EADS et BAE tentent de calmer l’appétit de l’Allemagne

Alors que la presse allemande laisse entendre que le gouvernement de Berlin souhaite entrer au capital de la société issue de la fusion entre EADS et BAE, l’objectif étant d’y détenir la même part que la France – déjà présente au capital d’EADS – en vue de préserver son influence, les deux groupes ont souligné dimanche que les intérêts allemands seront préservés sans que l’Allemagne ait besoin d’entrer au capital du futur numéro un mondial du secteur.

Dans une tribune libre publiée sur le site du Monde, Tom Enders, le patron d’EADS, et Ian King, son homologue dans le groupe britannique de défense laissent entendre qu’une telle opération serait extrêmement coûteuse et politiquement difficile dans un pays où l’Etat n’a pas pour habitude d’entrer au capital des industries.

Proposant parallèlement de remplacer les accords avec les actionnaires, qui donnent actuellement à Daimler, Lagardère et l’Etat français un contrôle conjoint d’EADS », pour créer « une entreprise dont les structures de gouvernance (…) conféreraient les même droits à tous les actionnaires, quelle que soit leur taille ».

Rappelons que le projet de fusion, dévoilé le 12 septembre dernier, prévoit de donner une « action spéciale » à la Grande-Bretagne, à l’Allemagne et à la France, l’objectif affiché étant de permettre à chaque membre du trio de rendre impossible toute éventuelle participation d’un actionnaire au-delà de 15 %.

Selon le quotidien allemand Die Welt, du vendredi 28 septembre, citant des sources gouvernementales, « le gouvernement allemand demande, entre autres, que l’équilibre des pouvoirs entre la France et l’Allemagne dans le nouvel ensemble soit garanti.

Cette condition à un aval allemand à la fusion figure dans un « catalogue d’exigences » sur lequel la chancellerie et le ministère de l’économie se sont entendus et qui a été transmis au gouvernement français, précise par ailleurs le journal.

Berlin semble insister par ailleurs pour que les participations allemande et française à toute nouvelle entité formée par la fusion EADS et BAE soient identiques, quel qu’en soit le niveau.
Le Financial Times Deutschland de vendredi a annoncé de son côté que le gouvernement français souhaiterait détenir – conjointement avec l’Allemagne – une minorité de blocage au sein du nouveau groupe, ce qui correspond à plus de 25 % du capital.

Stratégie qui s’avère incompatible avec celles d’EADS, de BAE Systems ou du gouvernement britannique, lesquels affichent fermement leur position : que l’actionnariat public reste inférieur à 10 % en cas de fusion.

Sources : AFP, Reuters, Le Monde