BP et sa filiale TNK-BP objets d’une perquisition en Russie

TnkbpVoilà ce qui arrive à qui tente de tenir tête à Moscou …

Alors que TNK-BP filiale du géant pétrolier britannique British Petroleum (BP) avait été soumis l’an dernier à de très fortes pression du Kremlin, des enquêteurs russes se trouvaient mercredi soir dans les locaux du groupe pétrolier britannique BP à Moscou, peu après une saisie de documents dans sa filiale TNK-BP.

Le nerf de la guerre ? Le niveau de participation souhaité par le groupe gazier Gazprom dans le champ gazier de Kovykta, en Sibérie.

« Des représentants des forces de l’ordre, qui enquêtent, sont dans nos bureaux. Nous coopérons pleinement », a déclaré Vladimir Bouïanov, représentant de BP en Russie, à l’agence Ria-Novosti.

Selon la presse russe, les enquêteurs seraient à la recherche de documents concernant la compagnie pétrolière Sidanko, groupe pétrolier russe qui a fait faillite dans des conditions controversées dans les années 1990 et dont les actifs ont été intégrés à TNK-BP.

Cette opération contre TNK-BP pourrait marquer un nouveau revers pour le groupe. Suite aux pressions qui avaient été exercées contre lui, le groupe gazier Gazprom avait pu acquérir en juin 2007 une part majoritaire de TNK-BP dans le champ gazier de Kovykta, en Sibérie.

A cette date, TNK-BP avait ainsi vendu à Gazprom les 62,9% qu’il possédait dans Rusia Petroleum, ainsi que ses 50% dans la société East Siberian Gas Company, chargé de construire le projet gazier régional. TNK-BP avait annoncé en décembre 2006 être en négociations avec Gazprom sur une entrée de ce dernier dans Kovykta. Mais le géant gazier russe avait semblé alors se faire prier, affirmant que les possibilités de commercialisation du gaz étaient limitées et que les risques étaient trop importants.

La licence pour le gisement de Kovykta, considéré comme l’un des plus prometteurs de Russie, était détenue jusqu’alors par Rusia Petroleum, filiale de TNK-BP, elle-même détenue à hauteur de 50% par la major pétrolière britannique BP et à 50% par le consortium russe Alfa Group, composé des groupes Access Industries et Renova.

Le champ de Kovytka était depuis des mois au coeur d’un conflit entre ses opérateurs et les autorités russes, qui avaient récemment suggéré qu’une entrée de Gazprom pourrait résoudre la question…

Les autorités russes reprochaient à l’opérateur de Kovykta, Rusia Petroleum (détenu également à hauteur de 25,8% par le groupe russe Interros et 11,2% par l’administration de la province d’Irkoutsk), de ne pas produire autant de gaz qu’il s’était engagé à le faire au moment de l’octroi de la licence, soit 9 milliards de mètres cubes par an et menaçait de la lui retirer sans compensation.

TNK-BP avait d’ores et déjà expliqué par le passé que le marché de la région d’Irkoutsk (Sibérie orientale) ne pourrait absorber une telle production. Il ne peut non plus l’exporter vers la Chine ou la Corée du Sud en l’absence de gazoduc pour les desservir. Le groupe gazier public Gazprom, qui détient le monopole des exportations de gaz, se refuserait à en construire un.

Pour mémoire, les réserves du gisement de Kovykta, qui est considéré comme l’un des plus prometteurs de Russie notamment pour l’approvisionnement du marché asiatique, sont estimées à 1.900 milliards de m3 de gaz.

Vassili Nesterov, analyste de la banque d’investissement Troïka Dialog, ne croit pas que cette nouvelle opération contre TNK-BP ait eu une dimension politique, à la différence des perquisitions ayant visé en 2003 l’ex-numéro un du pétrole russe, Ioukos.

« Il est trop tôt pour tirer des conclusions. Il me semble cependant très improbable que cette affaire soit utilisée comme une arme politique contre les actionnaires russes » de TNK-BP, a déclaré M. Nesterov, s’étonnant cependant que revienne à la surface une enquête datant de 1999.

TNK-BP, troisième groupe pétrolier russe en termes de réserves et de production, a été créé en 2003. Il est détenu à 50% par la major britannique et à 50% par le consortium russe Alfa Group, mais Gazprom est depuis longtemps soupçonné de vouloir acheter la part détenue par les Russes.

Notons que l’action TNK-BP a chuté de près de 10% dans l’après-midi à la Bourse de Moscou. Ce qui pourrait « faciliter » un rachat potentiel.

Source : AFP, Ria Novosti

Un commentaire

  1. Le FSB accuse deux Russo-Américains, dont un employé de TNK-BP, d’espionnage industriel
    MOSCOU, 20 mars 2008 (AFP)
    Le Service fédéral russe de sécurité (FSB, ex-KGB) accuse deux Russo-Américains, dont un employé du groupe pétrolier russo-britannique TNK-BP, d’espionnage industriel au profit de compagnies étrangères, ont rapporté jeudi les agences russes.
    Un employé de TNK-BP Management, I. Zaslavski, et son frère, A. Zaslavski qui dirige une association fonctionnant sous la tutelle du British Council, « ont collecté des informations commerciales confidentielles en faveur de certaines compagnies étrangères, pétrolières et gazières », selon un communiqué du FSB, cité par les agences.
    Les prénoms des frères Zaslavski ne sont pas précisés.
    Cette information intervient au lendemain d’une saisie de documents au siège de TNK-BP à Moscou. La compagnie russo-britannique, jointe jeudi, s’est refusée à tout commentaire sur les accusations portées par le FSB.

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