Le fonds d’investissement britannique Emerisque a annoncé mercredi qu’il était candidat à la reprise de Lalique, propriété du groupe Pochet. Un plan de relance pour la cristallerie de luxe a été élaboré dans cette perspective.
Ces informations confirment des rumeurs parues dans la presse ces dernières semaines. La vente en revanche « n’est pas encore actée », a précisé une porte-parole.
Un expert a été mandaté début novembre par le comité central d’entreprise de Lalique pour une analyse des données économiques financières et sociales de l’entreprise et le comité central d’entreprise n’a toujours pas donné son avis, ce qui retarde d’autant la transaction, malgré son caractère consultatif, a indiqué de son côté Pascal Grussi, secrétaire du CCE.
Selon une source proche du dossier, le président du conseil d’administration d’Emerisque, l’homme d’affaires d’origine indienne Ajay Khaitan, serait en « négociations exclusives » avec Pochet sur cette vente. M. Khaitan investirait dans Lalique en tant qu’actionnaire minoritaire, mais en deviendrait le PDG, comme il l’a déjà fait en mai 2005 lorsqu’il s’était associé avec le fonds américain Sun Capital Partners pour racheter la marque de jeans Lee Cooper pour quelque 30 millions de livres sterling (44 M d’euros).
Mais Ajar Khaitan n’étant plus PDG de Lee Cooper depuis février 2007, le personnel s’avère inquiet, du sort qui pourrait lui être « réservé » …
« Lalique est une marque française de luxe fabriquée en France », a-t-il assuré lors d’un point-presse à Strasbourg, affirmant qu’il investirait 15 millions d’euros dans son développement et qu’il n’y aurait pas de délocalisation de la cristallerie de Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), unique site de production Lalique dans le monde qui emploie 260 personnes. Le site de Wingen assure chaque année deux nouvelles collections, soit une production qui oscille entre 420.000 et 500.000 pièces.
De même, « l’équipe existante restera en place », même si le management de l’entreprise aura besoin de « ressources supplémentaires » pour faire face au défi qu’Ajay Khaitan entend relever : doubler d’ici cinq ans les ventes en rajeunissant la marque, développer de nouveaux produits (bijoux, accessoires de mode) et miser sur les marchés émergents que sont l’Inde, la Chine, la Russie et le Moyen-Orient.
Fondé en 2003, Emerisque se présente comme un « gestionnaire stratégique qui s’implique directement » dans la stratégie des entreprises dans lesquelles il investit. Le fonds indique privilégier des marques « souffrant d’un déficit de performance ».
Pour rappel, Lalique emploie 600 personnes dans le monde dont 425 en France.
Agé de 43 ans, Ajay Khaitan se trouve néanmoins … sur la liste des personnes recherchées par le Central Bureau of Investigation (CBI), l’équivalent indien du FBI américain. « C’est très courant dans des pays comme l’Inde », se défend-il, précisant que l’affaire remonte à 1988 et concerne un « différend de 12.000 euros avec une banque » pourtant alors « réglé au bout de quelques mois ». « Tout le monde pensait que l’affaire était close mais la procédure judiciaire doit suivre son cours », ajoute-t-il, avant d’assurer que « cela n’a aucune incidence opérationnelle ». Espérons que les salariés ne se voient pas confrontés au même type de situation qui prévaut actuellement chez Charles Jourdan …
Source : AFP