En France, comme un peu partout dans le monde affecté par cette flambée déconnectée des fondamentaux, il est très difficile de se faire une opinion exacte sur la pierre en ce moment. Alors, elle stagne, elle baisse ou elle s’effondre ? En tout cas, elle ne semble plus monter jusqu’au firmament, répète-t-on, soulagé, dans les quatre coins de l’inquiète et révoltée « France et Navarre ».
« Il y a une telle avalanche d’informations, que l’on ne sait plus quoi publier, quoi dire, quoi penser », se plaignent certains journalistes en privé. Annoncer la baisse ? Délicat, certains l’ont déjà fait dès fin 2004 ou 2005, mais la vitalité du marché leur a donné tort. Nous a donné (et causé du) tort.
Notre cher français moyen, qui lit la presse et qui essaie d’avoir une vision réaliste et concrète du marché immobilier dans l’Hexagone en octobre 2006, ne sait plus à quel saint se vouer. Ce qui est certain, c’est que les dires de la FNAIM ne sont plus parole d’Evangile.
Les promoteurs se livrent à une parodie d’hystérie collective, « vite, vite achetons – cette corde au cou – alors que le marché plonge déjà ». Elle a laissé bouche bée plus d’un téléspectateur, et nous a fait bondir au plafond (pas celui de l’audimat). Il faut reconnaître qu’une telle course à l’anti-trésor en perte de vitesse est hautement suspecte. Les promoteurs, quand il s’agit de gros sous, ne lésinent pas sur les moyens, et ils en ont ! France2 aurait tout de même pu mener l’enquête.
Le Figaro publie « Immobilier : la pierre après le boom », Le Monde ‘La fête est finie, ou encore « La location est plus rentable à court terme ».
Et Capital s’intéresse à cotation-immobilière et son inquiétant cortège de biens morts. Les acheteurs jubilent, et les professionnels tremblent de concert avec les vendeurs les plus récents. Quelle atterrissage violent, quelle redescente sur terre après des années d’enrichissement facile et de plus value garantie sans lever le doigt de la souris.
Des milliards transitent ou se nichent dans la pierre chaque année, des centaines de milliers de Français sont placés – à cause de leur crédit ou de leur loyer irréaliste – en difficulté, mais personne n’a (pas voulu) développé (er) un simple petit outil, un logiciel de rien du tout, pour dire la vérité aux Français. Il a fallu qu’un petit grand génie de l’informatique s’intéresse à la pierre, et qu’avec son outil, il donne un coup de pierre dans la fourmillière.
Les Français, à qui on fait acheter une maison comme un animal dans un sac ficelé, et ceci depuis des lustres, sans qu’ils puissent savoir comment évolue le marché dans leur commune, autrement qu’à coups de slogans pulicitaires, « zone en pleine expension », « j’ai d’autres clients sur le coup », peuvent, soulagés, suivre enfin la tendance générale du marché.
L’un des événements marquants de ce mois d’octobre, est la création de « jeudi-noir », un mouvement neutre et porteur d’espoir. Des jeunes, créatifs et drôles, crient leur révolte ! avec le sourire et un verre de champagne dans une main et la caméra dans l’autre. La grande classe. La France créative et élégante qui a fait l’envie du monde entier à un moment.
Ce « savoir-vivre », allié au « savoir-dire avec le sourire » (Cioran n’avait-il pas écrit dans ses « Syllogismes de l’amertume » que « la France savait souffrir gentimment » ?), nous prouve que cette France là n’est pas morte, elle ne s’est pas brûlée les ailes dans la flambée de l’immobilier, mais elle est fatiguée, lasse d’attendre jusqu’à ce que l’heure d’être désignée « génération perdue » sonne pour elle. La trentaine est si vite arrivée !
En Ile-de-France, les jeudis seront désormais noirs. Noirs pour ceux qui ne veulent pas se pencher sur la détresse des jeunes, mais aussi sur celle de leur aînés qui ne peuvent pas agrandir leur famille faute de place, alors que l’horloge biologique a déjà rendu son verdict implacable. Noirs pour ceux qui continuent de spéculer et d’empocher des plus values mirobolantes… en paix. Mais leur conscience sera désormais teitée par les ballons noirs, de cette jeunesse à l’humour inépuisable, mais usée par l’immobilisme de ceux qui savent, et qui pourraient, qui auraient du, ébranler cette pierre qui ne veut pas calmer ces ardeurs mercantiles.
