Nouvelle tentative de Gazprom pour « rentrer » en force en Espagne. Après avoir été sur les rangs pour reprendre le pétrolier espagnol Repsol, le géant gazier russe va étudier l’opportunité d’acheter au groupe espagnol Gas Natural des centrales électriques à cycle combiné en Espagne.
C’est en effet ce qu’a annoncé aujourd’hui Gas Natural dans un communiqué.
Mais le nerf de la guerre pourrait bien être celui-là : l’accord prévoit par ailleurs que les deux groupes signent des contrats d’achat de gaz liquéfié à moyen et long terme.
Un protocole d’accord de coopération a d’ores et déjà été signé mardi, à « l’occasion » d’une visite d’Etat à Madrid du président russe Dmitri Medvedev. Russie et Espagne pourraient également conclure des accords commerciaux pour leurs activités respectives dans le domaine du gaz dans le nord-ouest de l’Europe. Tout un programme … qui pourrait être le but ultime de Poutine, euh pardon de Medvedev …
Gazprom et Gaz Natural pourraient aussi étudier des accords sur le marché des émissions de droits à polluer.
La presse russe se fait quant à elle beaucoup plus précise, Ria Novosti rapportant mardi que Gazprom a signé avec Gaz Natural un accord portant sur des opérations swap sur le marché du GNL et du gaz de conduite. En vertu de l’accord, l’Espagne recevra à l’avenir du gaz liquéfié provenant du gisement Chtokman en mer de Barents qui sera mis en service en 2014.
« Certaines quantités de gaz de Chtokman seront livrées à l’Espagne en cours de réalisation de la phase 1 du projet », mais « l’accord prévoit la possibilité d’une coopération avec des partenaires espagnols pendant la réalisation des phases deux et trois de Chtokman« , a également indiqué M. Miller.
« Jusqu’ici Gazprom n’a pas fourni de gaz à l’Espagne, mais, conformément à l’accord, le gaz fourni en vertu des contrats signés avec Gazprom y fera son apparition« , a ainsi annoncé le PDG du groupe gazier russe Alexeï Miller, lequel accompagne le président russe en visite d’Etat en Espagne. Toutefois, selon lui, « il s’agit pour l’instant de fournitures insignifiantes ».
Quoi qu’il en soit l’opération pourrait constituer une stratégique manière de s’implanter sur le marché du gaz ibérique … alors que via l’épisode Repsol, l’Espagne avait tente d’éviter toute « invasion » dans ce domaine .
Notons également qu’Algérie et Espagne sont partenaires sur le gazoduc MedGaz , lequel pourrait nuire à la prédominance de la Russie dans le domaine …. ceci pouvant expliquer cela …
De son côté, le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a déclaré lors d’une conférence de presse, que cet accord permettrait de renforcer la sécurité énergétique de l’Espagne et donnerait aux groupes espagnols un meilleur accès aux importantes ressources énergétiques de la Russie. Notons qu’il pourrait également offrir à la Russie une vaste porte sur le marché du gaz espagnol …
En novembre dernier, alors que le le vice-Premier ministre russe Alexandre Joukov avait déclaré que le géant gazier russe Gazprom était intéressé par Repsol , Madrid s’était dit hostile à ce qu’un groupe privé et aussi stratégique pour l’Espagne passe sous la coupe de Gazprom, l’un des principaux fournisseurs de gaz européen contrôlé par l’Etat russe.
Qu’à cela ne tienne, Moscou semblait alors avoir plusieurs tours dans son sac … Le scénario Gazprom s’est transformé au fil de la semaine en une solution Loukoïl, auquel Madrid ne peut opposer l’argument d’être un groupe public …. « Nous parlons d’une compagnie privée dont le principal actionnaire est nord-américain« , avait d’ailleurs reconnu M. Zapatero.
« Peut-être qu’on ne sait pas suffisamment, ou qu’on ne rappelle pas assez que l’actionnaire principal de Loukoïl est le deuxième groupe pétrolier du monde, un américain« , avait-t-il ajouté, faisant ainsi référence à ConocoPhillips.
Certes, certes …. notons toutefois que la droite espagnole avait alors estimé pour sa part que « publique ou privée« , une entreprise russe n’était « pas le meilleur partenaire » pour Repsol.
Lors d’un entretien paru dimanche dans le journal El Pais, Dmitri Medvedev a déclaré qu’une telle opposition était néfaste et inepte. Mardi, il a tenu à préciser que la porte des négociations entre Repsol et Lukoil n’était pas fermée et que l’échange d’actifs entre entreprises était le meilleur moyen de renforcer la sécurité énergétique de l’Europe. Je vous laisse apprécier …
Selon le Premier ministre espagnol , le dossier Lukoil-Repsol n’aurait pas été toutefois abordé lors de sa rencontre avec le dirigeant russe. Raisons invoquées : la conclusion d’une telle opération dépendait des groupes concernés, et non des gouvernements. Merci d’y croire …
Source : AFP, Presse Espagnole, Dow Jones, Ria Novosti
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Gas Natural est en conflit ouvert avec Sonatrach depuis plus d’un an. Elle a refusé de payer le prix du marché, généralement indexé sur le pétrole, lorsque ce dernier était élevé durant la période récente et le gouvernement espagnol a refusé des prises de participations majoritaires de cette même Sonatrach sur le marché espagnol en considération de motifs spécieux. Le différend doit être tranché par un tribunal arbitral suisse dans les mois qui viennent.