Russie : journaliste favorable à Kasparov internée de force

Kasparov_8_juilletautre_russieRien ne va plus pour la liberté de la presse en Russie. Certes, cela n’est pas nouveau, mais Poutine semble véritablement mettre le « paquet » ces-temps-ci.

Une journaliste et militante d’opposition en Russie a été internée de force dans un hôpital psychiatrique. Et ce, en raison de ses activités politiques, selon une autre militante.

Encore un fois, c’est le parti d’opposition créé par l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov qui est directement frappée.

Larissa Arap a été arrêtée le 6 juillet à Mourmansk, dans le nord de la Russie, alors qu’elle était dans une clinique où elle attendait de passer un examen médical nécessaire pour obtenir le permis de conduire, a déclaré la présidente de la cellule de Mourmansk du Front Civil Uni de Garry Kasparov, opposant notoire au président Vladimir Poutine, qui a eu récemment maille à partir avec le gouvernement.

« Le docteur lui a dit d’attendre dans le couloir, et tout à coup la police est arrivée avec une ambulance et ils l’ont emmenée de force », a-t-elle déclaré. Après avoir été détenue dans une clinique quelque temps, Mme Arap a été transférée jeudi dernier dans un hôpital psychiatrique fermé à 150 km de la ville, a précisé Mme Vassilieva.

« Nous ne considérons pas qu’elle est malade. Elle n’a jamais perdu le contrôle ou été une menace pour qui que ce soit. C’est un retour à l’ère des répressions staliniennes », a affirmé Mme Vassilieva.

Mme Arap avait récemment publié un article sur les mauvais traitements à l’encontre d’enfants dans les hôpitaux psychiatriques et avait parlé à une manifestation du Front Civil Uni en juin.

Ce parti a le « malheur » de faire campagne contre le président Poutine en vue de l’élection présidentielle de mars prochain. Un porte-parole du gouverneur de la région a déclaré que, bien qu’il ne soit pas au courant du cas particulier de Mme Arap, il était impossible que qui que ce soit soit hospitalisé dans la région pour des raisons politiques. « J’exclus complètement l’idée que ce puisse être un cas de répression politique. Il n’y a aucune persécution d’opposants. Chacun a la possibilité d’exprimer son point de vue. C’est absurde », a-t-il martelé.

Malgré leurs divergences, les partis d’opposition réunis au sein de l’Autre Russie ont convenu lors d’un congrès qui s’est tenu début juillet à Moscou de désigner à l’automne prochain un candidat unique en vue de la présidentielle de mars 2008. «Notre tâche est de rassembler toutes les forces d’opposition et de démanteler ce régime», a déclaré le maître d’échecs Garry Kasparov, l’un des dirigeants de cette alliance.

« Le but est de réunir toutes les forces d’opposition, tous ceux qui sont d’accord avec notre objectif principal : démanteler ce régime qui pousse notre pays à la catastrophe », a déclaré l’ancien champion du monde d’échecs lors de la conférence du 8 juillet. « Par nos actions conjointes, le jour s’approchera où il sera mis fin à l’activité de ce régime misérable, vendu et lâche », a-t-il poursuivi lors de cette conférence, organisée dans un hôtel au centre de Moscou.

Mais Andrei Illarionov, un ancien conseiller du Kremlin passé à l’opposition, a lui conseillé de boycotter la présidentielle. «Il ne peut exister de candidat unique pour l’Autre Russie. Ca détruirait l’Autre Russie. Et ça légitimerait un gouvernement illégitime», a-t-il affirmé.

Juste auparavant, les militants avaient rendu hommage à la journaliste d’opposition Anna Politkovskaïa, assassinée en octobre 2006. « On ne pouvait pas la faire taire, on ne pouvait que la tuer. Elle a été victime de l’évolution politique que vit notre pays », a déclaré l’ancien dissident Sergueï Kovalev.

Si la Constitution russe ne permet à Vladimir Poutine de briguer un troisième mandat, ce dernier a toutefois déjà laissé entendre qu’il mettrait tout son poids dans la balance afin de faire élire en mars le successeur de son choix.

