Gaz : Total et Statoil en route pour Chtokman

ShtokmanLa compagnie pétrolière norvégienne Statoil et l’administration de Mourmansk ont signé jeudi un mémorandum de compréhension, confirmant ainsi les ententes préalables sur la participation de Statoil au projet d’exploitation du gisement de Chtokman en mer de Barents.

La compagnie norvégienne avait déclaré la veille qu’elle avait reçu une lettre l’invitant à poursuivre l’examen des questions concernant le partenariat dans le cadre du projet, après l’information donnée par le groupe Total selon lequel il était invité à reprendre les pourparlers sur sa participation au projet de Chtokman.

Le géant gazier russe Gazprom a annoncé mercredi la reprise des négociations avec les cinq compagnies étrangères pré-selectionnées pour prendre part au développement du vaste gisement gazier russe Chtokman. « Une lettre a été envoyée à toutes les sociétés de la liste réduite pour les informer du fait que nous continuons à analyser leurs propositions », a déclaré par téléphone un porte-parole de Gazprom.

Les cinq compagnies sur les rangs sont les norvégiennes Statoil et Norsk Hydro, américaines Chevron Texaco et ConocoPhillips ainsi que la française Total.

Le président de Total, Thierry Desmarest, a confirmé mercredi avoir reçu récemment une lettre signifiant au groupe de se préparer à la reprise des discussions.

Le choix définitif des partenaires, attendu par plusieurs grands groupes internationaux candidats pour l’exploitation de cet important projet en mer de Barents au nord de la Russie, a été reporté à plusieurs reprises.

Selon les analystes, le choix de Statoil aurait été justifié par le fait que sa structure soit publique alors que son concurrent direct Norsk Hydro est une compagnie privée. Les invitations faites par Statoil à participer à ses projets en mer du Nord ont pu également être un argument en sa faveur.

Selon Christopher Maro, président de Statoil Russia, en échange de 20 % de Chtokman, la compagnie propose à Gazprom de participer au projet d’exploitation du gisement norvégien Snoehvit (Blanche-Neige) sur le plateau continental.

Gazprom ne cache pas son intérêt pour ce projet, tout en soulignant la non-équivalence de l’échange. Par ses réserves, le gisement de Snoehvit est en effet beaucoup moins important que celui de Chtokman (193 contre 500 milliards de m3), mais les analystes affirment que le projet norvégien est son analogue le plus proche.

Le monopole russe du gaz semble vouloir intervenir le plus rapidement possible sur le marché du GNL. Le projet de Chtokman sera mis en oeuvre, au mieux, à la fin de cette décennie, alors que Snoehvit dispose déjà de capacités réservées au terminal de réception de GNL de Cove Point (Etats-Unis). L’exportation de gaz provenant du gisement norvégien commencera au début de 2007.

En ce qui concerne Total, son accès aux marchés aurait joué un rôle important, comme l’avait d’ailleurs laissé entendre Poutine préalablement. La participation de la compagnie française au projet aurait été favorisée – selon les analystes – par ses perspectives dans le domaine du GNL.

Même si l’activité pétrolière de Total n’est pas très développée sur le territoire de la Russie, le groupe possède une grande expérience de production de GNL, étant même l’une des premières compagnies à intervenir sur ce marché.

Avec des réserves estimées à 3.500 milliards de m3, Chtokman promet d’être l’un des plus gros champs gaziers au monde. Gazprom compte exploiter pendant quarante ans ces réserves de gaz enfouies au fond de la mer de Barents, au nord-ouest de la Russie, et devenir ainsi un fournisseur important d’énergie au continent américain.

Gazprom s’est fixé pour objectif de démarrer la phase d’extraction de ce projet en 2010, mais les analystes estiment que les délais risquent d’être rallongés. Une dernière série de pourparlers avec les compagnies préselectionnées afin de choisir les partenaires de Gazprom dans ce projet avait eu lieu en avril.

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