Décidément la Grèce n’arrive pas à fournir des données fiables concernant le montant de son déficit.
Alors qu’Athènes est soupçonnée d’avoir quelque peu embelli sa situation lors de son « examen de passage » lui permettant de rentrer dans l’Union européenne – l’objectif alors étant de berner Bruxelles – désormais ce sont ses propres citoyens que la Grèce serait tentée de duper, si l’on en croit les rumeurs.
Le directeur de l’Institut national de la statistique en Grèce (Elstat) et deux cadres de l’établissement ont fait l’objet mardi de l’ouverture d’une enquête judiciaire par le parquet d’Athènes. Les griefs qui leur sont reprochés : ils sont soupçonnés d’avoir gonflé artificiellement les chiffres du déficit public de la Grèce pour l’année 2009.
Le cas échéant, si l’on en croit le quotidien britannique Financial Times, l’opération aurait alors permis d’afficher un déficit record au sein de la zone euro, en vue de justifier en interne une cure d’austérité, Athènes espérant alors en reporter la « responsabilité » sur les membres de la troïka (Union européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International).
En tout état de cause, le patron d’Elstat, Andreas Georgiou, ancien statiticien au Fonds monétaire international (FMI), a d’ores et déjà rejeté ces accusations. Mieux encore, il a reçu le soutien de l’agence des statistiques de l’Union européenne (Eurostat), laquelle met en avant le fait que les calculs ont été faits selon les normes comptables européennes.
Rappelons qu’en 2010, Andreas Georgiou avait été nommé à la tête d’Elstat en vue de redonner de la crédibilité à l’Institut.
Précisons également que les comptes publics de la Grèce pour l’année 2009 avaient été validés par Eurostat, l’institut européen des statistiques, basé à Luxembourg.
Ce dernier avait même attesté de la régularité absolue des comptes grecs présenté par Elstat. Son patron ayant même garanti que le calcul du déficit public avait été effectué en toute indépendance vis-à-vis du gouvernement grec de l’époque.
L’accusation s’appuie sur le témoignage d’une ancienne employée de l’institut, Zoe Georganta, professeur grecque de statistiques, licenciée en 2011 par l’ancien ministre des finances, Evangelos Vénizelos. Selon la Tribune, cette dernière affirme que M. Georgiou a « insisté pour faire entrer dans le déficit public de l’État les dettes des entreprises publiques de la péninsule hellénique ».
Elle considère par ailleurs que ce petit arrangement avec les chiffres, le déficit public de la Grèce pour l’année 2009 n’aurait pas dépassé 12,5 %, au lieu des 15,4 % affichés.
En février 2010, alors que certaines rumeurs laissent entendre que des banques américaines – et non des moindres – pourraient être derrière les spéculations visant la Grèce, le New York Times affirmait de son côté que des banques de Wall Street – telles que Goldman Sachs – auraient usé d’instruments financiers complexes en vue « d’aider » Athènes à dissimuler l’ampleur de sa dette.
Des montages, précise le journal, de même ordre que ceux qui ont été à l’origine de la crise financière outre-Atlantique.
Selon le journal, qui cite « des personnes au courant de la transaction », un montage élaboré par Goldman Sachs aurait ainsi permis en 2001 d’aider le gouvernement grec à emprunter des milliards. Un « soutien » qui serait intervenu quelques temps après l’adhésion d’Athènes à l’Union monétaire européenne.
Sous la forme d’une transaction sur devises, et non d’un prêt, l’opération aurait pu ainsi être tenue éloignée des yeux du public. Une méthode qui en diminuant de facto le montant officiel des emprunts contractés par la Grèce aurait également trompé les régulateurs et les investisseurs sur la réalité de l’endettement du pays.
L’action de la banque américaine aurait donc permis à Athènes de respecter les règles édictées par Bruxelles en matière de déficit …. tout en continuant de vivre au-dessus de ses moyens.
Goldman Sachs n’ayant rien d’un philanthrope , la banque aurait rémunéré ses « services » à hauteur de quelque 300 millions de dollars. C’est en tout cas ce qu’affirme le NYT citant « plusieurs banquiers au courant de la transaction ». Moyennant le versement d’argent frais, le gouvernement grec aurait gentiment accepté de rétrocéder certains de ses revenus à venir, comme des taxes d’aéroports ou des recettes du loto.
Le journal précise encore que début novembre 2009, une équipe de Goldman Sachs, dirigée par son président Gary Cohn, se serait rendue à Athènes en vue de lui proposer un autre montage financier, une sorte de méthode « miracle » pour s’affranchir à moyen terme du poids de la dette sociale. Mais le mécanisme n’a toutefois pas été retenu.
Plusieurs experts avaient alors confirmé une large spéculation, oeuvre en grande majorité des hedge funds, fonds de gestion spéculatifs. Certains affirmant même que des banques US pourraient tirer les ficelles, histoire de plomber la zone euro. ….. et de pouvoir proposer à terme à la Grèce des emprunts à des taux prohibitifs. Parmi elles, Goldman Sachs ?
Sources : Reuters, AFP, Bloglibé, La Tribune, Reuters, Le Monde, Financial Times
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 23 janvier 2013
Vers une nouvelle restructuration de la dette grecque ?
Le ministre grec des Finances considère, dans une interview parue ce samedi en Allemagne, qu’une seconde restructuration de la dette de son pays est possible si Athènes atteint les objectifs d’assainissement des finances publiques qui ont été fixés.
« Si la Grèce arrive à générer un excédent (budgétaire primaire, soit avant paiement de la dette), les Etats européens réfléchiront à de nouvelles mesures pour réduire la dette grecque » considère le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, dans une interview publiée ce samedi par le quotidien allemand Bild. Il pense que si Athènes atteint ses objectifs d’assainissement des finances publiques, une seconde restructuration de la dette de son pays est envisageable.
Une dette qui « n est pas viable »
Le Fonds monétaire international (FMI), qui fait partie de la troïka représentants les créanciers de la Grèce avec l’Union européenne et la Banque centrale européenne, a d’ores et déjà estimé que la dette de la Grèce « n’est pas viable », et qu’un effort supplémentaire était nécessaire.
Poul Thomsen, expert du FMI, avait jugé, mi-janvier, la dette grecque « toujours trop élevée » malgré les restructurations déjà effectuées, et estimé qu’elle risquait de le rester en l’absence de tout « allègement » ou d’une aide « de long terme » venant de l’Union Européenne. Au sein de l’Union Européenne, le débat n’est pas encore mûr. L’Allemagne notamment ne veut pas entendre parler d’une telle restructuration.
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130216trib000749199/vers-une-nouvelle-restructuration-de-la-dette-grecque-.html
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