Christian Lacroix digère très mal son redressement judiciaire

 En avril 2009, le JDD évoquait ainsi un « choc culturel entre le monde de la distribution et la vision très artistique et haute couture que Christian Lacroix a de son métier ».

« Voir son nom accolé au mot de cessation de paiement, ce sont des choses qui me font mal. La peine est là, après il y a la colère », a-t-il dit. Quant à un éventuel émoi concernant les salariés …

Depuis 2005, « je n’ai jamais eu les interlocuteurs dignes de ce nom qui puissent porter mon travail et le promouvoir », a accusé le couturier, « on a toujours hérité des seconds couteaux ».

Rappelons que Christian Lacroix avait créé la maison de couture qui porte son nom en 1987, avec l’appui du célèbre groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault. Mais en 2005, le groupe LVMH cédait la seule griffe de son portefeuille qu’il a créée et non achetée – à la différence de Givenchy ou Celine – en raison de ses mauvais résultats chroniques. Un désaccord sur la stratégie de développement de la maison était apparu dès cette époque entre le couturier et la maison-mère d’alors. Le groupe américain Falic, spécialisé dans le duty-free en avait fait l’acquisition.

Mardi, la griffe a été placée en redressement judiciaire par le Tribunal de commerce de Paris, décision assortié d’une période d’observation de six mois , avec nomination d’un administrateur judiciaire.

Après son rachat à LVMH, la société a entrepris un « plan ambitieux et à long terme de repositionnement de la marque sur le marché du prêt-à-porter de luxe », précise un communiqué. Mais cette stratégie « malheureusement, a subi de plein fouet les conséquences de la crise financière mondiale, qui touche de manière significative le domaine du luxe », poursuit l’entreprise.

Loin de lâcher prise, le couturier a toutefois indiqué qu’il ferait tout pour avoir une collection.Pendant ces six mois, « je vais essayer de prouver que l’on peut peut-être faire un prêt-à-porter de très grand luxe », a-t-il ajouté.

L’an dernier, l’entreprise qui emploie 125 personnes, a enregistré 10 millions d’euros de perte pour un chiffre d’affaires de 30 millions. La collection automne-hiver 2009/2010, présentée en mars, a vu les commandes chuter de 35%.

Selon Christian Lacroix, une telle situation s’explique notamment par le fait que depuis deux ans, aucun fournisseur n’est payé. Selon Le Figaro, le couturier a perdu 10 millions d’euros en 2008 pour un chiffre d’affaires de 30 millions.

Sources : AFP, Reuters, Le Figaro, La Tribune