Alors que la Russie projette d’évaluer son pétrole en rouble et que le Vénezuela envisage de coter le pétrole en euros, les Emirats arabes unis se disent attendre des « conditions appropriées sur le marché » pour convertir en euros une partie de leurs réserves en devises libellées en dollars, a annoncé dimanche le gouverneur de la Banque centrale de ce riche pays pétrolier du Golfe.
Le président George Bush et le billet vert ont donc quelque souci a se faire, d´autant plus que M. Suwaidi avait annoncé en mars que l´établissement financier avait l´intention de porter la part de ses réserves en euros à 10%, et ce, au plus fort d’une controverse sur la prise de contrôle par une firme émiratie, Dubaï Port World , de six ports américains dans le cadre du rachat du groupe britannique P & O Ferries.
I – Les Emirats surveillent le marché
Selon le gouverneur de la Banque centrale, les Emirats attendent l’apparition de « conditions appropriées sur le marché et l’affirmation d’une tendance claire sur le marché des changes avant de mettre en avant le projet de convertir en euros 10% de leurs réserves. Le responsable indique par ailleurs qu´ il ne s´agit nullement d´une mise en veilleuse du projet annoncé en mars, le pays ayant la ferme intension de le maintenir.
M. Suwaidi, s´exprimant en marge d’une conférence sur la lutte contre le blanchiment d’argent tenue à Al-Aïn, ville-oasis de l’émirat d’Abou Dhabi, l’un des sept membres de la fédération des Emirats, a par ailleurs attribué la tendance favorable à l’euro aux taux d’intérêt élevés sur la monnaie européenne. Seuls 2% des réserves de la Banque centrale des Emirats sont actuellement en euros, le reste étant constitué en dollars américains.
M. Suwaidi avait indiqué en mars que la Banque centrale envisageait de porter la part de ses réserves en euros à 10%, au plus fort d’une controverse sur la prise de contrôle par une firme émiratie, Dubaï Port World de six ports américains dans le cadre du rachat du groupe britannique P & O Ferries. La reprise avait été approuvée par les autorités américaines mais le président George W. Bush avait fait face à une fronde sans précédent au sein de son parti, la plupart des élus voyant dans cette opération une menace pour la sécurité des Etats-Unis. DP World avait finalement renoncé à cette acquisition.
Un analyste a estimé à quelque 40 milliards de dollars (31 milliards euros) les réserves en devises des Emirats, lesquelles pourraient cependant dépasser les 300 mds USD (234 mds euros) en incluant les avoirs de l’Autorité des investissements d’Abou Dhabi.
II – Le Venezuela pourrait coter le pétrole en euro
Le Venezuela envisagerait de libeller les prix de son pétrole en euros, emboîtant ainsi le pas à l’Iran qui a déclaré il y a peu songer à adopter la devise européenne à la place du dollar américain pour ses exportations de brut. « C’est une proposition intéressante du président de l’Iran», avait alors déclaré Chavez , s´ estimant libre de choisir entre le dollar et l’euro.
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Les experts estiment que si le marché pétrolier iranien était évalué en euros, ou que si Téhéran exigeait simplement un paiement en euros pour ses barils, certaines banques centrales pourraient convertir une partie de leurs réserves de devises américaines en euros, entraînant ainsi une baisse de la valeur du dollar. Les Emirats pourront donc etre les précurseurs d´un phénomene pouvant concerner plusieurs pays pétroliers.
Les parlementaires iraniens avaient exhorté leur gouvernement de mettre sur pieds au plus tôt un marché en euros pour réduire l’influence des Etats-Unis sur l’économie de l’Iran.
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La Russie pourra conclure des contrats en roubles sur le marché mondial (experts)
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05/07/2006 12:26 XIANGGANG (Hong-Kong), 5 juillet – RIA Novosti. La Russie pourra conclure sur le marché mondial des contrats de livraison de matières énergétiques en roubles, estiment les experts de Hong-Kong interrogés mercredi par RIA Novosti sur l’annulation par la Russie depuis le 1er juillet des limitations empêchant la convertibilité de la monnaie russe.
« Je pense que dans un certain temps la Russie sera en mesure de persuader ses partenaires commerciaux de lui payer ses livraisons d’hydrocarbures en roubles et non plus en dollars et en euros », a estimé dans une interview à RIA Novosti un expert de l’agence de conseil en matière d’investissement Bridgewater, Martin Hennecke.
D’après lui, l’avenir de la monnaie russe dans l’arène internationale dépendra à bien des égards de la conjoncture générale sur le marché mondial.
« Les investisseurs récupèrent actuellement leurs actifs sur les marchés en développement qu’ils considèrent trop risqués et les investissent aux Etats-Unis, mais ils ne tarderont pas à réaliser que l’économie américaine n’est pas aussi stable qu’elle le semble et tourneront à nouveau leur regard vers la Russie et l’Asie », affirme le spécialiste.
Le succès de la monnaie russe dépendra de la capacité de la Russie à se protéger des risques inhérents à l’économie américaine, selon Martin Hennecke.
« La Russie doit prouver que la stabilité de sa monnaie ne dépendra pas de la situation aux Etats-Unis, et alors le rouble aura des chances de prendre du poids dans le monde », a-t-il déclaré.
« A mon avis, dans une perspective à long terme le rouble peut devenir une bonne monnaie d’investissement », a-t-il souligné.
Les réserves de change et les ressources naturelles sont une bonne couverture pour la monnaie russe, a-t-il poursuivi.
« La valeur du rouble est fortifiée par des ressources énergétiques énormes, ce qui donne la certitude que la monnaie russe sera stable », a estimé Martin Hennecke.
« Tout compte fait, bien des choses dépendront du développement économique de la Russie. Si elle parvient à éviter les crises pendant plusieurs années, le rouble aura de bonnes perspectives », a conclu l’expert de Hong-Kong.
Ce point de vue est partagé par le vice-président de la banque DBS chargé des marchés financiers, Mark Wen.
« Je pense que le rouble sera avec le temps demandé dans le monde, compte tenu du rôle que la Russie joue sur le marché mondial des ressources naturelles », a-t-il déclaré dans une interview à RIA Novosti.
Un autre expert de Hong-Kong estime que le rôle de fournisseur de matières premières peut jouer contre la monnaie russe.
« Le rattachement rigide du coût du rouble à celui des ressources naturelles rend le rouble moins attractif comme monnaie de réserve puisqu’on comprend que son cours suivra les fluctuations de la conjoncture sur le marché », a déclaré à RIA Novosti Andrew Shuen, expert du centre analytique influent Lion Rock Institute.
« Cela veut dire que la Russie doit s’attaquer à une tâche difficile qui consiste à rendre le rouble indépendant des fluctuations des cours des ressources énergétiques », a-t-il expliqué.
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