Russie/République Tchéque : coupure de gaz contre l’ABM ?

Czech_riceabm_champagneEncore un chantage de la Russie en usant de l’arme fatidique du gaz ?

Le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain s’est dit la semaine dernière préoccupé par les mesures de rétorsion de la Russie à l’égard de la « Tchécoslovaquie », (utilisant l’ancien de nom de cet Etat dont la scission en 1992 a donné naissance à la République tchèque et à la Slovaquie).

Pour lui, il n’y a pas de hasard, et encore moins de hasard de calendrier… Alors que le principal accord diplomatique au sujet du radar anti-missile ABM a été signé le 8 juillet par la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice et le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg … un haut responsable de la société publique russe d’oléoducs Transneft, a affirmé que la Russie avait réduit ses livraisons de pétrole brut à la République tchèque pour des raisons « économiques » et non « politiques ».

Je vous remercie de bien vouloir le croire …

– Mc Cain préoccupé par l’ « attitude » de la Russie

« J’ai été très préoccupé par certaines démarches entreprises par le gouvernement russe ces derniers jours, dont l’une a consisté à réduire les livraisons énergétiques vers la Tchécoslovaquie », a déclaré M. McCain aux journalistes à Phoenix (Arizona).

Pour rappel, Washington envisage de déployer en Europe de l’Est des éléments de son bouclier antimissile pour parer à d’éventuelles attaques venant d’Iran ou de Corée du Nord.

Le principal accord diplomatique au sujet de ce projet ABM, qui doit être complété par un intercepteur de missiles basé dans la Pologne voisine, vient donc d’être signé mardi 8 juillet par Condoleezza Rice et le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg. Moscou avait affirmé que ce projet représentait une menace pour sa propre sécurité, et a menacé de réagir en conséquence.

« L’accord sur l’installation en République tchèque d’éléments du bouclier antimissile américain menace la sécurité européenne et pousse la communauté mondiale vers une nouvelle course aux armements, a annoncé la semaine dernière Dmitri Rogozine, l’ambassadeur russe auprès de l’OTAN. »

Mais la Russie a toutefois nié les rumeurs relatives à une réduction des livraisons de gaz vers l’Europe à la suite de la signature de l’accord.

Pourtant, selon M. McCain, les démarches russes semblent constituer « des mesures de rétorsion consécutives à l’accord américano-tchèque de défense antimissile ». « Les déclarations de Moscou selon lesquelles les missiles russes seront pointés vers de nouvelles cibles soulèvent également la préoccupation, ces démarches ayant été abandonnées à la fin de la guerre froide », a-t-il fait savoir.

« Nous constatons un regain de nervosité entre la Russie et ses voisins, de même qu’avec les Etats-Unis. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire retomber cette tension, qui oppose notamment la Russie et la Géorgie », a déclaré le sénateur cité par la chaîne télévisée ABC.

Le candidat républicain n’a jamais caché ses intentions de mener une politique de fermeté à l’égard de la Russie, qu’il souhaite notamment exclure du G8, souligne par ailleurs … la presse russe.

– Chute brutale de l’approvisionnement en pétrole russe de la Rép. Tchéque

« Les livraisons en juillet ont connu une chute estimée entre un tiers et la moitié », a indiqué vendredi dernier Zuzana Opletalova, une porte-parole du ministère tchèque des Affaires étrangères, au sujet du pétrole russe acheminé par l’oléoduc de Droujba.

Pipelinedruzbadroujba« Nous ne savons pas pourquoi et nous ne voulons pas spéculer sur les raisons », avait alors souligné la porte-parole, ajoutant que le ministère n’établissait aucun lien avec le projet de la République tchèque d’accueillir sur son sol un radar anti-missile américain.

« Nous sommes en discussion avec les Russes pour tenter de déterminer les causes », avait alors expliqué Mme Opletalova.

L’approvisionnement en pétrole de la République tchèque a diminué en juin, mais il n’y a aucun risque imminent puisque les livraisons en pétrole par un second oléoduc, celui de Ingolstadt, sont normales et que le pays conserve des stocks suffisants, a néanmoins indiqué Zuzana Opletalova.

Pour rappel, l’oléoduc de Ingolstadt relie l’Allemagne à la République tchèque et permet cette dernière de réduire sa dépendance énergétique face à la Russie.

Tomas Bartovsky, porte-parole du ministère de l’Industrie, a déclaré à l’agence CTK que des baisses dans l’approvisionnement en pétrole n’étaient pas inhabituelles l’été, et avaient déjà été enregistrées les années précédentes.

Le fait que l’approvisionnement en gaz russe soit quant à lui normal laisse penser que les livraisons en pétrole sont affectées par un problème technique, a-t-il ajouté.

– Russie : la baisse des livraisons n’est pas politique

La Russie a réduit ses livraisons de pétrole brut à la République tchèque pour des raisons « économiques » et non « politiques », a affirméla semaine dernière un haut responsable de la société publique russe d’oléoducs Transneft, cité par l’agence Interfax. « Cela n’a rien à voir avec la politique. Il s’agit d’une question purement commerciale », a déclaré Mikhaïl Barkov, vice-président de Transneft.

Il a précisé que deux entreprises russes avaient décidé de réduire leurs livraisons en République Tchèque car elles estiment pouvoir raffiner leur pétrole brut à de meilleures conditions en Russie.

Mais la réduction de ces livraisons sera prochainement compensée par celles d’une autre compagnie russe, a-t-il ajouté : « Je ne pense pas que ce sera dès demain, mais cela ne sera pas long. Une entreprise est intéressée pour travailler en ce sens », a-t-il expliqué, sans divulguer le nom de celle-ci.

Transneft, de son côté, « n’a rien à voir avec cela. C’est une question purement technique et commerciale », a-t-il ajouté.

De son côté, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Kisliak a lui aussi démenti tout lien entre les tensions politiques suscitées par le radar et une éventuelle baisse des livraisons de gaz russe à la République tchèque.

« Je peux dire en toute responsabilité que les questions de vente de gaz à la République tchèque ou à n’importe lequel de nos partenaires traditionnels dans ce secteur ne sont aucunement liées au règlement du problème du déploiement (…) du bouclier américain en Europe », a-t-il affirmé.

« Je ne sais pas si nous nous apprêtons ou non à réduire ces livraisons, car il s’agit d’une question purement commerciale et qui ne fait pas l’objet de discussions au ministère des Affaires étrangères », a-t-il ajouté au cours d’un point presse.

Sources : AFP, Ria Novosti

(2 commentaires)

  1. Il est normal que la Russie applique des mesures de rétorsions contre un Etat qui a une politique agressive envers elle .

  2. Moi je dis, tout fout le camp. Dans le temps, les russes c’était quand même autre chose, ils auraient aligné en face des gros missiles qui font peur.
    Sérieusement, vous auriez imaginé un staline ou un kroutchev répondre à une menace nucléaire en coupant le gaz?
    Cela dit, la réplique de Poutine pourrait marcher, et ridiculiserait l’hyperpuissance militaire US.

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