Un blog sur l’immobilier au Japon

Yves J. Charron est l’auteur du blog consacré à l’immobilier au Japon. Il a souhaité réagir aux deux articles que nous avons consacrés à la douloureuse expérience japonaise.

Marie Phoenix : Bonjour Yves. Qu’est-ce qui t’a amené à créer un blog dédié à l’immobilier au Japon ?

Yves J Charron : Bonjour Marie. Au début des années 90, j’ai effectué mon premier déplacement au Japon. Je sortais des bancs universitaires, j’avais déjà plusieurs stages en entreprises en Angleterre/Etats-Unis et souhaitais compléter ma vision très anglo-saxonne du monde par la compréhension d’un modèle de pensée radicalement différent.

A cette époque, les japonais écrasaient sans aucun scrupule le modèle économique américain et tout le monde y allait de ses projections, certains ‘experts’ estimant que le PNB japonais rattraperait celui des américains vers 2010.

Ce voyage nippon m’ayant tellement emballé, j’y ai passé quelques entretiens d’embauche et j’y suis retourné quelques mois plus tard. Mais cette fois-ci muni d’un titre de séjour (gaijin card) et d’un billet d’avion aller simple ! Pour s’installer au Japon, les contraintes sont nombreuses et le coût de la vie élevé en particulier pour le logement, les transports et la nourriture.

Comme de nombreux japonais, j’ai opté pour un petit studio de 15 m². Il était bien localisé dans le centre d’Osaka et répondait à mon budget avec un loyer de 450 EUR. Il n’était jamais question de savoir si c’était cher ou non, tout le monde avait un travail, des heures supplémentaires bien payées et reportait naturellement une partie de ses revenus dans un loyer (célibataire) ou emprunt immobilier (famille).

Alors que je pensais rester 2 ans au Japon, j’y suis resté 4 ans. Tout déménagement au Japon a un coût prohibitif car pour tout bon logement il faut généralement verser un dépôt de garantie de 3 mois et un versement de 2 mois en cadeau au propriétaire (reikin).

De ce fait je suis resté au Japon 4 ans dans 15 m² et je n’ai finalement pas trop souffert de cette situation car au Japon, les activités 7j/7 ne manquent pas (travail, études, sorties, restos) et les jeunes rentrent souvent chez eux juste pour dormir.

De retour en France en 1998, j’ai retrouvé tout de même le plaisir de l’espace et j’ai apprécié de voir le faible coût de l’immobilier comparé au Japon. Les années passent, mariage avec ma protégée japonaise, enfants et aussi peut-être une envie de retourner un jour au Japon.

Cependant pas de retour possible au Japon avec une famille sans logement, alors je commence à regarder les offres immobilières sur Tokyo/Osaka dès le début 2003 via la toile. Quelle bonne surprise, les prix sont plus raisonnables que ce que j’avais connu 10 ans plus tôt !

Eté 2003, je suis en voyage à Tokyo et je visite quelques agences immobilières. Je constate de mes propres yeux que les prix ont baissé, je n’avais pas eu d’hallucinations ! …

Puis nouveau déplacement à Tokyo 18 mois plus tard et là je constate des prix encore en baisse de 8-10% … C’est assez euphorique d’être en cash, sans dette, dans le cycle de déflation qu’a vécu le Japon : tous les matins on se réveille avec un pouvoir d’achat supérieur, avec la possibilité d’acheter plus de surface pour son futur logement.

Mon euphorie s’est dissipée un jour de printemps 2005 quand un proche m’annonce la vente de son studio à Paris : je fais rapidement un calcul mental et lui réponds qu’à ce prix il pouvait s’acheter un 3 pièces à Tokyo. Ce jour là tout à basculé, la tristesse m’a envahi car j’avais compris que les français allaient vivre 10 ans plus tard les mêmes souffrances que les japonais.

En 2005, l’impensable était devenu réalité : Paris plus chère que Tokyo ! La frustration l’emporte quand j’engage des discussions avec des sourds bloqués sur des mythes … presque toujours la même réponse : « Tokyo est la ville la plus chère du monde, même plus chère que Londres et New York ».

L’inertie de l’opinion publique française est importante. Les gens ont souvent 10 ans de retard sur la réalité, surtout quand il s’agit de phénomènes rapides ayant lieu de l’autre côté de la planète !

Plus tard, je découvre des forums traitant en France de la bulle immobilière actuelle et constate qu’à juste titre de nombreux jeunes sont inquiets et souhaitent avoir des informations précises sur l’éclatement des marchés immobiliers allemands et japonais.

J’ai alors décidé de démarrer un blog consacré exclusivement au marché immobilier japonais en y donnant des exemples précis de biens actuellement en vente avec photos et descriptions à l’appui. L’objectif est d’être factuel et d’utiliser au maximum des supports visuels afin de montrer une réalité : l’immobilier peut baisser et même pendant 15 ans !

M. Ph. Merci Yves pour la présentation de ton blog !