A l’heure des premières déceptions francaises aux JO de Beijing (m’est avis qu’il y en aura tout plein, en partie parce que la grosse Bachelot prévoit 40 médailles), on peut essayer de réfléchir sur cette reprise des marchés actions. Ma première idée fut de penser que nous avions affaire à de l’agitation estivale mélée d’euphorie sportive et assaisonnée d’excès baissiers passés (la vitesse du rebond allait dans ce sens). Maintenant, sans vraiment contredire cette idée simple, je penche plutot vers un mouvement un peu paradoxal ou la baisse de l’or noir (un actif qui vit sur des cycles très longs) est interprétée de la facon la plus optimiste (voir un avis dans ce sens ici). Les gens raisonnables font l’équation suivante: PIB 4T 2007 négatif + chomage + mauvaises dettes = moins de capacités à consommer de l’or noir (entre autres choses). Les optimistes disent: baisse du pétrole = moins d’inflation + taux directeurs bas pour longtemps.
J’ai un peu l’impression que c’est un débat stérile: parce que (entre autres choses) la baisse du pétrole est complètement délirante, meme si personne ne veut le dire. Ci-contre, j’ai représenté la fluctuation des cours du crude autour de sa tendance moindres carrés sur un peu moins de 3 ans: regardez un peu la chute incroyable qui se produit actuellement … Tous les commentateurs qui hurlaient à l’exces baissier sur le CAC fin juin devraient s’époumoner sur ce krach qui va payer les vacances de ceux qui sont entrés en turbo short vers $140 le baril! Soyons sérieux, un tel mouvement ne peut pas tenir bien longtemps, d’autant qu’il est complètement inédit. Soit il anticipe un coup de frein terrible (le mot n’est pas trop fort) dans l’économie occidentale et chinoise, soit c’est une spéculation de dernière minute made in Wall Street pour faire repartir les indices avant la grande descente …
Maintenant, on peut regarder ce qui se passe coté fluctuations du S&P 500: en comparaison, c’est le grand calme. Alors on a bien cette reprise qui est partie de trop haut, qui est déja presque à son apogée, et qui produit des extrapolations mathématiques baissières. En ces temps agités, je pense qu’il est prudent de rester un peu en dehors d’un tel marché. Peut-etre est-on en train d’assister à un phénomène excessif opposé au « grand flip Bear Stearns » avec des opérateurs convaincus que le gouvernement US pourra toujours sauver les canards boiteux et que le contribuable est susceptible de renflouer n’importe quel désastre … Ca ne devrait pas durer longtemps, mais ca ne me parait pas valoir le coup que de prendre des risques maintenant.
-Soit il anticipe un coup de frein terrible (le mot n’est pas trop fort) dans l’économie occidentale et chinoise,
-soit c’est une spéculation de dernière minute made in Wall Street pour faire repartir les indices avant la grande descente …
Euh, msieur, vous sortez parfois le nez de vos graphiques? Il vous reste un peu de temps pour lire la presse économique? Blague à part, je suppose que oui quand même, mais il semble que vous n’y accordez pas tant d’importance au fond. Sinon comment pouvez vous hésiter? Tous les clignotants sont au rouge, il y a toutes les raisons pour qu’une part importante des marchés anticipent « un coup de frein terrible »
Oui, mais alors pourquoi les indices actions remontent-ils en flèche ? On va avoir les PIB de la zone euro (pour le moment seule l’Italie a publié un -0.3%) toute la semaine prochaine avec l’Allemagne le 14 aout … Comment réconcilier la « théorie du coup de frein » avec les +10% sur nos indices ?
Et l’éclatement de la bulle sur le pétrole, ça ne donnerait pas une telle chute ? Une nouvelle fois, je ferai le parallèle avec la bulle internet : oui, internet était un changement majeur pour l’économie. Oui, le pétrole va devenir crucial et de plus en plus rare (et donc cher). Mais tout ceci se fera sur quelques décennies, internet comme pétrole. Et après une hausse euphorique, les valeurs internet sont retombées souvent plus bas que raisonnable, après une première phase de chute rapide, un peu à la façon de la chute du baril ces dernières semaines. Pour l’instant, le parallèle se poursuit, et pourquoi pas voir le baril plus bas que « raisonnable »?, histoire de piéger tous les spéculateurs arrivés un peu tardivement et croyant qu’il n’y avait qu’un sens pour jouer le pétrole (et toutes les autres matières premières ?).
Après, on pourra y mettre pour justifier ce repli un ralentissement « terrible » de l’éco (pour l’instant pas si terrible à y voir les derniers résultats, même si on ne sait pas comment ça peut évoluer) ou je ne sais quoi d’autre, mais ce ne sera que de l’a posteriori…
Sur ce, je retourne à mes vacances. Je referai un point sur le CAC courant de semaine prochaine.
Oui, Michel, je parie sur la bulle pétrolière, …. d’autant plus qu’elle a été annoncée 🙂
Mais, à mon avis, quelques spéculations ne sont pas à écarter, la baisse du prix de l’essence , juste pendant la période estivale et des transhumance associées , me semble bizarrement coincidée …. ce qui est perdu en prix et en effet gagné ainsi en volume ….