Areva : quand Baroin hausse le ton

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Désolée pour ceux qui voient François Baroin plutôt dans un rôle de gendre idéal ou de premier de la classe. Le ministre de l’Economie sait aussi se fâcher si le besoin s’en fait sentir.

L’objet de son courroux ? le géant nucléaire français dont l’état financier laisse quelque peu à désirer semble-t-il.

Dans un courrier daté d’août et rendu public lundi par le site internet Owni, François Baroin aurait ainis indiqué qu’Areva devait s’efforcer d’atteindre une marge opérationnelle à deux chiffres dans les meilleurs délais, et au plus tard en 2015.

« Alors que les incertitudes sur le renouveau du nucléaire devraient peser sur le cash flow 2011 et 2012, il apparaît plus essentiel encore d’accélérer les efforts de redressement de la rentabilité

« , écrit ainsi le ministre dans une lettre datée du 8 août adressée au président du conseil de surveillance du groupe public, Jean-Cyril Spinetta. 

Rappelons qu’avant la catastrophe de Fukushima survenue au Japon, le groupe visait encore un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros pour 2012, comptant parallèlement sur une marge opérationnelle à deux chiffres et un free cash opérationnel nettement positif.

Mais désormais, il lui faut déchanter, le groupe  ayant même suspendu ces objectifs sous fond de remise en cause de la filière nucléaire par de nombreuses puissances internationales.

De nouveaux objectifs pourraient être publiés dans le cadre du plan stratégique qu’Areva devrait dévoiler mi-décembre.

« Cette lettre date de plusieurs mois. Elle fait partie des échanges normaux entre l’Etat actionnaire à 87% d’Areva et le président de son conseil de surveillance

« , a déclaré en guise de première réaction une porte-parole d’Areva.

« Au début de chaque nouveau mandat, une lettre est envoyée à la direction des entreprises au sein de laquelle l’Etat est actionnaire« , indique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Economie. « C’est une question de bonne gouvernance » … tente-t-on de nous faire croire.

Rappelons que mi-octobre, Ulrich Gräber, patron d’Areva en Allemagne a démissionné. Raisons invoquées : la réorganisation prévue des activités du groupe nucléaire outre-Rhin. Un départ qui intervient également alors que l’Allemagne vient de mettre une croix sur le développement de l’énergie nucléaire.

 « Du fait du changement des paramètres de politiques énergétiques en Allemagne, je considère qu’il est exceptionnellement important que les prochaines années soient caractérisées par la continuité et la stabilité au sein du conseil de direction » de la filiale allemande d’Areva,  avait indiqué le dirigeant dans un message adressé aux salariés.

Parallèlement, le journal français « L’Expansion » laissait quant à lui entendre que le groupe s’apprêtait à supprimer 800 emplois en Allemagne  dans le combustible nucléaire tout en envisageant fermer une usine de 150 personnes en Belgique.

Ces mesures seraient prises dans le cadre d’un vaste plan d’action stratégique prévu pour décembre, décidé par le nouveau patron d’Areva Luc Oursel à la suite de la catastrophe de Fukushima au Japon.

 Suite à la divulgation d’informations sur ces projets de suppressions d’emplois en Belgique et en Allemagne, la direction d’Areva a convoqué en urgence les syndicats au niveau européen.

 Un comité de groupe européen consacré à « la présentation des évolutions des activités de fabrication de combustible du groupe Areva Europe » a été convoqué par la direction.

Sources : Owni, AFP, Reuters, L’Expansion, Le Parisien

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