Airbus-EADS : chaise musicale sur A380

Alors que les premiers vols avec passagers  sur A380 ont débuté ce matin au départ de Toulouse,  Airbus a nommé lundi avec effet immédiat Mario Heinen comme directeur du programme A380, à la place de Charles Champion, qui devient « conseiller spécial » du nouveau patron de l’avionneur européen Christian Streiff.

Ce jeu de chaise musicale fait bien évidemment suite au crash  boursier et aux turbulences de la maison, occasionnés par les retards de production impactant les livraisons du nouveau géant des airs.

M. Heinen, 50 ans, était jusqu’à présent directeur du programme A320. Il sera remplacé à ce poste par Alain Flourens, actuel directeur des centres d’excellence du constructeur aéronautique. MM. Heinen et Flourens seront placés sous l’autorité du vice-président exécutif responsable des programmes, Tom Williams, qui étend de fait son autorité à tous les programmes d’Airbus.

« Je tiens à remercier Charles Champion au nom de l’ensemble des employés d’Airbus, pour sa remarquable contribution qui a permis de mener l’A380 aux étapes finales de certification. Je suis ravi qu’il continue à partager sa grande expérience chez Airbus, dans ses nouvelles fonctions de conseiller », commente M. Streiff, cité dans le communiqué.

Le remplacement de M. Champion à la tête du programme-phare d’Airbus ressemble néanmoins à une sanction, un an après son accession au poste de directeur opérationnel (COO) en juillet 2005, qui avait fait de lui le numéro deux du groupe.

Airbus a annoncé mi-juin de nouveaux retards de production de l’avion géant A380, dont le calendrier de livraison a désormais pris au moins un an de retard. Cette annonce a provoqué début juillet le départ du président d’Airbus Gustav Humbert, qui a été remplacé depuis par M. Streiff, un ex-dirigeant de Saint-Gobain. M. Streiff, qui a lancé depuis un audit sur le programme, « confirme qu’il communiquera ses conclusions d’ici fin septembre », note l’avionneur.

Rigueur et fermeté semblent donc désormais prévaloir chez Airbus qui a par ailleurs annoncé un gel des embauches au niveau mondial jusqu’à nouvel ordre. Selon le groupe, cette procédure n’aurait « rien d’anormal lors de l’arrivée d’un nouveau dirigeant ».

Le groupe de défense britannique BAE Systems a pour sa part jugé dimanche « prématurées » les informations d’un journal selon lesquelles il vendrait cette semaine sa part dans l’avionneur européen Airbus. « Nous ne pouvons prendre une décision tant que n’aurons pas eu la possibilité d’examiner le contenu d’un audit sérieux d’Airbus », a déclaré un porte-parole.

L’hebdomadaire britannique The Observer, citant des sources anonymes à Londres, a affirmé dimanche que BAE Systems vendrait cette semaine à EADS sa part de 20% dans l’avionneur européen Airbus pour 1,9 milliard de livres (2,8 milliards d’euros). Ce montant est, selon le journal, bien inférieur à celui auquel aurait conclu l’audit d’Airbus commandé par BAE Systems.

Un porte-parole du groupe britannique a souligné dimanche ne pas avoir encore examiné cet audit.
« Nous disions en juillet » a-t-il rappelé, « que cet audit prendrait six ou sept semaines. Il est prématuré, et c’est pure spéculation, de dire ce que sera son contenu, ou la valeur potentielle » d’Airbus.

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