Conclusion : nous savons que la situation de l’immobilier ne pourra pas perdurer, mais nous sommes conscients du désarroi dans lequel le lecteur peut être plongé. Cette incertitude est typique de la phase plateau ou encore du début du retournement. Tous les indicateurs ont viré au rouge, mais la ruche ne transmet l’information qu’imparfaitement, avec le parasitage euphoriques des affaires juteuses passées et des plue-values inespérées.
Les réductions d’impôts souvent illusoires font frémir de colère les propriétaires Robien floués. Pourtant, elles étaient trop belles pour être vraies. Quelqu’un va devoir payer, forcément.
Mais ne crions pas victoire trop vite, les Français continuent à être dépouillés et placés dans des situations financières de plus en plus délicates. Et les risques de cette folle bulle immobilière sont savamment reportés sur eux, par les banques, qui profitent de la manne mais qui ne veulent pas être le dindon de la farce sacrifié sur l’autel du profit. En effet, leur « générosité » est à double tranchant. Mais pour les trois quarts des nouveaux endettés, les dés sont pipés et les banques ont en partie contourné le risque, à cause des taux variables.
Les banques ne seront pas, dans l’ensemble, le peu envié dernier réceptacle de cette patate chaude, qui a été si nourrissante et si savoureuse depuis 1998.Tout ceux qui ont pu en attraper un bout, n’ont pas dit non. Une vieille romaine m’avait dit : « Nous avons vendu, nous nous sommes facilement remplis les poches, et au-dessus de nos espérences les plus folles. C’est peu moral, mais nous voulions en profiter nous aussi ».
les liens arrivent
Depuis ma decouverte de ce blog, j’ai commencé a relever de facon systematique (date, ref, surface, prix)les annonces FNAIM des appartements que je serais susceptible d’acheter dans ma ville, et depuis je vois effectivement une hausse du nombre d’offres et une diminution du prix moyen au m2…
Bravo pour tes articles Marie et longue vie au blog!
A noter que la courbe nationale à la baisse ne se vérifie pas partout… Dans le 92 où je regarde, c’est pas vraiment ça :/
Tour de vis prévisible de la BCE sur les taux en décembre
Excellent
Jambon
🙂
« Dans le 92 où je regarde, c’est pas vraiment ça :/ »
je suis le 92 de près, et dans bcp d’endroits ça stagne mais ne baisse pas encore, un peu comme à Paris
Cdlmt, Marie
Désolée pour le manque de liens, mais j’ai une de famille aussi (et des visiteurs).
J’ai écrit ce texte hier en forêt, je l’ai tapé la nuit, mais je n’ai pas l’occasion de passer du tps devant un ordi pour coller les qqs dizaines de liens, or c’est aussi le but d’une synthèse.
Bravo à Julien de jeudi-noir, à qui je dédicace cet article.
France: la demande de logements neufs baisse sensiblement
LExpansion.com
Bonjour Guy,
Merci pour cet envoi.
Votre article a été un grand succès.
Je ne crois pas avoir cité cet article d’Expansion, mais en ce moment les choses s’accèlèrent tellement vite et il y a tellement d’écrits et d’interventions qu’il faudrait que je rennonce à dormir pour être à jour !
L’abondance de biens ne nuit pas 🙂
donc, il vaut mieux poster 4 fois
Très cordialempent, Marie
je suis dans le 92 ( colombes), et je peux vous assure qu’on voit aujourd’hui des annonces inimaginables il y a 6 mois.
Je regarde les prix des « petites maisons ». Il y a 6 mois, pour 250000 euros on avait une cabane (je ne rigole pas). Aujourd’hui, on peut avoir une vraie petite maison (encore trop petite pour moi, faut pas déconner, mais quelque chose de nettement mieux que ce qu’on avait il y a quelques mois)
Bonjour Gandalf,
J’ai vu hier une maison dans ma commune à 3X0.000 et une autre de 200 m² à louer pour 1.400