Brésil /crash du jet du candidat socialiste à la présidentielle  : bras de fer électoral sur fonds d’interrogation

Etrange tout de même … L’armée de l’air brésilienne (FAB) vient d’indiquer que les enregistrements de voix de la boîte noire du jet privé qui s’est écrasé mercredi avec le candidat socialiste à la présidence du Brésil, Eduardo Campos, ne correspondent pas à son dernier vol.

Elément d’une importance d’autant plus grande que selon Courrier International, la mort d’Eduardo Campos a profondément touché la classe politique brésilienne, laquelle le considérait comme le « troisième homme » de ces élections.

Autre point notable : Marina Silva, qui devrait lui succéder, semble un adversaire beaucoup plus inquiétant pour Dilma Rousseff, l’actuelle présidente, candidate à sa réélection.

« Les deux heures d’enregistrement audio, capacité maximum d’enregistrement de l’équipement, obtenues et validées par les experts, ne correspondent pas au vol réalisé le mercredi 13 août », a ainsi indiqué la FAB, en charge de l’enquête sur l’accident, dans un communiqué.
Souhaitant très certainement calmer le jeu et ne pas faire de vague sans preuves … l’armée de l’air brésilienne a tenu toutefois à préciser que les enregistrements des voix n’étaient pas un élément « indispensable » pour déterminer les causes de l’accident.

« Les raisons pour lesquelles l’enregistrement obtenu ne correspond pas au vol seront étudiées pendant l’enquête », ajoute par ailleurs la FAB.
Rappelons que le jet Cessna 560XL d’Eduardo Campos, 49 ans, candidat à la présidentielle brésilienne et leader du Parti socialiste brésilien (PSB), qui avait décollé de l’aéroport Santos-Dumont de Rio de Janeiro, s’est écrasé mercredi aux abords de la métropole brésilienne São Paulo, dans la ville côtière de Santos.

Une enquête a été lancée sur les circonstances de l’accident. La presse brésilienne a relevé pour sa part les déclarations du pilote du jet privé d’Eduardo Campos sur Facebook. Le 8 août dernier, Marcos Martins a, selon O Globo, déclaré être « épuisé, et voler, voler, voler. Et demain, et toujours plus. » L’avion semblait en règle et totalisait à peine 350 heures de vol. Selon le journal brésilien Correio, les « habitants ont décrit l’avion de Campos comme une boule de feu avant qu’il ne s’écrase ».

Le candidat, crédité de 9 % des intentions de vote, était considéré comme le « troisième homme » de cette élection, derrière Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (38 %), et Aécio Neves, du Parti social-démocrate brésilien (23 %). Ce dernier figurait en troisième position dans les intentions de vote pour la présidentielle du 5 octobre prochain. Avec une longue carrière politique derrière lui, le candidat socialiste se présentait comme une alternative au Parti des travailleurs (PT, au pouvoir) et au Parti de la sociale-démocratie (PSDB, opposition), qui gouvernent le pays depuis 20 ans.

Cité par O Globo, l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva a déclaré que le pays perdait « un homme politique d’une rare et extraordinaire qualité ». Ajoutant que « tout au long de sa vie, Eduardo a(vait) lutté pour faire du Brésil un pays plus juste et plus digne. »

De l’avis de la presse brésilienne, le décès du leader du PSB remet en cause l’équilibre établi jusque là lors de la campagne. Pour la Folha de São Paulo, « la mort d’Eduardo Campos change la donne pour la succession présidentielle ».

Désormais, Eduardo Campos devrait être remplacé dans la course à la présidence par la candidate à la vice-présidence de son parti, Marina Silva. Courrier International précise par ailleurs que la nouvelle numéro un du PSB avait été invitée à monter dans l’avion par Eduardo Campos, mais avait finalement décidé de prendre un avion de ligne.

Alors que Campos incarnait une voie intermédiaire entre le PT et le PSDB, Marina Silva, connue pour son combat pour la préservation de la forêt amazonienne, incarne un personnage plus tranché.  La future candidate est née dans une famille qui récoltait du latex en Amazonie. Elle fut une camarade de lutte du défenseur de l’Amazonie, Chico Mendes, abattu en 1988.

Précisons enfin qu’après avoir vu sa candidature via son parti «Red Sustentabilidade» annulée par le « Tribunal électoral supérieur », instance brésilienne vérifiant la validité des candidatures, Marina Silva a décidé, à la surprise générale, de rallier Eduardo Campos.

«Marina Silva est très charismatique: on dirait Lula en jupe et elle attire la sympathie de plusieurs secteurs de la société», affirme quant à lui Lucio Renno, politologue de l’Université de Brasilia. «L’élection offre plus de suspense si Silva est candidate. Cela augmente la possibilité d’un second tour», prévoit pour sa part Ricardo Ribeiro, analyste de MCM Consultores.

L’ancien président Lula a estimé jeudi que ce n’était pas le moment de «parler de politique», tout en ajoutant qu’«évidemment la donne politique a changé» avec la mort de M. Campos.

Selon le directeur d’un institut de sondage brésilien, si Marina Silva assume la candidature à la présidence pour le PSB, elle n’aura besoin que de dix jours pour dépasser les intentions de vote d’Eduardo Campos. »

Sources : Courrier International, lapresse.ca

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 16 août 2014

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