Alors même que les troupes américaines se retirent progressivement d’Irak, c’est au sein même de la population que les tensions se creusent, certes encore une fois sur fond de fortes odeurs de pétrole … Le ton monte en effet entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan. L’objet de la discorde : la signature d’un accord avec l’allemand RWE en vue d’exploiter des champs gaziers situés dans la partie kurde de l’Irak.
En réaction aux vives critiques émise par le gouvernement central de Bagdad, lequel désapprouve l’opération, le responsable des relations extérieures du gouvernement du Kurdistan, Falah Mustafa, s’est en pris vivement au ministère irakien du Pétrole.
Alors que la veille, ce dernier avait qualifié « d’illégal » l’accord avec RWE, Falah Mustafa a déclaré dans un communiqué que le Kurdistan n’attendrait pas « les ordres d’un ministère inapte qui a dépensé des milliards de dollars sans fournir aucun service élémentaire, comme l’électricité et l’énergie, ces dernières années« .
« Tout contrat ou accord signé en dehors du cadre légal, c’est à dire avec la Somo (State Oil Marketing Organization), est illégal« , affirmait préalablement un communiqué du ministère. Précisons à cet égard que ladite Somo, dépendante du ministère, est un organisme chargé de collecter les revenus pétroliers et de signer des contrats dans le domaine. « Personne, en dehors du ministère, n’a le droit de signer un contrat d’exportation du pétrole ou du gaz« , martelait par ailleurs le communiqué.
« Nous sommes convaincus que les contrats pétroliers entre le gouvernement du Kurdistan et les compagnies étrangères sont légaux et conformes à la Constitution car ils ont été signés selon la législation du Kurdistan« , estime néanmoins pour sa part M. Mustafa.
Pour rappel, le Kurdistan n’exploite à l’heure actuelle que le champ gazierde Hormok, près de Kirkouk. Celui-ci produit environ 160 millions de pieds cubes par jour depuis octobre 2008 en vue d’alimenter les centrales électriques de la région.
A noter que la réaction du gouvernement irakien est loin d’être une « première » : la mise en oeuvre de contrats passés entre les compagnies pétrolières et le Kurdistan irakien provoque régulièrement l’ire du gouvernement central irakien sur fonds de partage de la manne pétrolière. Si le 6 mai dernier, les deux parties avaient certes trouvé un accord qui devait permettre la reprise des exportations et de la production, interrompue depuis octobre 2009, il n’a toutefois jamais été appliqué. Le problème demeure en suspens dans l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement irakien.
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