Un malheur n’arrivant jamais seul, après le séisme, le tsunami et le risque nucléaire majeur, le Japon pourrait devoir faire face à une crise budgétaire compte-tenu de la situation.
Vendredi, le cabinet d’études britannique Capital Economics a estimé ainsi que la catastrophe qui vient de frapper le Japon – et pourrait encore plus durement le toucher si les réacteurs nucléaires étaient plus sévèrement impactés – intervenait « au pire moment » pour l’économie japonaise. L’état des finances japonais n’étant pas réjouissant.
Dans une étude publiée à Londres, les analystes du dit cabinet ont notamment jugé qu’il était trop tôt pour chiffrer les conséquences de la catastrophe, et que l’impact humain primait sur les aspects financiers, soulignant tout de même que les conséquences pour les finances publiques japonaises pourraient être « considérables« .
Précisons en effet que le tremblement de terre de magnitude 8,9 et le tsunami qui l’a suivi ont dévasté la côte Pacifique du Tohoku, laquelle compte au total pour 8% du Produit intérieur brut (PIB) du Japon, troisième économie mondiale. La région du Kanto, plus au sud, qui comprend la mégapole de Tokyo et représente 40% du PIB, a été également touchée. A Iichihara (est de Tokyo), une raffinerie de pétrole de la compagnie Cosmo Oil a partiellement brûlé.
Se basant sur les premières données disponibles vendredi, Capital Economics estime que le séisme devrait provoquer moins de destructions que celui de Kobe en 1995, qui avait fait plus de 6.000 morts et des dégâts estimés à 10.000 milliards de yens (soit environ 100 milliards de dollars au cours de l’époque). Depuis 48 heures, la situation a pu empirer, alors qu’une nouvelle secousse majeure est annoncée pour les prochaines heures.
D’ores et déjà Capital Economics s’inquiète de l’impact potentiel de la catastrophe sur les finances publiques, affirmant que « le désastre ne pouvait intervenir à un pire moment, alors que l’économie s’est déjà contractée fin 2010« .
« Une large partie des coûts de reconstruction incomberont probablement aux collectivités locales, et au final à l’Etat, qui peine déjà à maîtriser la dette publique« .
« Le gouvernement aura beaucoup plus de mal à présenter un plan de redressement budgétaire crédible cet été, si l’économie s’enfonce d’ici là dans la récession, les finances publiques se dégradent encore plus et de nombreux habitants continuent à souffrir de ce désastre« , affirme encore Capital Economics.
Petite lumière tout de même au bout du tunnel : « si l’activité économique chute immédiatement après la catastrophe, les travaux de reconstruction qui s’ensuivent la dopent fortement » poursuit le cabinet.
Certains économistes s’inquiètent quant eux de la possible défiance des marchés et des agences de notation que pourraient induire d’éventuelles mesures budgétaires prises par le gouvernement en vue de faire face aux conséquences du séisme.
Les agences de notation auraient d’ores et déjà affirmées qu’elles ne soulèveraient pas la question la solvabilité budgétaire du Japon en lien avec d’éventuelles mesures budgétaires supplémentaires.
Fin janvier, le Japon avait du faire face à une dégradation de sa note de dette à long terme par Standard and Poor’s. L’agence de notation la fixant alors à AA-, tout en l’assortissant d’une perspective « stable ».
Raisons avancées : la situation financière de ce pays lourdement endetté, dont elle ne voyait – à l’époque – pas d’issue prochaine, considérant au contraire qu’elle devrait empirer.
« L’abaissement reflète notre estimation que les ratios d’endettement du gouvernement japonais – déjà parmi les plus hauts des dettes notées -, vont continuer d’augmenter davantage que ce que nous envisagions avant que la crise économique mondiale ne frappe ce pays », avait ainsi expliqué l’agence dans un communiqué.
« Le déficit budgétaire public ne devrait se réduire que modestement, de 9,1% du PIB pour l’année budgétaire d’avril 2010 à mars 2011 à 8,0% pour l’année budgétaire d’avril 2013 à mars 2014 », avait par ailleurs estimé alors Standard and Poor’s.
Rappelons que si le Japon est certes la troisième économie mondiale, il demeure néanmoins endetté à hauteur de quelque 200% de son PIB …
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