Baisse de la consommation:la croissance remise en cause

Frigo_videLes dépenses des ménages en produits manufacturés ont chuté de manière importante au mois d’octobre, la baisse se trouvant même être la plus forte depuis un an.

Face à cette dure réalité, certains économistes n’hésitent pas à annoncer des difficultés grandissantes pour la consommation et la croissance en France dans les mois à venir.

La consommation de l’ensemble des produits manufacturés, qui représente environ 1/4 de la consommation totale des ménages mais constitue un bon indicateur de la tendance globale, a en effet reculé de 1,1% le mois dernier, le plus fort repli depuis septembre 2006.

Toujours fidèle à elle-même, Christine Lagarde s’est empressée de préciser sur LCI que « le fait que la consommation fléchisse un tout petit peu » ne l’inquiètait « pas outre mesure ».
« C’est très volatil (..) ce n’est pas la première fois qu’on a des petits creux », a également tempéré Eric Dubois, chef du département conjoncture de l’Insee.

Si la consommation a certes progressé de 2,7% sur un an, selon l’Institut national de la statistique, en octobre la chute touche quasiment tous les secteurs de la consommation, et tout particulièrement la composante biens d’équipement du logement qui accuse sa première baisse depuis avril et la plus importante sur un mois depuis juillet 1998.

Les dépenses dans le commerce de détail baissent de 1,2% et le repli des dépenses en biens durables s’accentue (-2,3% après -0,5% en septembre), principalement sous l’effet de l’effritement des dépenses en biens d’équipement du logement (électronique grand public, électroménager, meubles), qui perdent 3,6%, dit M. Dubois. Il y voit notamment la conséquence d' »achats par anticipation » avant l’entrée en vigueur le 1er octobre « de la taxe sur les supports vierges (disques durs et clés USB) ». Seules les dépenses en « autres produits manufacturés » (pharmacie, édition, bricolage, parfumerie, etc.) se redressent ce mois-ci, gagnant 0,3% contre -0,2% en septembre.

« Un effet de correction est probable après un troisième trimestre solide, porté en partie par les achats de téléviseurs à l’occasion de la Coupe du monde de rugby. Mais le ralentissement du marché immobilier plaide pour une poursuite de la modération dans les mois prochains », prévient Mathieu Kaiser (BNP-Paribas). »

Pour lui, « de manière générale, les perspectives de consommation se sont effritées depuis cet été, avec une hausse de l’inflation due à l’accélération des prix des dépenses contraintes et fréquentes (alimentation, énergie), et avec la décélération des créations d’emploi qui alimentent le sentiment de perte de pouvoir d’achat« . « La consommation d’ensemble pourrait décélérer de façon marquée au quatrième trimestre, le ralentissement se prolongeant probablement en 2008 », ajoute-t-il.

Les grèves du 18 octobre ont pu jouer un rôle mais sans doute marginal dans le recul de la consommation, estime également Mathieu Kaiser qui s’attend en revanche à ce que celles du mois de novembre aient un effet globalement négatif. « Une grande partie des achats de biens aura probablement été simplement différée, d’où un rattrapage en décembre et un effet faible sur le trimestre si les mouvements ne reprennent pas le mois prochain. Mais les dépenses en services, particulièrement en transport, auront été diminuées sans compensation ultérieure », souligne-t-il.

« Alerte rouge sur la consommation et la croissance », avertit quant à lui Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi, pour qui ce « très fort recul est révélateur » d’une « phase de ralentissement de l’économie française ». « Il ne faut guère attendre une amélioration pour la fin du trimestre, alors que les grèves dans les transports auront porté le coup de grâce à un moral des ménages déjà profondément atteint », analyse-t-il.

Dans ces conditions, « l’économie française pourrait bien perdre le soutien de la consommation des ménages au cours des prochains trimestres », note-t-il évoquant une possible révision à la baisse de sa prévision de croissance pour 2008 « pourtant déjà très faible à 1,8% ».

La consommation des ménages « a jusqu’à présent été soutenue par un recours massif à l’endettement », explique Marc Touati (ACDEFI). Or, en raison de « la faiblesse durable des créations d’emplois, et par là même du pouvoir d’achat, mais aussi de l’augmentation des taux d’intérêt, les ménages ne pouvaient plus continuer à s’endetter plus et à dépenser sans compter« .

« C’est vrai qu’il y a des inquiétudes pour le pouvoir d’achat, mais ce qui compte le plus c’est qu’il reste dynamique, avec 3,2% de hausse prévue en 2007 », relève Eric Dubois. Il reconnaît toutefois que si la flambée des prix du pétrole et des matières premières agricoles se poursuivait, la situation pourrait se détériorer.

Sources : AFP, Reuters

Un commentaire

  1. Tiens on dirait mon frigo !
    Le candidat du pouvoir d’achat a effectivement du soucis à se faire. SOn programme était porté par une reprise de la croissance. Or, c’est loin d’être le cas (on se demande même si le creu de la vague a été atteint).
    Certes, il reste 4 années et demi pour réaliser un programme très (trop)ambitieux. En attendant, les Français vont devoir se serrer la ceinture à Noël… Et NS va de nouveau baissr dans les sondages.

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