Les Anglais sont connus pour leur originalité et leur « spirit » entre massivement dans nos maisons grâce au phénomène Harry Potter.
Et il semblerait que leurs hommes de loi ne jurent plus que par le petit orphelin magique… eux aussi. Leur nouvelle méthode est aussi efficace qu’inquiétante : pour « amener » les fraudeurs à payer leurs amendes, quelques tribunaux britanniques du Comté du Staffordshire (centre de l’Angleterre) ont testé – avec succès – une nouvelle « formule » : l’envoi du « SMS injonction ».
Le résultat du très menaçant « Pay, or you’ll finish in jail » (paie ou tu finiras derrière les barreaux !) a dépassé les espérances, puisque les trois quarts des destinataires de ces « fermes » rappels à l’ordre – sommés de régler leur dû sur un petit écran digital familier – ont couru s’acquitter de leurs « dettes ».
Fortement incitatif, le « SMS mise en demeure » a immédiatement été perçu comme une injonction, plus qu’une incitation, mais il faut reconnaître que le message était particulièrement comminatoire.
Et puis l’effet de surprise du texto surgi de nulle part – qui s’est d’un coup affiché sur le cellulaire – a du jouer un rôle non négligeable. La peur du gendarme est sans doute décuplée quand il « débarque » chez le fraudeur ou le rêveur, même virtuellement. Surtout quand on ne l’a pas invité.
Le Ministère des Affaires constitutionnelles de sa très gracieuse Majesté, en la personne d’Harriet Harman, secrétaire d’Etat, a déclaré qu’à l’avenir le portable pourrait être utilisé plus massivement comme « reminder », comme technique de rappel pour les fraudeurs négligents. Ou les distraits qui ont omis d’effectuer le travail d’intérêt général ou encore de se rendre à une convocation du tribunal. »
Tout le monde ou presque possède un téléphone mobile et comme il s’agit de nos jours de l’un des moyens les plus faciles pour rester en contact, il paraît logique que les tribunaux contactent les délinquants de cette manière ». Cette mesure pourrait faire partie d’un nouveau programme d’application des peines et devrait être testée au niveau national à partir du mois d’avril et entrer en application dès 2007.
Pas cher, pas bruyant, rapide et efficace, terriblement persuasif, le SMS « flic » – sans valeur juridique – est néanmoins inquiétant, puisque l’Etat percepteur vient de s’approprier le mobile, perçu comme un outil intime, un espace personnel.
Et les opérateurs de téléphonie mobile, ils en pensent quoi ? Est-ce que cette mesure, une fois passé l’effet de surprise, ne va pas inciter le « churn » ou le changement d’opérateur plus fréquent ? Histoire de ne pas être réveillé par des « howlers » – ou beuglantes en français – des « remontrances sévères parlantes », qu’on dirait tout droit sorties de Harry Potter.
Votre humble serviteur est le premier au monde à faire le parallèle entre ces factures sonores et les aventures du jeune sorcier, mais je lance le pari (ce qui est très british aussi, my darlings) qu’elles ne tarderont pas à être appelés « howlers » par les Anglais.