L’autorité européenne de supervision des assurances (EIOPA) a annoncé le lancement mardi de nouveaux tests de résistance des assureurs. Objectif : évaluer leur capacité à faire face à une période prolongée de taux d’intérêt bas.
Les assureurs ont jusqu’au 15 juillet pour mener ces tests, lesquels « se concentrent sur deux risques majeurs de marché : un environnement de taux durablement bas et le scénario dit de double-hit », consistant en un choc simultané sur les taux d’intérêt et les valeurs d’actifs.
Rappelons que cette autorité avait déjà mené des tests de résistance auprès des assureurs européens en 2014. Elle souhaite désormais y inclure davantage d’établissements de petite et moyenne taille. C’est dans ce sens, que le périmètre a été élargi aux acteurs représentant « 75% des parts de marché dans chaque pays en termes de provisions techniques brutes sur le segment de l’assurance-vie », contre 50% en 2014.
Les résultats de ces tests seront dévoilés en décembre, mais la liste exacte des assureurs ayant participé ne sera pas communiquée.
Le président de l’EIOPA, Gabriel Bernardino, s’est dit pour sa part « confiant dans le fait que les résultats de la simulation de ces chocs fourniront une image haute résolution du secteur européen de l’assurance et de ses principales vulnérabilités ».
Tout comme le sont les banques, le secteur de l’assurance est mis sous pression à l’heure actuelle, fragilisé par des taux d’intérêts très bas en Europe. Un contexte qui rend de plus en plus complexe le rendement des placements de leurs clients.
Ainsi, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau vient une nouvelle fois de mettre en garde les assureurs tentés de servir des taux de rendement trop élevés pour les fonds en euros des contrats d’assurance-vie.
« La persistance de taux d’intérêt très bas affecte la rentabilité des banques et des assureurs et pourrait conduire certains d’entre eux à une prise de risque accrue », a-t-il répété ce lundi. Soulignant que « face à ce risque, l’ACPR (l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) suit tout particulièrement les modèles les plus exposés».
«En l’absence de mesures adaptées prises avec une anticipation suffisante, les taux bas deviendront, à moyen et long terme, une menace pour la rentabilité et la solvabilité du marché. Et feront peser sur les assureurs des risques qu’ils auront de plus en plus de difficultés à assumer», a de son côté averti Bernard Delas, le vice-président de l’ACPR.
«Les taux bas agissent comme un poison dont les effets sont inéluctables même s’ils n’apparaissent que lentement», a-t-il parallèlement prévenu, ajoutant que «le marché doit impérativement continuer de s’adapter en faisant évoluer son modèle économique et en constituant les réserves dont il pourrait avoir besoin demain».
Si depuis quelques années, les autorités de contrôle du secteur demandent aux assureurs de conserver une partie de la rémunération des fonds en euros en vue de faire face à d’éventuels jours plus sombres, certains rechignent encore à aller dans ce sens.
Si, certes, le rendement des fonds en euros baisse chaque année (2,3% en moyenne en 2015), cette diminution ne semble pas être suffisante dans le contexte actuel du secteur de l’assurance-vie.
En effet, les experts estiment que si le taux de l’OAT (Obligations Assimilables du Trésor) à 10 ans se maintient à 0,5 % pendant plusieurs années, les assureurs devront investir l’épargne versée tous les mois par les assurés ainsi que les obligations à fort rendement arrivant progressivement à échéance sur des titres très faiblement rémunérés. Faisant fondre de facto le rendement des fonds en euros. En vue de se prémunir contre un tel danger, certains assureurs refusent d’ores et déjà les versements importants sur les fonds en euros.
L’autre risque potentiel pourrait venir d’une remontée forte et rapide des taux d’intérêt. Les épargnants pourraient alors vouloir quitter massivement leurs contrats, estimant le rendement de ces derniers décevants.
A noter enfin qu’en avril 2015, suivant l’exemple d’autres pays de la zone euro, la France a placé pour la première fois des obligations assimilables du Trésor (OAT) à cinq ans à un taux négatif, et ce, pour un montant de 8 milliards d’euros arrivant à échéance en février 2018, en novembre 2019 et en mai 2020.
Sources : AFP, EIOPA, Banque de France, ACPR
Elisabeth Studer – 24 mai 2016 – www.leblogfinance.com
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Bravo pour ce point de vue !! En verrouillant assurances et banques et finalement systèmes de réassurance on va trouver les limites.
Et on pourra mettre des noms et réutiliser la grande salle de Nurnberg
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