Nouveau chantage gazier entre Russie et Ukraine

Gazukraine Le chantage opéré par Moscou envers l’Ukraine concernant tarif et transit du gaz est réparti … le même scénario que celui « utilisé » il y a trois ans semblant vouloir être appliqué.

Alors que la Russie avait fait grelotté l’Europe entière au passage de l’année 2005 à 2006, le très puissant groupe d’hydrocarbures contrôlé par l’Etat russe, Gazprom menace d’arrêter ses livraisons de gaz à l’Ukraine à partir du 1er janvier.

A moins que les deux pays ne s’entendent d’ici là sur un nouveau contrat.

Concernant une possible suspension des livraisons de gaz en fin d’année, le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kupriyanov a affirmé samedi qu’il espérait éviter une décision radicale consistant à « fermer le robinet », mais que la situation était actuellement « au point mort ».

« Nous avons encore le temps de trouver un accord », a-t-il néanmoins tempéré. « Nous souhaiterions éviter un tel scénario, nous souhaiterions nous mettre d’accord sur tout avant le Nouvel an, mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas livrer du gaz sans contrat », a-t-il affirmé samedi.

Jeudi, le président russe Dmitri Medvedev avait exigé que l’Ukraine rembourse à Gazprom sa dette évaluée à 2,4 milliards de dollars par Moscou. « Il faut prendre une décision définitive et recouvrer la dette de l’Ukraine », a déclaré M. Medvedev pendant une rencontre avec le patron de Gazprom Alexeï Miller. Kiev doit payer sa dette « de son plein gré ou par la contrainte », a-t-il martelé.

« Nos partenaires ukrainiens nous doivent plus de 2,4 milliards de dollars. C’est une somme importante pour n’importe quel Etat et n’importe quelle compagnie, y compris pour Gazprom », a par ailleurs souligné M. Medvedev.

« Nous ne voyons aucun progrès dans les relations avec la partie ukrainienne et nous ne sommes pas sûrs que nous verrons cet argent », avait alors affirmé pour sa part M. Miller. Selon lui, la situation n’a pas évolué depuis la visite en octobre du Premier ministre ukrainien Mme Ioulia Timochenko en Russie. « La dette n’a non seulement pas diminué, mais a augmenté », a-t-il ajouté.

M. Medvedev a estimé pour sa part qu’il fallait prendre toutes les mesures possibles prévues « par la législation et les accords bilatéraux » pour forcer l’Ukraine à rembourser sa dette.

Concernant ce dossier pour le moins épineux, M. Kouprianov a précisé samedi que le remboursement « complet et sans conditions » par l’Ukraine de sa dette avait fait l’objet d’un accord signé le mois dernier par le Premier ministre Vladimir Poutine avec son homologue ukrainienne Ioulia Timochenko mais que cet engagement n’avait toujours pas été honoré.

Selon lui, le montant de la dette (de 2,4 milliards de dollars) comprend le gaz livré en septembre, octobre et courant novembre, ainsi que les indemnités de retard. « Dès que la dette sera honorée, nous sommes disposés à conclure un accord sur les livraisons de gaz directes », a-t-il poursuivi.

La compagnie nationale ukrainienne Naftogaz a déclaré quant à elle qu’elle n’avait pas de dette vis-à-vis de Gazprom mais qu’elle devait 1,26 milliard de dollars à RosUkrEnergo, l’intermédiaire commercial des échanges russo-ukrainiens de gaz.

Les livraisons de gaz russe en Ukraine sont effectuées par l’intermédiaire d’une société russo-ukrainienne pour le moins « opaque », enregistrée en Suisse, RosUkrEnergo, cet état de fait étant loin d’avoir les faveurs des autorités ukrainiennes. Kiev et Moscou se sont néanmoins mis d’accord pour passer à partir de 2009 à des livraisons directes, sans intermédiaires.

Le patron de Gazprom Alexeï Miller a déclaré jeudi que le prix du gaz facturé à l’Ukraine pourrait être porté à plus de 400 dollars les 1.000 m3, contre 179,5 dollars actuellement, niveau largement inférieur aux tarifs pratiqués à l’égard de l’Europe. « Dans le cadre du passage à des relations de marché dans le domaine des livraisons de gaz à l’Ukraine, le prix pourrait s’établir à plus de 400 dollars à compter du 1er janvier 2009 », a ainsi déclaré M. Miller.

L’accord signé par les chefs des gouvernements des deux pays prévoit « un passage graduel aux prix de marché » d’ici à 2011, mais à condition que l’Ukraine rembourse sa dette, a commenté M. Kouprianov.

« J’estime que la déclaration sur le gaz est une déclaration politique. Economiquement, rien ne justifie un tel prix à compter de 2009 », a noté le ministre ukrainien de l’Industrie Volodymyr Novytskyi vendredi dans une conférence de presse.

A la même date, le Président ukrainien Viktor Iouchtchenko, en conflit avec son Premier ministre Mme Ioulia Timochenko, a ordonné au gouvernement de payer la dette, le tenant pour responsable du conflit avec Moscou. Les erreurs du gouvernement risquent d’entraîner « la colonisation de l’Ukraine », a-t-il affirmé, dans un communiqué. Ou l’on revoit pointer le spectre de la création d’un nouvel empire soviétique …. loin de déplaire à Poutine…

Rappelons que l’Ukraine est très dépendante de la Russie pour ses approvisionnements en énergie. Mais elle n’est pas la seule … la quasi-totalité du gaz russe destiné à l’Union européenne transitant par ce pays à la situation géographique pour le moins stratégique. En décembre 2005, Gazprom avait décidé l’interruption des livraisons à l’Ukraine, ce qui avait provoqué une brève suspension de l’acheminement du gaz russe vers l’Europe.

Source : AFP, Ria Novosti

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(2 commentaires)

  1. Je ne vois nullement dans cette affaire de chantage ,l’Etat russe n’est pas obligé d’offrir gracieusement son gaz ,l’Ukraine a choisi d’être indépendante de la Russie alors il est normal qu’elle paye l’énergie qu’elle consomme . Si ce genre de décision avait été prise par les Etats-Unis ou l’Union européenne on aurait simplement parlé de litige commerciale. Je dis halte à la manipulation .

  2. Entièrement d’accord, il fut un temps où l’ukraine considérait la russie comme un partenaire privilégié. Elle bénéficiait donc de conditions tarifaires appliquées nullepart ailleurs sur la planète… Elle veut aujourd’hui tourner son partenariat plus vers l’europe. Qu’à cela ne tienne, mais dans ce cas, pourquoi continuer à avoir des privilèges, on applique juste là le principe de réciprocité. Certes les tarfis sont quasiment multipliés par 3, mais cela reste largement inférieurs aux tarifs pratiqués pour les autres pays. En plus de cela, elle ne paye pas ses factures. Business is Business: essayez de ne pas payer une entreprise francaise pendant 3 mois, alors qu’elle vous fait déjà des supers prix…
    Alors chantage? dans ce cas, je croise des cas de chantage tous les jours dans le tissu économique français…

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