Le FMI revoit en forte baisse le taux de croissance de la France pour 2008

Croissance_echelleLe Fonds monétaire international (FMI) a revu en forte baisse mercredi sa prévision de croissance pour la France pour 2008, par rapport à ses dernières prévisions établies en octobre.

Mais Bercy a d’ores et déjà répondu qu’il ne l’entendait pas de la sorte. Pourtant tout n’est pas négatif dans les propos de Alessandro Leipold, directeur adjoint du département européen du FMI.

La Commission européenne a de son côté abaissé début novembre sa prévision de croissance pour la France cette année de 2,3% à 2%.

– Un taux de croissance revue fortement à la baisse

« Pour la France, nous prévoyons une croissance de 1,5% en 2008 », alors que la dernière prévision, publiée en octobre, était de 2%, indique Alessandro Leipold, sur le site de l’institution, à l’occasion de la revue annuelle de la situation économique française.

« Le climat économique international n’est guère favorable et obscurcit les perspectives de croissance à court terme », argumente ainsi le directeur adjoint du département européen du FMI, rappelant que le Fonds avait abaissé en janvier d’un demi-point de pourcentage à 1,6% la prévision de croissance pour la zone euro.

L’organisation dirigée par le Français Dominique Strauss-Kahn fait valoir que la montée des prix du pétrole, l’appréciation de l’euro et le ralentissement des perspectives économiques des partenaires de la France freineront la croissance cette année.

Les risques entourant la nouvelle prévision de 1,5% tendent à s’équilibrer, indique par ailleurs le FMI. « La conjoncture internationale pourrait entraîner des performances moins bonnes que prévu, tandis qu’une forte reprise dans les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile pourrait entraîner des résultats meilleurs qu’escompté« . Il ajoute qu’un redressement est attendu en 2009-2010.

Pour rappel, la France a bâti son projet de budget 2008 à partir d’une hypothèse de croissance s’établissant dans une fourchette entre 2% et 2,5%, avec un point médian de 2,25%.

Les pressions inflationnistes s’amplifient mais l’inflation, à 2,8% en décembre, demeure l’une des plus faibles de la zone euro, ajoute par ailleurs le Fonds. Comme quoi, la publication de « bons chiffres » comporte parfois aussi son « revers de la médaille » …

– L’assainissement des finances publiques plus que nécessaires

Le Fonds exhorte également Paris à redoubler d’efforts en vue d’assainir les finances publiques en 2009.

« Si le budget 2008 contient plusieurs initiatives louables destinées à contenir les dépenses, notamment une réduction sans précédent des effectifs de la fonction publique, il marque aussi une pause dans l’assainissement des finances publiques en raison de réductions d’impôts« , relève le document en faisant allusion au « paquet fiscal » voté par le Parlement l’été dernier.

Le gouvernement français prévoit dans son programme budgétaire un déficit de 2,4% du PIB en 2007 et de 2,3% en 2008, mais le FMI prévoit 2,7% pour cette année, « très près des critères de Maastricht », dans son rapport de mercredi.

« Sans méconnaître la difficulté de conduire une politique économique dans la conjoncture actuelle, la plupart des administrateurs soulignent que l’assainissement budgétaire devrait aller de pair avec les réformes structurelles« , poursuit le texte en mettant en avant les risques de dérapage du déficit.

« Les prévisions de croissance ayant été révisées à la baisse pour 2008, le déficit risque de se rapprocher des limites fixées par le traité de Maastricht, ce qui, de l’avis de ces administrateurs, ne laisse aucune marge de manoeuvre pour prendre des mesures discrétionnaires supplémentaires de relance budgétaire« .

Mais, poursuit le texte, « plusieurs autres administrateurs estiment quant à eux que, face à la détérioration de l’environnement économique mondial et aux risques de ralentissement qui pèsent sur l’économie française, il est indiqué de faire jouer un rôle anticyclique actif à la politique budgétaire ».

En tout état de cause, les administrateurs « exhortent les autorités à retourner, à compter de 2009, à une trajectoire ambitieuse de réduction du déficit budgétaire« .

– Bercy s’insurge

La réponse de Bercy ne s’est pas faite attendre, allant même jusqu’à qualifier l’analyse du FMI de « pas très rationnelle » et même de « schizophrène« .

Récemment, la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a revu à la baisse les prévisions de croissance de la France, citant les retombées à attendre de la crise des prêts hypothécaires à risque américaine, et table désormais sur une progression du produit intérieur brut « autour de 2% » cette année, après 1,9% pour 2007.

« Le FMI souligne les réformes structurelles (…), il est partisan d’un soutien ponctuel à la croissance, c’est ce qu’on fait avec la loi TEPA, et il souligne que les entreprises françaises sont dans une situation financière plus saine que dans le reste de la zone euro », a fait valoir un conseiller.

« Ce qui plaiderait pour une révision à la baisse moins forte que dans le reste de la zone euro », a-t-il ajouté.

« Le FMI considère lui-même que sa prévision est pessimiste puisqu’il évoque deux aléas à la hausse: l’embellie de la conjoncture dans l’aéronautique et dans l’automobile », a conclu le conseiller.

Le directeur général du Fonds, le Français Dominique Strauss-Kahn, a lui aussi très vite réagi au début de polémique suscité par le rapport en « précisant » par la voix d’une porte-parole qu’il n’a « conformément à la tradition, ni discuté ni validé le rapport concernant son propre pays ».

– Tout de même des aspects positifs

Le FMI administre toutefois quelques satisfecits à la France dans son rapport, saluant « un programme de réformes ambitieux pour renouer avec une croissance soutenue et durable », et en particulier les réformes « qui visent à libérer le marché du travail ». Il juge néanmoins la poursuite des réformes d’autant plus nécessaire qu’il a abaissé sa prévision de croissance à 1,5% cette année …

« Il y a le sentiment fort qu’avec les réformes ambitieuses entreprises par le gouvernement, la France est en mouvement », a ainsi déclaré Alessandro Leipold.

Rendant compte, lors d’une conférence téléphonique, des délibérations du conseil d’administration du FMI à l’issue de la mission, directeur adjoint du département européen du FMI a expliqué que les administrateurs avaient été « unanimes à considérer que ces réformes, plutôt qu’un coup de pouce de courte durée aux revenus, étaient le meilleur moyen pour augmenter durablement le pouvoir d’achat qui, comme vous le savez, est au centre du débat politique en France ».

(4 commentaires)

  1. Une croissance à 1,5% (1,3% selon certains) alors que le budget (et les dépenses qui en découlent) est bâti sur une hypothèse de 2,25% cela donne plus de déficit et donc plus de dette.
    La France est finie et le gouvernement actuel va finir d’achever la bête blessée.

  2. Elisabeth,
    Je ne comprends que les langues latines et sémitiques et pas les langues germaniques (hormis l’anglais).
    Vous m’avez obligé à faire une recherche (rapide rassurez vous) sur votre expression.

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