activités en Bolivie », sans « renoncer à ses droits », dans un communiqué diffusé à Madrid, trois jours après l’annonce de la nationalisation des hydrocarbures en Bolivie.
    « Repsol-YPF est disposé à rester en Bolivie sans renoncer à ses droits », écrit la société espagnole.
    Dans une lettre adressée au président de la compagnie nationale bolivienne YPFB, Jorge Alvarado, le groupe espagnol manifeste « sa volonté de collaborer avec le gouvernement bolivien, sans que cela suppose qu’il doive renoncer à la défense de ses droits », précise le communiqué.
    Repsol demande à M. Alvarado « de préciser les termes du décret » de nationalisation pris lundi par le président bolivien Evo Morales, pour qu’il puisse « être interprété correctement ».

  5. Bolivie: les pétroliers conserveront une marge de 20% (ministre Bolivien)- MADRID, 5 mai 2006 (AFP)
    ——————————————————–
    Le ministre bolivien de la Planification, Carlos Villegas, a assuré vendredi que la nationalisation des hydrocarbures boliviens n’empêcherait pas les compagnies pétrolières de dégager une marge « très acceptable » d’environ 20%, dans un entretien à la radio espagnole Cadena Ser.
    Le décret de « nationalisation » du président bolivien Evo Morales impose une nouvelle répartition des revenus des hydrocarbures, réservant 82% à l’Etat contre 50% précédemment.
    « Le gouvernement bolivien a fait une étude technique et économique préablable (…). Ce que nous avons pu voir, c’est qu’avec 18%, les entreprises récupèrent leur coûts d’investissement et opérationnels et dégagent une marge d’environ 20% », a déclaré le ministre bolivien.
    « Je crois que c’est assez acceptable si l’on compare ce taux de profit avec celui en vigueur dans le secteur pétrolier à travers le monde », a-t-il estimé, justifiant la nationalisation des hydrocarbures par les crises économique et sociale que traverse la Bolivie, pays le plus pauvre d’Amérique latine.
    M. Villegas a encore assuré qu’en dehors de « secteurs stratégiques » des hydrocarbures et des mines, il n’y aurait « aucun changement d’aucune nature » en Bolivie.
    « La sécurité juridique des entreprises nationales et ou étrangères est garantie » pour tous les autres secteurs, a-t-il promis, citant les entreprises espagnoles présentes dans l’électricité ou la fabrication d’explosifs.
    Quelque 26 multinationales dont Repsol-YPF (Espagne), Total (France), Exxon (Etats-Unis), British Gas (GB), Petrobras (Brésil), sont visées par le décret du gouvernement bolivien qui leur impose de remettre la propriété des gisements et l’exploitation à la compagnie publique bolivienne YPFB.
    Repsol-YPF, qui par le biais de sa filiale Andina contrôle 25,7% de la production de gaz de la Bolivie, a annoncé jeudi qu’il « poursuivra ses activités en Bolivie » sans « renoncer à ses droits ».

Les commentaires sont fermés.