Divisés, les partis d’opposition n’avaient réussi ni à s’allier pour les législatives de 2003 ni à présenter un candidat unique à la présidentielle de 2004.

L’Autre Russie a repoussé à octobre l’adoption d’une plate-forme électorale, initialement prévue lors de la conférénce du 8 jullet . Le mouvement voudrait aussi que son candidat soit désigné à l’automne par les citoyens dans des sortes de primaires, une procédure inédite en Russie. Outre M. Kassianov, déjà candidat, plusieurs personnalités de l’opposition ont fait part de leur intention de se présenter, dont un ancien président de la Banque centrale russe, Viktor Guerachtchenko, et l’ancien dissident Vladimir Boukovski qui vit à Londres.

Figure de proue de L’Autre Russsie, Garry Kasparov, répète pour sa part qu’il ne se présentera pas. « On ne peut ignorer qu’il n’est pas Russe », déplore Oleg Moustaphine, membre de Russie démocratique, dans une allusion à ses origines juives et arméniennes, un obstacle majeur pour faire de la politique en Russie.

Au cours des six mois écoulés, l’alliance Autre Russie a organisé plusieurs manifestations. Les forces de l’ordre ont frappé et arrêté des dizaines de protestataires.

Le Kremlin a peur depuis 2004 d’une Révolution orange (comme en Ukraine), d’une opposition sans contrôle », a affirmé Garry Kasparov, d’où selon lui « ces réactions violentes du pouvoir ».

A Moscou et Saint-Pétersbourg, plusieurs milliers de personnes ont bravé les menaces de répression policière et manifesté contre le Kremlin à l’appel de L’Autre Russie. Ce mouvement a ainsi acquis une visibilité croissante, relayée surtout par la presse internationale, les médias russes, contrôlés pour l’essentiel par le Kremlin, restant plus timorés ou critiques.

Sources : AFP, ATS, AP

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(2 commentaires)

  1. Kasparov, qui a passé la plus grande partie de sa vie aux USA et n’est pas Russe, veut « démanteler ce régime qui pousse notre pays à la catastrophe ». Ah bon, la Russie court à la catastrophe ? Plus de 7 % de croissance, zéro dette ? Il me semble plutôt qu’elle était mal barrée quand Khodorkovski voulait brader le pétrole russe aux milliardaires texans. Poutine est venu remettre de l’ordre, avec certes une vision autoritaire et patriote, mais pour le bien de sa nation.
    La coalition de Kasparov est une coalition de bric et de broc comprenant, entre autres, Limonov, Anpilov, Glaziev, et n’a que pour objet d’affaiblir Poutine, aucun projet politique si ce n’est d’aligner la fédération de Russie sur les

  2. La paille et la poutre, le doigt et le lune:
    La démocratie est certes en grand danger dans de nombreux endroits du monde, surtout si l’on s’affaire à essayer de renverser un gouvernement russe qui revient de loin et a failli être dépecé comme l’argentine ou un quelconque PVD.
    La méthode est forte certes mais elle est liée à un sujet extrêmement sensible, le patriotisme russe avec lequel il ne fait pas bon jouer.
    Chez nous, grande démocratie devant l’éternel et pays inventeur des droits de l’homme, si mon voisin basané est victime d’une bavure policière et qu’il me prend l’envie d’immortaliser l’instant, dans un élan journalistique impromptu, je risque non seulement une très forte ammende mais aussi une peine de prison des plus dissuasives.
    Tout ça pour un petit film en MPEG sur internet qui prouverait qu’un citoyen est victime d’une bavure ou d’un abus de pouvoir.
    C’est à tel point que de nombreux actes criminels ne me vaudraient pas un tel retour de baton et seraient donc moins risqués, dieu merci je ne suis pas un criminel, juste un boeuf car j’ai bien grandi depuis la fois ou le général à qualifié les Français.
    Vous avez dit presse, démocratie et liberté d’expression?

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